La Nymphe et le Fleuret

Chef de faction Nombre de messages : 27 Date d'inscription : 03/12/2011

Qui pêle-mêle ramassant soie et coton ,Étudient au matin leurs récoltes nocturnes.

Une fois que tous les convives eurent terminés leurs plats, et surtout, qu’ils eurent terminés leurs conversations d’intérêts, les représentants Solariens présents à chaque table donnèrent leur signal. C’était l’un des jeux diplomatiques millénaires. Un « animateur » était placé à chacune de ces petites assemblées, et pouvait voir le regard du chef de soirée, ce soir là Louis Cartier. De fait, avec un peu de discrétion, on en venait à pouvoir rythmer un repas, à faire manger les gens à la vitesse qu’on souhaitait, et à les faire parler de ce qu’on souhaitait, sans même s’adresser à eux. C’était un jeu assez périlleux, mais désormais les Solariens y étaient rompus. Sur ce signal, que personne ne vit, tout la salle se leva comme un seul homme. On commençait déjà à faire les rapports de ce qui avait été entendu à l’amiral Saeson, qui tentait d’analyser les données. Seranon, Jadis et l’UTE semblaient s’être retirées du jeu de quille, et se limitaient volontairement à de la figuration. Alganzaar, Alttoria et Tarim avaient un jeu toujours flou… Et l’Empire Krypto Arkilien comme Aunadar semblaient plus amicaux que prévu. Au fond, rien de bien surprenant, mais on ne pensait pas que tout se décanterait si vite.

La Nymphe et le Fleuret - Page 2 Shy_by_Apri1

Dans une cohue polie, les gens se rassemblèrent, et créèrent une file. C’est propre à l’humanité, que de se tenir comme un mouton, inconsciemment. Il suffisait que les gens se sentent en sécurité, vous en faisiez ce que vous souhaitiez. Les dizaines de convives formèrent donc une colonne et suivirent le maître de cérémonie, monsieur Cartier. Celui-ci faisait visiter quelques salles, à la volée, ici tel salon avait accueilli l’empereur, ici on avait accueilli les dignitaires Erikeans, par là on avait pu repousser les Carcars… Et puis l’on arriva dans la dernière salle. A dire vraie, elle était plus exigue et plus froide que les autres. Une atmosphère différente semblait y régner. Pourquoi ? Les gens le comprirent vite. La terre semblait défaillir sous leurs pieds, on sentait une inclinaison réelle. Et puis on illumina les hauts. Pas de panique. C’était une invitation rapide à découvrir les cieux. Les gens flottèrent en l’air quelques secondes, sans sembler sans rendre compte… Et quand ils s’en rendirent compte, certains montrèrent un visage horrifié, mais la plupart eurent le sourire. Ils s’étaient fait berner. Le dernier salon, et l’avant dernier en fait, étaient le grand hall du CSO-103 Type B. Celui-ci, une fois son équipage d’un jour emmené fut relâché par la station. Pilote de choc à bord du cockpit, on se servit du mouvement relatif pour faire faire un salto à l’appareil. Ceci créa une virtuelle gravité nulle, permettant aux gens de flotter dans l’air. A vraie dire, peu comprirent l’exacte manœuvre, mais l’illusion de légereté sembla plaire. Désormais l’appareil menait un vol tout ce qu’il y a de standard et l’on avait invité les convives à s’asseoir pour l’entrée en atmosphère. Direction Hirosabat.

