[Entreprise] Siège de SinTek Industries

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L'ancien siège de BioTek s'est littéralement métamorphosé depuis son changement de propriétaire. Autrefois parfaitement blanc et sobre, il est aujourd'hui rouge et noir, et a connu quelques travaux d'agrandissement. Bien que peu d'une capacité encore jeune, le nouveau design du building fait sensation.
L'endettement de la société, du à l'absence prolongée de direction, l'a amputé d'une partie de son trésor. Il s'en fallu de peu pour que le bâtiment soit revendu... Mais aujourd'hui, l'économie est de nouveau stable.

Un parking réservé aux employés se situe au sous sol. Un autre, public, encercle à moitié de laboratoire. Le rez de chaussé est réservé à l'accueil et aux divers rendez-vous. Les cinq premiers étages constituent le centre de recherche. Le sixième étage est voué à la gestion et aux projets futurs. Le septième étage correspond aux meetings importants, et est doté d'un amphithéâtre.
Le huitième et dernier étage, quand à lui, correspond aux quartiers privés de Maven, son bureau étant situé dans la pointe du bâtiment.

Le siège de SinTek se situe à environ deux kilomètres au sud de l'Université Impériale, non loin des côtes de la Mer Bleue. Son usine de production, quand à elle, se trouve à la périphérie d'Arkiliagrad.

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Cela faisait quelques mois déjà que Maven profitait de ses nouvelles installations. Elle avait fait ré-aménager une grande partie des locaux, en prenant soin de choisir un designer de talent. La société était à présent à son image, et cela lui plaisait. Cependant, le travail s'entassait dans les bureaux tant le retard était important, et la nouvelle directrice passait la plupart de ses journées à son bureau. Les employés, qui avaient longtemps craint leur licenciement, furent rassurés de constater la remise en route de la boîte, et plutôt ravis de leur nouveau lieu de travail.
Naturellement, mademoiselle Yezhevika ne pouvait pas se permettre de se reposer sur ses lauriers. Elle faisait le maximum pour remettre SinTek d'aplomb, et pour anticiper les années à venir. Elle avait de nombreux projets pour la société, mais avait besoin de fonds et de contacts. Maven comptait avant tout construire une base solide, des fondations pour le futur. En effet, elle n'appréciait guère l'échec...

La nuit tombait, ce soir là, et les lumières de la ville commençaient à se dessiner dans le décor mauve. Du haut de son building, Maven contemplait le paysage urbain de la côte. Le soleil était déjà tombé pour les étages inférieurs, mais à cette altitude, elle pouvait encore en discerner une moitié rougeoyante à l'horizon. Le ciel était rouge d'un côté, noir de l'autre. Mademoiselle Yezhevika appréciait ce genre de teintes, et passait généralement quelques minutes devant sa baie vitrée, à cette heure.
La responsabilité et la charge de travail de chef d'entreprise était lourde, mais Maven n'avait pas eu de mal à s'adapter. Depuis toujours, elle ne vivait qu'à travers ses projets, et elle ne souffrait d'aucun manque. Son rythme de travail était mesuré, de manière à toujours être efficace. Elle prenait quelques pauses, profitait de son nouvel appartement, et suivait un régime optimal. Pour l'heure, il lui restait encore une bonne cinquantaine de minutes à travailler, après quoi elle passerait dans la partie privée de l'étage pour prendre un bain et se reposer.

Son Inphone sonna, rompant le silence paisible du bureau. La directrice, qui attendait cet appel, décrocha.

- Ponctuelle, miss Gorski, fit-elle d'une voix suave. Avez-vous passé une bonne journée?

- Oh, euh, oui, merci mademoiselle... répondit la femme au bout du fil, d'un ton mal assuré.

Il s'agissait de l'experte comptable de la société. Elle avait fait partie de BioTek durant près de huit ans, et était encore hésitante lorsqu'elle s'adressait à sa nouvelle patronne. Maven, depuis son arrivée, avait réussi à conquérir la majorité de ses employés, s'adressant à chacun d'entre eux, afin de gagner leur confiance.

- Bien... alors, quelles nouvelles m'apportez-vous?

- Eh bien, comme vous l'aviez annoncé, SinTek est de nouveau rentable, bien que la dette soit encore élevée. Elle sera intégralement remboursée dans six mois, si nous restons sur ce rythme de versement.

- Oui, et je veillerai à ce que chaque employé reçoive une prime conséquente, ce jour là. Je tiens à ce que l'on fête la renaissance de la société...

- Vraiment? s'exclama Gorski, tout en essayant de réprimer ses émotions. Enfin, je veux dire, merci à vous...

Maven sourit. Une prime générale allait définitivement souder l'entreprise et doper le moral de la main d’œuvre. C'était là son but premier.

- J'en ferai l'annonce dès demain... A propos, avez-vous l'estimation concernant notre projet d’extension?

- Oui, je vous le fais transmettre tout de suite. Nous avons les fonds nécessaires pour améliorer les capacités de notre usine, mais le coût d'entretien sera également plus élevé...

- Nous serons libérés de la dette d'ici-là. Vous savez ce qu'on dit: de l'argent qui dort, c'est de l'argent qui meurt... répliqua Maven.

