Palais présientiel - Hôtel lambert

Le Palais présidentiel skeïbien est un ancien hôtel particulier ayant appartenu au Clan Jastrzębiec que la République a récupéré, après l'expropriation d'une parties des biens de la Famille Royale. Cet hôtel a été construit, le lendemain de l'indépendance de Mazaharpet, par une riche famille terran ayant des intérêts financiers dans l'ancienne République de Tauranne que le Royaume de Skeïb annexa, dans la décennie suivante, après une guerre de trois ans et fonda la Principauté d'Hitimili. Après l'annexion, cet hôtel sera, à la fois, le bâtiment de l'Intendance Royale, avant d'être, définitivement, le domicile personnel du neveu d'Ivan, le Baron Lorentz Jastrzębiec-Marzemski et second Roi de Skeïb dont l'un des salons portera son illustre nom.

Il faudra attendre, Juillet 2496 pour que la République Royale décide d'y installer les bureaux de la Présidence, alors située dans l'un des bâtiment du Parlement Royal (Aile Schumann). L'ensemble s'articule autour d'une cour intérieure, dont l'entrée est gardée par des membres de la Milice d'Hitimili et de l'Armée Royale. Toutes les ailes sont occupés par les services présidentielles, mais aussi l'intendance, les services de sécurité, etc. Derrière, se trouve un immense jardin où la plupart des Présidents des Deux Chambres organisent des réceptions ou des dîners intimes avec leurs proches collaborateurs et dont la beauté serait comparable à celle du jardin du Palais Royal. Cela peut-être vrai car le jardinier qui s'occupa de la conception des jardins royaux, sera le même qui s'occupera de l'Hôtel Lambert, nom du premier propriétaire.

Dans l'une des pièces annexes du bureau du Président Solganov, une réunion d'importance s'y tenait avec plusieurs responsables de l'Armée Royale et quelques hommes du Parlement, notamment le Vice-Président Vladimir Ysnov. Quelques verres furent servi aux personnes présentes pour supporter les importantes chaleurs qui touchaient la partie occidentale de Skeïb. La météo annonçait une semaine caniculaire qui allait sûrement dégénérer en un orage violent. Dans son fauteuil personnel qu'il avait ramené de son domicile et qui décriait un peu avec le décoration Néo-Katrina de la pièce, Dmitri écouta l'exposé du Contre-Amiral Achille Ludwiczak, remplaçant de Belkanberg à la tête des Forces Spatiales Skeïbiennes qui s'occupait, chacun le savait, aux premières négociations sur Erikea. Dmitri n'y croyait pas ses oreilles et il trouvait cette "opération" trop prétentieuse pour des skeïbiens qui avaient déjà un ennemi naturel à gérer. Et qui serait sûrement plus difficile à gérer avec la perte en puissance de son plus ancien allié. D'ailleurs, il avait l'intention de demander une augmentation du budget consacré à la ligne Ivan, notamment dans l'accélération de cinq ans du programme de modernisation des points fortifiés frontaliers. Il savait que les socio-démocrates n'allaient pas apprécier la chose, mais ils n'ont qu'une pouvoir d'opposition limité avec la coalition des Jeunes Loups et des chrétiens-démocrates. Il se frotta le menton avant de prendre la parole:

- Et vous voulez que je défends ce projet devant le Parlement? Vous n'y pensez pas, Contre-Amiral Ludwiczak. Je n'ai pas envie d'avoir les foudres de l'Empire, ni d'Alttoria sur un projet aussi... Hasardeux et ceux malgré le soutien d'Alganzaar. C'est pas comme cela que nous gagnerons notre indépendance politique et diplomatique sur le reste du Pacte.
- Je suis d'accord avec le Président, Amiral! Rajouta Ysnov.
- Vous devez comprendre que cela est nécessaire pour garantir les acquis du Pacte et pour nous protéger un regain d'activité des pirates sur le secteur de Mazahar. La disparition des deux tiers de la Flotte erikeanne, plus la départ d'une partie de la flotte seranienne du Secteur de la Tempête vers Erik, va permettre aux pirates de regagner de l'assurance, voir de tenter certaines actions contre nos intérêts. De plus, cela pourrait nous servir dans la prochaine redistribution des cartes au sein du Pacte.
- Je préfère que ce genre d'opération soit réalisée dans un environnement multi-national et non uniquement mazaharpiote...
- Je peux comprendre votre scepticisme, Monsieur le Président. Mais vous devez comprendre que Seranon ne fera rien pour arranger notre situation. Le problème erikean, s'il existe encore, n'est plus une priorité...
- Et le problème valien? Interrogea Ysnov.
- Il sera réduit, si nous arrivons à dépasser le tonnage et les prétentions valiennes sur le Système Mazahar.
- C'est-à-dire?
- Tout simplement en développant un empire colonial au delà du système Mazahar. Nous ne pouvons prétendre à l'ensemble des ressources du système, sans empiéter sur les intérêts des algans qui exploitaient le système depuis l'indépendance politique du Système et ceux des valiens qui ont conquis l'Espace avec la fin de la dernière guerre. Pour l'heure, nous n'avons rien... Aucun déboucher pour nos matières premières, à part nos partenaires habituelles, mais ils ont leurs propres limites. De plus, nous pourrons disposer une théatre d'opérations pour aguerrir notre flotte et nos hommes dans le cas d'un nouveau conflit mazaharpiote...
- En clair, vous faites l'hypothèse d'une nouvelle guerre sur Mazaharpet!
- C'est un risque que nous pouvons écarter, malgré les intentions seraniennes de conserver l'appareil diplomatique et militaire du Pacte.
- Je vous remercie, Amiral. J'ai vais étudier la question avec les services concernées. Mais ne vous attendez pas à une réponse dans l'immédiat!
- Merci, Monsieur le Président