Parmi les rangs, Louis Cartier réfléchissait, les Tarimiens semblaient comme des poissons dans l’eau, si ce n’est qu’ils ne s’adressaient absolument pas aux responsables Solariens. A leurs corps défendant, les Tarimiens avaient pris la place des Solariens et de fait n’avaient pu les croiser. Enfin, ils semblaient animés d’une volonté de faire des relations, mais surtout, et tous sans exception, d’une certaine volonté de couvrir le SGC. Le SGC n’était pas, c’était vrai, esclavagiste. Mais le SGC était un facteur d’insécurité. Et on n’avait pas l’absolu certitude que ces Galactiques Contrebandiers et leurs initiales soient d’un blanc immaculé face à la salissure du pêché éternel de l’avilissement d’autrui.
Les Algans semblaient pris dans leur haine du fasciste, et la volonté de contrebalancer Erikea, Valia, dès que c’était possible. Aux vues de leur histoire, on le comprenait facilement, même si l’on avait pu rester loin de ces considérations politiques de fa’ et d’antifa’. Les descendants de l’Espoir avaient appliqués à la lettre les leçons de politiques que Jorran et sa famille de traître leurs avait appris. On ne défends que la corporation à laquelle on tient le plus. Tout l’art pour maintenir la cohésion nationale, était d’impliquer la rétine des gens, et de lui donner l’impression que rien ne comptait plus que la nation. On s’était d’ailleurs toujours refusé pour cela à utiliser les robots.
Enfin, les Krypto Arkiliens. Drôles d’êtres. Ils seraient ravis de récupérer quelques dizaines de leurs compatriotes, mais semblaient muets devant les propositions discrètes d’arrangement pour le réseau de porte aboutissant sur Solaria. Mentalement Cartier adressait des bonus et des malus aux candidats. Il regardait les visages autour de lui. Ils étaient légers. On aurait pu déterminer tous les présents ayant servis dans les Armées Spatiales. C’étaient les seuls qui mimaient avec leurs mains, ou leurs yeux, la figure exécutée, et qui s’en exaltaient. Les béotiens revenaient simplement de cette aisance passagère. Enfin, Hirosabat et le tarmac approchaient.

Puis, si la neige mord leur face de carton,Ils battent la semelle en rêvant aux cothurnes.

Administration Nombre de messages : 1775 Date d'inscription : 18/06/2008

La délégation Seranienne suivit, silencieusement et sans se faire remarquer, l'ensemble de la visite et prêta un intérêt particulier à chaque salle. Les Seraniens posaient des questions, s'intéressaient aux différends éléments présentés, mais ne montrait pas un enthousiasme marqué à chaque nouveau pas dans les différentes salles. Ils suivaient, prenaient note et s'instruisaient, comme à chaque fois qu'on leur proposait un peu de culture.

Résigné à faire de la figuration dans une entrevue dont elle ne comprenait ni les tenants, ni les aboutissants, et encore moins les intérêts Seraniens, Yekkatarina profita en revanche du passage à bord du vaisseau pour revenir à proximité du Tarimien venu entretenir les Seraniens auparavant. Elle se fit résumer brièvement la situation puis entra dans le vif du sujet. Car le retour de la Vice-Consul dans la conversation ne signifiait qu'une chose : on avait terminé les préliminaires et le Tarimien allait être jugé digne de confiance (ou pas) et engager une discussion plus sérieuse, du moins si lui-même le souhaitait. Sur Seranon on accordait en effet une extrême importance à ces banalités. S'inspirant par là des cultures asiatiques terriennes, on ne se ruait pas immédiatement, après un quart d'heure de conversation dans une discussion sérieuse. Il fallait d'ordinaire parler de tout et de rien pendant une journée environ, et se joindre sans broncher aux festivités qu'organisaient les hôtes avant de voir apparaitre l'ombre d'une porte qui pousserait à des négociations diplomatiques (ou économique, cette règle était culturelle, pas exclusivement Diplomatique). Ici, les circonstances obligeant, on parlait moins longtemps, et on entrait plus vite dans le vif du sujet.

[Y. Magina-Romana] Veuillez m'excuser pour mon absence, il y avait, dans ce musée, certaines choses que je brulait de savoir, et il convient de dire que l'Histoire Solarienne est riche de péripéties nombreuses et particulièrement intéressante n'est-ce pas ?