- Oui, en effet... répondit l'experte. Oh, et, avez-vous l'intention d'engager de nouveaux employés?

La question était tournée de manière à sonner comme une question désintéressée, mais la directrice savait sentir l'anxiété et la peur d'un "plan social", redouté depuis le début de la période difficile. Elle profita de l'occasion pour rassurer une bonne fois pour toute ses employés:

- On ne change pas une équipe qui gagne, mademoiselle Gorski. Si de nouveaux employés doivent rejoindre l'entreprise, ce ne sera certainement pas au détriment des membres vétérans. Personne dans chez SinTek n'a à s'inquiéter, croyez-moi.

La réponse sembla plaire, et Maven s'en satisfit. Le rapport touchait à sa fin.

- Passez une bonne soirée, ma chère! clôtura-t-elle.

Les minutes qui suivirent furent de nouveau silencieuses. La journée touchait à sa fin. A partir de cette heure, son Inphone serait silencieux, et ce jusqu'au lendemain. Ses horaires étaient nets, précis, ainsi que ceux de ses employés.

Maven se surprit à bailler. Les derniers mois avaient été particulièrement intenses, et malgré sa volonté de fer, elle ne regrettait pas d'avoir un peu de temps libre. La jeune femme vérifia l'irréprochable propreté de son bureau, puis s’éclipsa dans sa partie privée.
Son appartement, à la manière du bâtiment tout entier, était d'un design saillant. Les couleurs rouge et noir, toujours aussi prépondérantes, donnait à l'endroit une sensation de paix luxueuse. Elle traversa son salon, pénétra dans sa suite, puis prit le chemin de sa salle de bain.
Particulièrement avide de séances de relaxation, elle passa quelques temps en étirements et yoga. Après quoi, Maven se dévêtit, profitant de cette nouvelle soirée de solitude pour passer du temps dans un bain parfumé...

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

Qui s’excuse, s’accuse

Alors qu’avec volupté, Maven regardait les bulles qui voletaient avec douceur autour d’elle, elle se relaxait en écoutant un vieil air populaire. Etincelante salle de bain, la sonorisation parfaitement effectuée permettait de ressentir les vibrations sans pour autant risquer la santé de ses oreilles. Les basses faisaient doucement osciller la surface de l’eau, de laquelle affleuraient les genoux, les épaules et enfin la gorge de Maven. La mousse dansait, allait et venait à la guise de ses ondes qui se répandaient, ricochaient contre les parois, se rencontraient et s’annulaient rarement. La fatigue réclamait son dû. Lentement, mais sûrement, les paupières se closaient. Lourdes. Elles étaient affreusement lourdes. L’ambiance sonore, régulière et rassurante, secondait une eau à la température parfaite, une atmosphère sécurisante, rassérénant. Dans un tel climat David ou Goliath, question futile, n’auraient pu l’emporter face à ce mage qu’est l’inconscient. Le sommeil se répandait, courait dans les veines, plongeait dans les artères, emplissait les poumons, encerclait, et finalement terrassait le cerveau. Dans un état semi conscient les mains de la dame de rouge et de noir sentaient l’eau, les vibrations qui en sortaient, trahissant parfois une basse plus forte qu’une autre. Puis soudain, le rythme cessa.

Ce fut un éclat,un séisme, une guerre, Hiroshima et Botmélie dans un verre d’eau. Tout craqua dans le terrifiant monde du sommeil, Maven tomba, chuta, longtemps. Quand elle ouvrit enfin les yeux, il y avait au milieu de sa salle de bain un homme, maintenu par deux autres, qui avaient placés leurs bras sous les aisselles de l’individu, et le retenaient. Ils hurlaient tous. Dans sa frayeur Maven vit même le reflet caractéristique d’une arme. On hurlait, elle ne pouvait rien distinguer. Ses yeux étaient éblouis, ses oreilles étourdies. Elle ne sentait que le froid, qui s’heurtait à sa peau, piquait ses nerfs, alors qu’elle essayait de sortir de la baignoire. Un cri stressant traversa ce ralentissement, heurtant de plein fouet l’intellect de la jeune femme.

-ILS VOUS HAÏSSENT

La cohue suivit, on le raconterait après à Maven qui était bien incapable de le distinguer. Le jeune homme tenta de s’appuyer sur l’un de ceux qui l’astreignaient, se propulsa en direction de la dame, faisant tomber l’un de ses agresseurs, et alors qu’il allait l’atteindre, un coup sinistre frappa. Imparable. L’homme, dont les bras entouraient le cou de la dame, comme pour lui transmettre un secret, pesa brutalement. S’affalant, il fixa son regard dans celui de Maven, fille du fondateur de Biotek. Ses yeux étaient injectés de sang, et criaient dans un ignoble silence toute leur peur, mais aussi toute leur détermination mêlée à la colère du coureur de Marathon, expirant ses derniers souffles de vie pour transmettre son message.