Sur ces mots, le Contre-Amiral se leva et salua les différents politiciens présents, avant de repartir par où il était rentré, accompagné par les officiers présents. Quand la porte se referma, Dmitri se leva en direction de la porte fenêtre donnant une vue sur la fontaine du jardin qui ne fonctionnait pas, à cause de la température et du bas niveau de la nappe phréatique. Toujours assis, Ysnov reprit la parole:

- C'est un plan insencé! Surtout si cela est fait aux pieds et à la barbe des seraniens durant les négociations sur Erikea. Nous risquons d'avoir à répondre de nos actes devant l'Empereur, voir même de Son Altesse si cela ne marchait pas comme prévu, Dmitri!
- Il faut dire que l'analyse est plutôt bonne et que les négociations n'iront pas pour nous être avantageux, surtout avec les valiens autour de la table... Nous devons faire quelque chsoe pour éviter qu'un scénario catastrophe puisse arriver pour nos intérêts!
- Tu vas donc donner ton accord à cette entreprise?
- Je vais en discuter, avant, avec d'autres personnes et notamment Son Altesse. Elle est encore le chef de l'Etat jusqu'à ce que Skeïb ne soit pas une République dans le premier sens du terme!
- Je vois... Je pense que le Parlement suivra dans son ensemble, exception pour certains de la Gauche radicale. Tu risque même d'avoir Brody comme supportaire de ce projet, surtout s'il peut obtenir des concessions sur les territoires "annéxées"...
- Il faut bien nourrir la Bête et puis nous devons penser à nous "écarter" un peu de Seranon tant que nous pouvons encore le faire.
- Tu as peut-être raison, Dmitri.
- Je l'espère!

Dans l'immense bureau présidentiel, une réunion restreinte s'y tenait depuis plus d'une heure. Le sujet était la vague d'attentats et de kidnappings qui sévissaient sur Erikea depuis plusieurs jours. Pour le Président et son entourage, cette situation n'était pas favorable à la République Royale et au Commonwealth, malgré les "mesures", si l'on pouvait appeler cela des mesures, prises par les seraniens. A l'annonce de ces "tristes" nouvelles, la République avait augmenté le niveau d'alerte sur Mazaharpet, comme sur Nouvelle-Jérusalem. Au Haut Quartier Général, l'on craignait une réaction erikeanne comparable à la situation qui avait embrassé la Pacte, il y a moins d'un an. Mais ces craintes diminuaient d'heure en heure, avec les rapports seraniens interceptés et les différents communiqués officiels. Ainsi, douze heures après les événements, le niveau d'alerte revient à la normale sur Nouvelle-Jérusalem, mais elle restait maximum sur Mazaharpet où le Commandement Spatiale avait positionné sa deuxième unité lourde, en position, avec des éléments légers skeïbiens, algans et perléens. Depuis, plusieurs réunions interministérielles s'étaient déroulés, dont une, dirigée par la Présidence elle-même. C'était la deuxième de la semaine et le sujet abordé était grave, expliquant la présence du Chef de Haut Quartier Général, le Vice-Commandant de la Spatiale, le Vice-Président des Deux Chambres, du Secrétaire à la Défense et celui des Affaires Extérieures (Affaires étrangères), l'Ambassadeur d'Alganzaar et de Perléo, plus deux officiers supérieurs en charge du GROM et de la Légion Carcaran. Dmitri Solganov présidait les débats, avec l'aide du Vice-Président et d'un secrétaire.