Mais on me dit que vous révisez actuellement votre politique militaire dans le domaine spatial ? C'est une bonne nouvelle pour nos hôtes. Je crois qu'ils ne manqueraient pas d'apprécier la présence d'un vecteur de stabilisation de la Grande Tempête de Carcaran ... En revanche, je doute que vos voisins proches et moins proches apprécient beaucoup cette initiative ... Sans commencer directement par Memel Prime, à l'égard de laquelle elle pourrait parfaitement s'avérer justifiée, avez-vous penser aux autres États et Potentats qui entourent Tarim Secundus ? Un programme d'armement spatial pourrait être très mal interprété par ces voisins ... turbulents certes ... Mais tout autant légitime que vous dans leurs prétentions à exister. Et je ne me prétends pas experte en la matière, mais il me semble que piraterie et contrebande sont vitaux à un bon nombre de mondes de cette région de la galaxie non ? Car même s'il est "sale" cet argent est un élément important de l'investissement sur ces planètes. Avez-vous penser à conjuguer ce réarmement avec un corpus de loi et de règles mais aussi de Traités Bilatéraux qui contribuerait à stabiliser vos frontières sans avoir à tirer un seul coup de feu ?

Yekkatarina, et à fortiori, la CNCSA et un bon nombre de sociétés Seraniennes parmi lesquels le groupe Zul (depuis que son nouveau, et énergique, président, Frédéric Zul Junior, cherchait à contrebalancer l'image de société voyou laissée par ses prédécesseurs) étaient toujours disposés à vendre des canons, à a peu prêt n'importe qui, et à des conditions avantageuses. Mais ils ne manquaient pas de s'informer de ce à quoi ils allaient servir avant, pour se donner bonne conscience, ou pour des raisons géostratégique. Ici, c'était en l’occurrence la seconde option qui primait : la proximité de Tiléa mettait les Seraniens en première ligne quand à un réarmement de n'importe quelle puissance dans la région. Et Seranon ne s'allierait pas avec un État Isolé, qui se serait attiré les foudres de ses voisins en ne tenant pas compte de leurs intérêts, car cela reviendrait à le soutenir à bout de bras et couterait, au final, plus cher que ce que l'Alliance rapporterait. Or, vendre des canons était une relation économique et politique à la fois. Tout sauf anodine. C'était un signe fort de rapprochement. Et ça, les Seraniens le savaient mieux que quiconque, même si sous Venator, le Premier Empire n'avait pas été très regardant en la matière, Seranon comptait bien inverser la tendance avec l'arrivée au pouvoir des socialistes et de la République ... Dans la droite ligne de ce qu'avait initier Thurinus.

Monfort-Sarkis, s’excusant, acheva la discussion avec le délégué tarimien, le laissant avec un subalterne. L’on attendait donc toute délégation tarimienne à Arkiliagrad pour des discussions approfondies dans un cadre plus intime, plus choisis. D’autres affaires se négociaient.

Trois troupiers de la délégation se chargèrent des préliminaires à l’accueil des rescapés des carcars, Monfort-Sarkis leur parlerait plus tard, l’ambassade disposait d’une cellule compétente pour ces tâches, surtout sur Solaria où l’on ramenait pas mal de monde, plus qu’ailleurs proportionnellement à l’activité spatiale.

Des portes de saut ? Pourquoi pas, mais les modalités comptaient beaucoup dans un tel accord. Il s’agissait après tout d’un très important transfert de technologie. Mais l’Empire avait un intérêt, commercial, politique et colonial à un tel accord même. Les négociations, ne serait-ce que pour des questions techniques, risquaient d’être longues. Il s’agissait après tout de bâtir un canal de Suez sans pour autant sombrer dans les affres de celui de Panama.

Question piraterie il était désormais certain d’une chose : aucune organisation internationale fondée sur une base multilatérale étendue crédible n’avait la chance de voir le jour à l’issue de cette réunion, qui avait pourtant pu dégager des synergies dans certains domaines et relatives à certains secteurs uniquement. Ce second point pouvait parfaitement faciliter l’établissement d’un socle commun pour la bonne avancée du second...