- Ne… Faites.. Confiance… A Personne

Chacun des mots était un véritable calvaire. Le message dura peut être une poignée de secondes, Maven ne put s’en défaire. Sa rétine était imprimée, vissée dans celle du désormais feu. Les mots horribles, terribles, résonnaient dans la pièce, tous ces angles étudiés expressément à assurer une sonorité parfaite, répercutaient avec délectation le testament d’un homme qui désormais teintait le sol magenta, d’une nouvelle couche sanguine. Celle-ci était chaude. Maven avait froid, et leva les yeux. Face à elle quatre hommes équipés de costume, noir, chemise rouge, comme c’était la consigne des services de sécurité. Ils baissaient tous les yeux. Visiblement gêné par cette intrusion suivie de mort. L’un d’eux avait toujours son arme en main, le holster était visible, sa veste étant à moitié arrachée. Le froid piqua la peau nue de l’égérie de SinTek. Ses habits affleuraient encore au sol.

- Excusez cette intrusion scandaleuse madame. Il était mû par une force extraordinaire…

[Entreprise] Siège de SinTek Industries Sang_gouttes

Spoiler:

Maven fixa un moment les yeux de l'intrus qui, touché mortellement, pesait de tout son poids sur sa nuque. Le temps semblait s'arrêter pour eux deux. Le silence se fit, les secondes semblèrent s'étendre...

" Ne… Faites... Confiance… A Personne. "

La femme posa la main sur son épaule, le regard profond. Elle se pencha légèrement comme pour saisir un autre indice de ce message perturbant. Mais le corps s'affaissa, glissa le long du buste de la demoiselle, s'agrippa dans un dernier spasme à sa cuisse, puis s'immobilisa.

La descendante des Yezhevika ne bougea pas. Un calme respectueux s'installa. Le sang tiède du défunt maculait son corps, de son épaule droite à sa cuisse gauche, perlant sur sa poitrine. Ses pieds nus baignaient dans la marre écarlate qui s'étendait sur le carrelage.
Maven avait déjà vu des insensés tenter de s'en prendre à son père, bien qu'aucun n'avait pu franchir la barrière des agents de sécurité. Mais c'était la première fois que l'on venait mourir à ses pieds.

- Excusez cette intrusion scandaleuse madame. Il était mû par une force extraordinaire…

Elle ne répondit pas. Levant une jambe avec précaution, elle enjamba le corps, et s'avança vers ses employés. Ces derniers détournèrent les yeux, troublés. Maculée de sang, la femme disparu dans le vestiaire. La douche se mit en marche, purifiant son corps de l'instant passé.

- Qui était-ce? demanda-t-elle, tandis que ses gardes patientaient au dehors.

Si Maven était troublée, elle n'en montrait rien. L'égérie de SinTek avait prit un ton plus froid, et devait fournir un grand effort pour ne pas laisser ses jambes trembler. Elle essayait de se renforcer intérieurement, et se jura de toujours garder une arme à portée de main... Son rythme cardiaque reprenait peu à peu un cours normal. L'incident n'était pas encore clos, mais ses affaires étaient posées sur le banc devant elle. Effectivement, elle n'avait confiance en personne.

Une chose était sure, ce cadavre marquait son entrée dans le monde des affaires.

Spoiler:

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

Si tu négliges un complot

[Entreprise] Siège de SinTek Industries The_Murder_by_TheRealRealAce

L’un des hommes que Maven ne pouvait pas voir donna, d’un signe de tête, des consignes aux autres pour qu’ils partent. Ce qu’ils firent. Celui-ci ôta sa veste et entra dans la salle de bain, se retournant prestement en voyant son patron. Alors qu’il lui tournait le dos, il commença sa diatribe.

– Il s’agit de Avi Haroutunian. Le fondateur de PasTek. On ne sait pas comment il est arrivé à cet étage. Le connaissant bien, je travaillais ici quand il était encore vice directeur, je ne suis pas très surpris. Il a gardé quelques amis ici. Il est devenu fou après que sa fille ait été tué dans un accident de la route. Il a été renvoyé par votre père peu après…

La jeune femme se tapa le front. Elle n’avait pas immédiatement percuté à l’audition du nom, mais le fameux sigle « PasTek » lui vint directement. C’était un site qui avait pour habitude de défendre le faible contre le fort. Les consommateurs contre les grandes surfaces, etc. Haroutunian était une figure qui sans être célèbre, avait l’aura d’un Messan dans certains milieux intellectualisant. Il avait été renvoyé de l’entreprise voilà environ vingt ans, quelques mois plus tard, le docteur Yezhevika était interné. C’était le début des soucis de l’entreprise. Une heure sombre. Sa logorrhée n’avait d’égale que sa constance. Il était capable de rédiger des posts de plusieurs dizaines de milliers de mots, et quand il accablait quelqu’un, ce dernier ne s’en sortait jamais réellement indemne.
Alors que la rumeur courrait qu’il haïssait le docteur, qu’il avait toujours détesté, certains esprits critiques s’aperçurent que jamais, jamais dans toutes ses interviews, dans tous ces posts sur son fameux blog du « Pas Assez Soumis », il ne le critiquait. Mais ces esprits n’étaient pas courants. Malheureusement.
Herman, le chef de la sécurité à la SinTek était probablement celui qui avait tué. Son surnom « Herman The German » traitait autant de son physique que de son caractère. Ses rapports étaient froids comme une lame, précis comme la conscience. Grand blond aux yeux de gel, bâtis comme la Ligne Siegfried, mâchoire carrée et coupe au carrée, il imprégnait la déférence. Ce n’était pas quelqu’un de violent, ni de colérique. Simplement un extrême professionnel. Herman n’était pas son vrai nom d’ailleurs, mais celui-ci lui allait si bien que tout le monde l’avait conservé. Il était entré dans l’entreprise en tant que simple technicien de surface, puis avait gravis les échelons. Fervent admirateur du docteur Yezhevika, il été sa garde rapprochée. Aussi son témoignage à charge surpris beaucoup de monde. Mais comme les gens le disaient, il n’y avait qu’une chose qu’Herman The German préférait aux personnes qu’il admirait et, en quelque sorte, aimait, c’était ses valeurs, à commencer par la probité. On ne l’avait jamais pris en défaut, et il faisait partie de ces gens, qui même dans la merde la plus noire, gardent la tête haute. Fiers, chastes et pur. L’homme qui venait de fêter ses cinquante-deux ans, et qui aurait pu être le père de Maven s’approcha finalement d’elle, quand elle fut habillée, et lui glissa comme un grand frère à sa petite sœur.