Les discussions avaient bien été entamés, quand Dmitri lança:

[D. Solganov] Quelles sont les options qui se présentent à nous?
[S. Pawlik] Peu, Monsieur le Président... Avec Seranon et la situation sur place, nous avons peu de levier pour agir sur les événements. Mais il faut dire que cette situation ne nous enchante guère. Heuresement que nous n'avons aucune ambassade ou ressortissant dans ce secteur de Pégasus!
[D. Solganov] Et du côté de l'Armée?
[A. Zaczek] Cette situation ne fait que confirmer nos craintes d'une escalade qui pourrait provoquer d'une série d'événements comparables à ceux d'il y a plusieurs mois...
[D. Solganov] Une guerre...
[A. Zaczek] Oui, Monsieur le Président... Une guerre...
[Y. Ysnov] Est-ce que l'on connait les personnes qui agissent et leurs motivations?
[K. Herbürger] Non et c'est cela qui nous inquiète. Nous pouvons déjà évoquer l'hypothèse qu'il ne s'agit pas d'un groupe terroriste "ordinaire". Cela est trop bien organisé et exécuté pour être organiser par des individus lambda... Nous privilégions une possible piste militaire mais nous ignorons leurs motivations exactes. Pour l'heure, ils ne se sont attaqués qu'à des ressortissants seraniens. Aucun organe étatique n'a, encore, été pris pour cible ; ce qui exclut une action "révolutionnaire"...
[D. Solganov] En somme, nous sommes aussi comme les seraniens au niveau de l'information... C'est plutôt rassurant dans un sens. Et côté algan, Monsieur l'Ambassadeur?
[T. Walkers] Les Renseignements de la Marine sont aussi étonnés par l'organisation et la rapidité d'exécution sur une période aussi courte d'assassinats et d'enlèvements. Comme vos services, nous pensons à une action militaire mais nous ignorons si c'est l'oeuvre du gouvernement erikean ou d'une faction "rebelle" et cela nous inquiète plus que vous le croyiez car cela voudrait dire que Seranon n'arrive pas à contrôler la situation malgré ses discours rassurants et son déploiement militaire... De plus, nous pouvons commencer à douter des capacités, comme des motivations, de la nouvelle armée "humaine" d'Erikea.
[D. Solganov] Que propose votre Gouvernement?
[T. Walkers] Nous avons les mains liés jusqu'à l'année prochaine à cause des élections. Le Président a une très faible majorité au Parlement et je doute qu'il autorise un nouveau déploiement, alors que des opérations sont encore en cours dans la Tempête.
[Y. Ysnov] Si la République propose un déploiement militaire à Alganzaar et à Perléo, est-ce que la République pourra nous aider?
[T. Walkers] Je ne peux donner un tel accord, mais nous pouvons peut-être détaché une escadre légère, avec peut-être une bataillon de Fusilliers au complet et une partie des transporteurs lourds de la Flotte...
[Y. Ysnov] Côté perléen?
[I. Kolstov] Peut-être une Division, mais cela sera au Président de décider... Et du côté skeïbien?
[A. Ludwiczak] Une partie de la 2^ème Escadre, dont le Croiseur Warsawa, un bataillon du GROM et une brigade complète de la Légion...
[T. Walkers] Je doute qu'avec un tel dispositif nous puissions mettre de l'ordre sur Erikea...
[Y. Ysnov] L'objectif n'est pas d'y mettre de l'ordre, Monsieur l'ambassadeur, mais de prévenir, c'est-à-dire, être prêt à attaquer le dispositif militaire erikean si la situation l'exige!
[I. Kolstov] Et vous pensez que Seranon acceptera cette idée?
[D. Solganov] Peu probable, Monsieur l'Ambassadeur, mais je doute qu'il puisse continuer à se cacher derrière les discours du Consul Alexander plus longtemps... Cela n'est qu'une question de temps avant que la situation ne dégénère en un maelström qui conduira Mazaharpet et le Pacte vers la destruction!
[T. Walkers] Nous sommes d'accord sur ce point!
[D. Solganov] Nous pouvons espérer votre soutien?
[I. Kolstov] Je communique rapidement votre demande à mon gouvernement.
[T. Walkers] J'en ferai de même!
[D. Solganov] Je vous ne remercie Messieurs. Malgré nos différences, nous savons ce que peuvent faire les erikeans et comment agissent les seraniens devant les situations désespérées!

Sur ces paroles, la réunion se termina. Les représentants d'Alganzaar et de Perléo quittèrent la pièce après avoir serré la main de l'ensemble des participants. Maintenant qu'un premier accord avait été trouvé, il fallait rapidement commencer les préparatifs, voir très rapidement, pour éviter toute fuite et intervention seranien dans le processus. En apparté, le Président s'entretenait avec le Vice-Commandant de la Spatiale et le Maréchal Zaczek sur les détails politiques d'une telle mobilisation.

