Ambassade Krypto-Arkilienne

Et ils se rappelleront de moi, en disant « Lui n’a pas plié ».

Issue d’une prière plusieurs fois centenaire, cette maxime trainait beaucoup dans la tête d’Amian. Elle trainait beaucoup, et d’autant plus depuis que monsieur Benta, sage député cyborg, l’avait invité à une petite réunion informelle chez lui.
Il y connaissait quelques têtes, dont l’aimable et insatiable amateur de culture Monsieur Hu. Il y avait aussi le président de l’Assemblée, et diverses autres têtes d’affiches de la plupart des mouvements intellectuels de la nation.
Amian n’avait jamais caché son dédain pour la chose cybernétique, science ignoble s’il était des sciences nobles, il ne pouvait que concevoir un asservissement factuel, summum d’une société où la dictature d’une performance matérielle était devenue reine. Il n’avait jamais caché non plus son amour et son profond respect pour le pire des systèmes, la démocratie.
Au cours de cette soirée, la plupart des participants étaient des cyborgs, voir même la totalité, mais certains possédaient des accessoires qui n’étaient pas décelable par une autre vue que celle appelée par Socrate. Et cette vue n’est pas à proprement parler, celle dont on se vante de suivre les dictées dans l’ombre.
Comme des pères, ces gens parlèrent au jeune député, ils lui expliquèrent ce que peu savaient, ils lui expliquèrent ce qu’était la Komodo Corporation, ils lui expliquèrent au final, ce qu’était Aunadar, et ce que deviendrait Aunadar. Une grande puissance technologique pour sur, un acteur incontournable qu’il n’était pas encore aujourd’hui. Solaria n’avait qu’à bien se tenir, c’est en tout cas ce qui pouvait ressortir de cette conversation. Amian en ressortit que l’humanité, et les valeurs y étant attachées, n’avaient qu’à bien se tenir aussi. Aussi, avec l’accord de monsieur Benta, de Suna, qui s’était révélé à la fin de la leçon, il annonça qu’il quitterait Aunadar.

Certains à une époque ont pris le maquis, laissant leur vie, leur âme, et parfois pire, leur tranquillité, pour en défendre une, abstraite , qu’ils voyaient inconsciemment, par ce mouvement immuable que constitue la pensée humaine, et à travers elle la pensée nationale comme supérieure à toutes les autres. Ces hommes-là risquaient leur vie, ces hommes-là, grands hommes devant l’éternel, petite personne parmi les individus d’alors avaient fait un choix d’avenir, Amian Ae Saster eut à faire le sien.

Il ne risquait rien, on ne menaçait pas sa vie, mais il sentait cet avenir bouché, son monde s’écrouler, son amour pour sa nation vaciller devant cette horreur bicéphale qui venait de naître devant lui, alors que le sol cédait sous les pieds de ses croyances. Alors, comme d’autres avant lui, il embrassa du regard un peuple qu’il aimait profondément, pour un temps espérait il, pour toujours craignait il. Et ce fut du hublot d’un vaisseau qu’il observa sa ville de toujours, s’éloigner de lui, puis sa région, puis son pays, sa vie. La planète, avec ces continents si semblables s’effaça bientôt, et il put se retourner, et regarder ceux, celles qui étaient partis avec lui.
Carla et plus surprenant, Ana Hitomi…

Ampère est Terminée, place à Coulomb.