- Tu peux prendre une chambre d’hôtel si tu veux, nous te la réserverons dans la minute. Le temps que l’on… Nettoie. Oui, nettoie ta chambre. D’ici demain tu pourras la réintégrer.

Jamais il n’avait tutoyé ses supérieurs. Mais il semblait qu’il se sentait investi d’une mission, et qu’il voulait à tout prix protéger celle qui, demain, avait un rendez-vous crucial avec le reste de sa famille, au conseil d’Administration de la SinTek. Les employés étaient nerveux, car le bilan passé, viendrait la période des négociations à l’étranger, toujours risquée quand on était une petite nouvelle dans le monde des affaires. Il était évident que le conseil d’administration, dans sa bonté, noterait avec un cruel plaisir la faiblesse de Maven si celle-ci venait à ne pas se montrer. Quelle joie que la famille.

c'est qu'il a été tressé en ta présence.

Maven sèche et habillée, elle s'était définitivement remise. Elle était dotée d'une personnalité solide, et cela lui avait souvent profité. Tandis qu'elle écoutait les précisions fournies par le chef de la sécurité, les noms Haroutunian et PasTek lui firent l'effet d'un vieux souvenir à demi oublié. L'homme avait eu le don de se faire remarquer, peu après l'accident de sa fille, et avait passé le restant de ses jours à garnir un blog de bonnes pensées. Maven l'avait parcouru quelques fois, mais ne s'y était pas vraiment intéressé. Il était "bien gentil", avec ses jeux de mots et ses petites phrases pseudo-populaires. Cela faisait une bonne dizaine d'année que l'héritière n'en avait plus entendu parler. Et malgré tout, il avait donné sa vie pour la mettre en garde? Uniquement pour la mettre en garde?

- Visiblement, mes chers parents ont omit de me faire part de quelques... conflits... avant de me céder la place...

Les parents de la nouvelle dirigeante n'avaient jamais mis la vie ou l'avenir de leur fille unique en danger, cependant. Son père était souvent trop occupé pour passer du temps avec elle, et sa mère voyageait beaucoup. Maven avait apprit à se débrouiller seule et à ne pas s'attacher à ce qui l'entourait. Elle les admirait beaucoup, cela dit, pour leur sens des affaires et leur réussite. Pourtant, ne recevant que l'esprit de compétition des études au lieu de l'affection parentale, elle se destina à faire mieux qu'eux.
Ainsi, elle ne leur accordait pas sa confiance.

- Je m'attendais à ce genre de situation. C'est pourquoi j'ai renforcé la sécurité du bâtiment. Visiblement, ça n'est pas suffisant... lança-t-elle, avec une pointe de déception.

- Tu peux prendre une chambre d’hôtel si tu veux, enchaina Herman. Nous te la réserverons dans la minute. Le temps que l’on… Nettoie. Oui, nettoie ta chambre. D’ici demain tu pourras la réintégrer.

Maven porta sur lui un regard aussi surprit que malicieux. Toute trace de stress avait disparu pour laisser place, à nouveau, à la confiance en soi.

- Faîtes-donc, vouvoya-t-elle, choisissant de conserver un certain professionnalisme. En ce qui me concerne, je crains de n'avoir prit goût à la vie en altitude...

L'égérie de SinTek déclina donc l'invitation. Elle dépassa son garde du corps, traversa la grande salle de bain où le cadavre gisait encore, et pénétra dans sa chambre. Un bibelot avait été brisé dans la lutte, et le sol comportait quelques traces de chaussures. Certes, Maven était intérieurement très remontée, du fait qu'un simple homme relativement âgé ait pu l'atteindre physiquement aussi facilement. Mais surtout, elle ne souhaitait pas se laisser intimider.

Un son de clochette rompit le calme pendant quelques instants. La directrice du laboratoire se dirigea instantanément vers le salon. Il s'agissait de la sonnerie du monte-charge.

- Mmmh... poussa-t-elle en humant le parfum épicé de son repas tout juste livré. Les traiteurs locaux ne cesseront de me surprendre...

Contre toute attente, cependant, Maven ferma la trappe et fit redescendre la livraison.

- C'est bien dommage que je ne puisse être certaine qu'il ne s'agisse d'un poison mortel...

La demoiselle n'avait pas tord. Après de telles menaces, il valait mieux redoubler de prudence. Elle fit volte-face, et plongea son regard dans celui d'Herman.