[D. Solganov] Il vous faudra combien de temps pour mobiliser les troupes nécessaires?
[A. Zaczek] Du côté terrestre... Quelques heures... Je pense que la tâche la plus chronophage sera l'embarquement sur les navires algans avec tout le matériel.
[A. Ludwiczak] Je suis du même avis que le Maréchal Zaczek. Il faudra commencer à positionner nos troupes vers les astroports les plus proches de leurs cantonnements pour faciliter le transport suborbital. Mais il faudra savoir rapidement les moyens que veulent mettre les algans dans cette opération...
[D. Solganov] Nous le serons bien assez tôt, je vous en fais la promesse. Mais je souhaite que les unités mobilisées soient rapidement mises en alerte, avant même l'ordre royal et présidentiel, avec une discrétion sans faille!
[A. Zaczek] Bien sûr, Monsieur le Président.
[D. Solganov] Karl, je souhaite à ce que les Renseignements militaires soient de la partie et demande à Wilhem [Secrétaire aux Affaires Intérieures] de mettre sous surveillance les consulats seraniens, valiens et erikeans sur notre territoire!
[K. Herbürger] Oui Monsieur le Président!
[D. Solganov] Messieurs, vous pouvez disposer!

37 heures s'étaient écoulés depuis la réunion d'urgence. Dans l'un des salons donnant sur l'imposant jardin du Palais Lambert, Dmitri regardait l'obscurité s'étendre petit à petit dans le jardin, à force que l'Etoile Mazahar ne commence à disparaitre du ciel skeïbien. Dans sa main gauche, un verre de Whisky de 20 ans d'âge appartenant aux réserves "spéciales" de la Présidence. Il en était à son deuxième verre, quand Vladimir Ysnov arriva dans la pièce. Sans demander l'avis à son hôte, il s'installa dans l'un des fauteuils se trouvant à proximité de Dmitri et s'y affala immédiatement après. Dmitri ne pu résister à lâcher un rictus d'amusement devant cette scène plutôt "intimiste". Mais Dmitri connaissait Vladimir depuis des années et s'était l'une des habitudes d'être comme cela après une journée "chiante", selon ses propres termes. Il laissa volontairement un blanc de quelques secondes, avant d'ajouter à destination de Vladimir:

[D. Solganov] Comment s'est passée cette séance?
[V. Ysnov] Plutôt bien, si l'on considère que tu n'étais pas présent et que cela n'est pas du goût de certains membres de la Diète...
[D. Solganov] Je ne suis pas le premier à agir de la sorte...
[V. Ysnov] Et pas le dernier, je peux te l'assurer. Mais nous ne sommes pas sous le Gouvernement Wilhem Wilkosky ou de Jan Nowowierski... De plus, cette séance était particulière et la proposition aurait peut-être eu un poids considérable dans son vote!
[D. Solganov] Mais elle a été accepté... Et à une large majorité...
[V. Ysnov] En effet... Mais j'aurai espéré plus...
[D. Solganov] Il ne fallait pas s'attendre à un vote des socialistes, surtout quand l'on considère que ces derniers sont pour un rapprochement diplomatique avec Seranon...
[V. Ysnov] Ouai... Et de ton côté?
[D. Solganov] Nos forces sont prêtes... Les Algans sont encore à déterminer la quantité de matériel qu'ils peuvent fournir, sans mettre en "péril" les opérations dans la Tempête qui sont déjà consommatrices de matériel...
[V. Ysnov] Côté perléen?
[D. Solganov] J'ai eu des retours favorable... Peut-être une ou deux divisions de la Garde, mais sans éléments lourds... Eux aussi attendent les moyens algans pour statuer définitivement!
[V. Ysnov] L'on va devoir encore fournir du matériel... Tu sais que la République et le Commonwealth n'ont pas des fonds illimités, ni les moyens humains et matériels pour ce genre d'opération! Déjà que Nouvelle-Jérusalem nous ponctionne d'une partie de moyens offensifs!
[D. Solganov] Je le sais, Vlad... Mais la situation sur Erikea est inquiétante...
[V. Ysnov] Je le sais aussi bien que toi. Mais nous risquons gros pour des résultats stratégiques et politiques plutôt faibles...
[D. Solganov] C'est certain que nous risquons gros, mais je préfère tout perdre maintenant que de voir Mazaharpet sous le joug erikean!
[V. Ysnov] Espérons que Seranon n'agira pas...
[D. Solganov] J'en demande pas trop Vladimir... Il faudra peut-être se résoudre à en découdre "diplomatiquement" avec eux! D'ailleurs j'attends cela avec impatience.