- Je vais m'isoler un moment, souffla-t-elle. Prévenez-moi lorsque le "nettoyage" sera terminé, je vous prie. Demain sera une journée chargée...

En effet, le conseil d'administration l'attendait au tournant. Elle n'avait aucunement envie de rendre des comptes à des membres de sa propre famille. C'était une perte de temps: Maven avait jusqu'ici la situation en main, et elle ne comptait pas la laisser lui échapper. En revanche, elle s'attendait à un mauvais coup depuis déjà quelques semaines, et cette intrusion n'en était sans doute que le reflet...

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

Je me crois en enfer,

L’homme perdit un moment sa certitude. Il avait pris le risque de tutoyer, et s’était fait rabrouer. C’était un risque tout de même calculé, mais il craignait cette relative remise en question. Il fut surtout contrarié par le fait que sa patronne n’écoute pas son avis de surintendant de la sécurité. Alors, il pensa sortir l’argument fatal. Ne ménageant aucun effet, il pris l’air le plus grave que son visage pouvait dessiner, émit un effet de gorge, et se lança enfin.

– Madame, je comprends bien votre souhait. Cependant, si je peux me permettre, excusez-moi de vous rappeler que la police ne devrait pas tarder. Celle-ci risque de vous importuner jusqu’à tard ce soir. Alors que si vous êtes déjà partie, elle devra bien attendre demain. Je me permet d’insister car, dans tous les cas, l’enlèvement du corps ne se fera pas sans la présence des forces de sécurité. Après, je vous laisse bien sur maîtresse de vos décisions… Mais bon…

Et effectivement, la police Krypto Arkilienne était fameuse. Efficace, c’était indiscutable. Professionnelle, personne n’en doutait. Mais écrasante et autiste. Rien ne pouvait la faire se presser le moins du monde. Un train de sénateur, et une voix d’Ent. Associez-y, sans restriction, une pincée d’assurance, et vous avez ce cocktail détesté des hommes pressés. L’argumentation était solide et étayé, à n’en pas douter, l’on ne pourrait dormir avant quelques heures après que le soleil n’ai refait son apparition. C’était ces choix Corneliens. Paraître faible ? Oui, mais être efficient le lendemain. Imprimer le respect ? Etait ce réellement utile si on prenait en compte le fait que le lendemain on entrerait dans l’arêne, et que, dans tous les cas, il était inévitable que les informations n’aient déjà circulées.

On fut, à l’étage des cuisines assez outré par le fait de se faire renvoyer un repas à plusieurs centaines de crédits. Il y avait bien le petit Lucas, toujours amoureux de Maven depuis que celle-ci l’appelait par son prénom – comme la plupart de ses employés, mais il ne voulait l’admettre – qui trouvait cela normal qu’elle se méfie… Et qui à vraie dire aurait tout pu légitimer à partir du moment où cela émanait de son égérie à lui. Enfin, le commis fit passer un coup de téléphone. Fit passer ? Oui. Il était bien incapable de rapidement parler sans bégayer à cette dame. On demandait à Maven si elle souhaitait manger sur place, à la cantine, ce qui éliminerait de facto le risque d’empoisonnement, où si elle comptait se satisfaire de plat préemballés. La question pouvait sembler insolente, mais en ces périodes agitées, on ne manquait jamais d’égard vis-à-vis de son patron.
Maven put cependant entendre dans le couloir, malheureusement parfaitement insonorisé, un murmure. Pour qu’elle le discerne, il devait nécessairement s’agir d’une belle algarade. A cette heure, cela ne pouvait qu’être des membres de la sécurité. Peut être un nouvel intru ? On ne pouvait comprendre ce qu’ils disaient. Herman, qui avait bien entendu lui aussi, se précipita à l’extérieur, et, dans un réflexe qui prouvait bien son expérience eteignit toutes les lumières de la pièce. Laissant Maven seule face à elle, face aux reflets de la ville, et face à ce cadavre dont le sang souillait désormais l’entiereté du sol de la salle de bain. Elle pouvait, assise sur son lit, voir une main, dont l’index semblait indiquer l’extérieur, et l’Astre lunaire, dans un dernier sursaut de poésie.

Donc j’y suis.

[ En pleine double-semaine intensive, post un peu court =p je ferai mieux à la fin de la semaine! ]

Maven considérait que chaque problème avait ses solution, et que chaque solution se devait d'être étudiée jusqu'aux plus lointaines répercutions dans le temps. Elle restait silencieuse derrière ses fines lunettes, mais son esprit fusait. Si elle décidait de rester, elle passerait sans doute une mauvaise nuit, et le conseil du lendemain serait un fiasco. Si elle s’éclipsait, elle échappait au traitement épuisant de la police locale, mais elle s'exposait à des poursuites futures. Elle posa un regard sympathique sur son garde du corps:

- Les coupables fuient. Je ne veux avoir aucun compte à rendre aux autorités... cet homme s'est introduit chez moi illégalement. Vous n'avez fait que...

Elle se tut en même temps que le bruit se fit entendre dans le couloir. Elle vit la main d'Herman glisser jusqu'à l'interrupteur, puis ce fut le noir.

Les lumières de la ville éclairaient faiblement le plafond, à cette altitude. Maven respirait avec le plus grand silence, sans se déplacer. Elle retira ses chaussures avec délicatesse, puis s'assit sur son lit. Elle fit glisser sa main l'un des oreillers, avant de la refermer sur son arme familiale... Les affaires sont les affaires, et les affaires des autres finissent toujours par devenir les nôtres...

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

Le pire en prison,

Dans le couloir, l’agitation n’était en fait due qu’à deux équipes qui se retrouvaient au même endroit alors qu’elles auraient dû couvrir l’entiereté des accès. Ceci fut vite corrigé, mais il y eut un petit coup de pression qui emmena les gens à se crier dessus. Ca Maven ne pouvait pas le savoir, et ne le saurait d’ailleurs jamais. Elle ne trouvait pas le soleil, et la froide crosse de son arme la ramenait de toute façon à la triste réalité. Il y avait un cadavre à quelques mètres d’elle. Une demie heure plus tard, on toqua à la porte. C’était Herman, un peu honteux il s’excusa du retard et présenta deux officiers de police. Ces hommes étaient pour l’un extrêmement jeune, pour l’autre d’un âge respectable, une grosse quarantaine d’année. On se rendait compte qu’il était entre deux âges. L’époque où l’homme comprends que, comme sa femme dix ans avant, son corps et ses capacités physiques vont chuter de façon exponentielle dans un délai très court. Les deux personnes s’excusèrent et incitèrent Maven à dormir ailleurs, car sinon elle ne fermerait pas l’œil de la nuit. En effet, une équipe arrivait pour prendre les photos, puis lever le corps. Devant le refus de Maven ceux-ci s’inclinèrent à regret.

Leur promesse fut par ailleurs tenue, des médecins arrivèrent par la suite, ou du moins, du personnel paramédical. Ceux-ci discutèrent. Au début, ils pensaient à la personne qui était à côté, puis peu à peu, ça ne ratait pas, ils commençaient à parler plus fort, jusqu’à devenir insupportable, surtout quand ils commentaient les lieux, amusés, ou surpris. On pouvait entendre les qualificatif de « spécial », mais aussi de « tarée ». Parfois un personnel de la sécurité émettait un bruit de gorge afin de permettre aux hommes de se rappeler que le patron était à côté, et qu’il était douteux qu’ il parvienne à dormir. Peu à peu cependant, la demoiselle s’éteignit.

Quelques heures après, trois, quatre peut être, le réveil fut dur. Immédiatement, elle sortir de son lit, sachant que si elle trainait, elle n’en sortirait pas. Une heure après, le conseil d’administration mensuel se tenait. Tout le monde était là ; les deux familles, celle génétique, mais aussi celle de l’entreprise, les directeurs compétents et historiques. Il fallait rassurer les deux, ce qui constituait souvent à taper sur l’autre famille, mais ce serait compliqué. Les gens attendaient des décisions précises. Du côté de l’entreprise, on voulait des nouvelles sur l’avenir, de potentiels plans de recrutement, des idées, une stratégie, bref, du réel. Pour la famille, c’était plus petit, on voulait savoir qui serait placé où et pourquoi. On voulait savoir si Maven allait ou non aider la population de Resha qui avait besoin de médicaments mais qui avait du mal à se les faire envoyer. En effet, malgré les quelques cinq millions d’habitants, aucune chaîne de pharmacie n’avait pris la peine de s’y installer, il n’y avait que des indépendants, qui étaient bien forcés de payer aux prix élevés les médicaments que les syndicats voulaient bien leur vendre… Prix répercutés qui augmentaient les marges de l’entreprise vendeuse. La polémique était relativement importante, et le pouvoir incitait la chaîne professionnelle de la santé à faire un geste. La famille de Maven, n’était évidemment pas trop de cet avis. Elle ne le disait pas… Mais chacun pouvait le savoir. Maven aurait quinze minutes pour donner son point de vue. Suivraient les questions. La réunion ne serait réellement pas plus longue. Après ? Après chacun parlerait, et ne se priverait pas d’assassiner la dame si c’était nécessaire. Un jeu serré.

C’est de ne pouvoir fermer sa porte…

Spoiler:

Maven connaissait personnellement chaque personne assistant au conseil, leurs motivations, ainsi que leurs intérêts dans les divers choix de direction de l'entreprise. Elle connaissait leurs traits: les conformistes, les individualistes, les idéalistes, les réalistes, les dominants, les humbles, les intéressés, les affranchis... Il fallait savoir avec qui l'on traitait.
Dans la salle de conférence, une rumeur courait. L'incident de la veille avait fait son chemin, se déclinant en deux, trois, quatre puis cinq versions différentes. Certains employés tenaient des débats enflammés avec leurs voisins, d'autres portaient des regards inquiets à leur directrice, ou se complaisaient dans un silence de marbre. Une ambiance peu disciplinée qui ne saillait pas vraiment à la société SinTek.

Un coup sourd fit sursauter l'audience. Les visages se dirigèrent vers l'héritière et dirigeante de l'entreprise qui, du haut de son estrade, avait frappé fermement le pupitre du bout de sa cravache. La salle avait été subtilement conçue pour que la présidente de la conférence ne paraisse pas isolée, mais supérieure. Maven, malgré une nuit courte et agitée, avait la ferme intention de saisir le taureau par les cornes. Sa mine était ferme, déterminée, celle d'une dame de fer.

- Bonjour à tous et à toutes, commença-t-elle, imposant le silence. Nous sommes ici ce matin pour traiter des nouveaux projets de SinTek sur le court et long terme.

Sur ces mots, elle se déplaça dans le rang de droite, tandis que l'écran affichait les statistiques financiers de l'entreprise. Les regards circulaient, hésitants, entre les hanches attrayantes de la dame et le tableau. Arrivée au plus haut de l'escalier, elle fit volte-face, sa cravache tendue vers les points cruciaux du graphique.

- Comme vous pouvez le constater, la société a largement redressé ses revenus, et en pleine possession de ses moyens. Le remboursement des emprunts prendra fin d'ici trois mois. Nous sommes rentables, et pour la première fois depuis la création de BioTek, nous sommes en pleine voie d’expansion. Et pour cause, SinTek a des projets.

Maven reprit le chemin de l'estrade. Elle occupait l'espace comme l'on inspecte ses troupes. Les membres de l'entreprise qui lui étaient les plus favorables opinaient du chef. Les indécis avaient les sourcils froncés, comme s'ils attendaient des faits. Les membres de la famille, quand à eux, conservaient l'air froid.

- SinTek est sur le point d'augmenter sa production de fournitures médicales, et d'obtenir de nouveaux moyens de livraison, déclara-t-elle, tandis que défilaient les maquettes d'agrandissement et les fiches techniques de transports terrestres. Nous devons investir si nous souhaitons nous faire une place à l'échelle galactique. SinTek a potentiel bien trop élevé pour se contenter de fournir Arkilia et ses voisins...

Sa cravache fendit l'air dans un sifflement, tandis qu'apparaissait sur l'écran une planète bien familière.

- Resha, nouvelle colonie de notre Empire. Cinq millions d'habitants à peine installés, des terres hostiles, et pas la moindre chaine pharmaceutique pour répondre aux besoins médicaux. Deux choix nous étaient proposés: profiter de la situation comme toute entreprise fructueuse, ou faire un geste en faveur des habitants...

Maven posa les mains sur le pupitre. L'audience était tendue, impatiente de connaître le choix de la nouvelle directrice sur la question. Elle parcourait la salle d'un œil malicieux, savourant le suspens qu'elle imposait.

- ... J'ai décidé, commença-t-elle, que nous remplirions les deux options.

Un murmure de questionnement s'éleva pendant une seconde. La femme sourit.

- SinTek sera la première chaine pharmaceutique à installer un centre de production sur Resha. Nous serons en mesure de fournir des fournitures médicales directement à la population, sans transport spatial, et par conséquent à des prix imbattables. Nous répondrons ainsi à la demande du gouvernement, tout en servant les intérêts de la compagnie. Car, ne l'oublions pas, les terres émergentes d'aujourd'hui sont les Eldorados de demain.

Tandis qu'elle parlait, elle reprenait cet air strict qui lui valait sa réputation de meneuse. Elle ne proposait ni le mercantilisme, ni la charité: elle proposait l'exclusivité. En s'installant sur la colonie, Maven assurait l'absence de concurrence, tout en permettant des prix abordables pour les habitants. La production et la livraison créeraient de l'emploi, et SinTek soignerait son image. Il n'y aurait plus qu'à faire augmenter les capacités de l'usine en fonction de l'accroissement de la population. Tels étaient les engagements de la nouvelle dirigeante...

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

A qui sait comprendre,

Certains des stratèges de l’entreprise sourirent à cette annonce. Certains autres au contraire devinrent blême. Ils avaient beaucoup de dévotion pour leur nouveau chef, mais c’était un coup de roi qui était tenté, et aussi, il fallait l’admettre, un certains coup de folie. Installer un nouveau centre de production, qui devrait pour être rentable fournir environ 30% de plus à ce qu’on produisait aujourd’hui… C’était, aux bas mots, devoir nourrir, ou soigner, environ quelques centaines de millions de personnes. En effet, SinTek était le deuxième groupe pharmaceutique de l’Empire Krypto Arkilienne, et on peut donc compter qu’ils protégéaient environ un milliard d’humains. Bref, l’exploit était possible, mais il faudrait démarcher de nouveaux clients dans une zone environnante. Et Resha, si elle permettait des prix à défier toute concurrence, du fait de l’incitation fiscale mise en place par le gouvernement, n’était pas à proprement parler une plateforme vers des mondes peuplés. Il n’y avait que deux grandes planètes à proximité relative. Teresia, une planète Apienne à laquelle on n’apporterait sans doute pas grand-chose, et Solaria, qui, avec son milliard et demi d’habitants pouvait peut être promettre quelques débouchés. Une porte restait ouverte pour Erikea, où on resterait rentable par rapport à Arkilia, du fait des aides fiscales sus citées. Bref, c’était jouable, mais cela allait être très compliqué. Beaucoup de personnes à la SinTek avait été conservées car elles étaient ambitieuses et, admettons-le, un peu folle. Toutes ces personnes eurent tout de même un frisson parcourant leur échine, le plaisir de l’adrénaline. La peur de l’échec.

Monsieur Hisamoto, Aunadariote de son état, émigré sur Arkilia il y a de longues années était le directeur de la Stratégie Extérieure, une division relativement nouvelle. S’il avait planifié quelques opérations de séduction notamment vis-à-vis de son pays d’origine et d’Alttoria, il ne fut pas surpris par l’annonce de la présidente. Ou, s’il le fut, il ne le montra pas ; ce qui était assez probable. Homme d’une politesse et d’une culture exquise, il se permit de rompre le protocole, en coupant l’herbe sous le pied de la famille biologique de Maven, et répondit en premier. Protégeant ainsi de son corps, de façon métaphorique, son supérieur hiérarchique d’une rude volée de bois vert ; qui viendrait tout de même.

Bien, nous allons donc esquisser les stratégies potentielles qui pourraient intéresser la direction générale. Mon cabinet a fait quelques études de ce qui pourrait être fait. Je m’en vais vous exposer nos travaux. Comme vous avez tous pu le comprendre, il sera très dur de créer un nouveau centre de production traditionnel et de le rentabiliser avant quelques décennies sur Resha. Peut-être même quelques siècles. De fait, nous avons imaginé une stratégie offensive. Nous pourrons imposer sur Solaria notre production grâce à nos connaissances plus avancées que le développement Solarien sur certains soins de luxes. Mais ceci n’est pas suffisant. Je remarque que Resha est bourrée de micro climats, et qu’aucun pharmacien ne s’y est intéressé. Hors, corrigez-moi si je me trompe, mais micro climat égale plante et faune endémique, signifie nature spécifique, et donc de potentielles nouvelles découvertes grâce à de la biochimie encore inédite. En bref, nous pensons qu’il faudrait doubler le centre de production par un centre de recherche, en prenant sur la taille habituelle de nos centre de production, notamment pour l’administratif. Ce qui aura le double effet positif de diminuer le nombre de clients nécessaires à la rentabilité, et de restreindre les coûts de recherche fondamentale au-delà de tout ce qui est faisable sur Krypton ou Arkilia. Pour s’imposer sur Seranon ou autres mondes, cela sera bien plus délicat, dès lors, en parallèle à l’édification du centre, nous recommandons de prendre participation financière et scientifique dans les futures explorations lancées régulièrement par l’état, ou n’importe quel pays qui viendrait à en lancer une dans le secteur entourant Resha. Il n’est pas à exclure, bien au contraire à mon sens, que nous puissions trouver un chemin plus rapide vers les cœurs économiques de la galaxie, ceux utilisés actuellement étant pour le moins surchargés. J’ajouterais que si le risque est limité, de l’ordre de quelques dizaines de millions, les bénéfices potentiels sont absolument immenses, bien qu’improbables. De l’ordre d’une vingtaine de pour cent de chance. C’est assez binaire.

Les gens étaient surpris sans l’être. Monsieur Hisamoto, grand professionnel, avait comme à son habitude récité ces paroles, sans arrêt, il connaissait bien son sujet. Il connaissait toujours bien son sujet et n’était jamais surpris. C’était quelque chose qui surprenait même quand on faisait tout pour ne pas l’être. Imperturbable, il énonçait les informations comme naturellement. Affichant sur le pad qu’il tenait en main la carte de Resha, il la fit s’afficher derrière lui, sur grand écran. Il se tenait maintenant côte à côte de Maven et ne lui accordait pourtant aucun regard, que ce soit à sa silhouette ou à son décolleté. Il avait déjà une muse qui était sa réussite professionnelle, et celle de ses enfants ; et il faudrait plus que ces artifices de rouge et de noir pour l’en faire dévier d’une once.

[Entreprise] Siège de SinTek Industries Carteresha

Vous connaissez tous Resha, capitale, Nouvelle Djirgatal, un demi-million de citoyens. J’estime que nous devrions plutôt nous diriger vers Curasis City. On y compte une belle ville de trois cent milles personnes, et, plus prosaïquement, nous pourrions y avoir bien plus d’influence que dans la capitale qui accueille beaucoup de représentations d’entreprises. Sans compter que, du fait de l’extraction du Curasis, la ville est bien mieux desservie spatialement… Et accueille les flottes en stand by, dont celles d’explorations, si vous me suivez. Pour panacher la stratégie, je proposerais de créer de petites unités d’une cinquantaine de chercheurs à raison de trois pour le continent nord, et une pour chaque continent du midi ainsi que pour Isolia. Ceci nous permettrait, à grand frais certes, de couvrir toute la planète, en exclusivité, et bien avant les autres. Enfin, ce n’est que le conseil du comité de Stratégie.

Ceci appelait réponse de Maven et serait ensuite soumis au feu probablement nourri. Monsieur Hisamoto ne put retenir une petite contraction du sourcil qui témoignait d’un léger stress. Il avait tout de même pris quelques risques, il fallait l’admettre. Aussi se retourna t’il vers Maven, attendant patiemment.

Peu de mots suffisent

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Sujet: Re: [Entreprise] Siège de SinTek Industries Sam 3 Mar 2012 - 13:11

Maven ne perdait pas un mot du directeur stratégique, un homme aussi intelligent qu'expérimenté. L'idée d'un coup de poker semblait lui plaire, pour une fois que la société connaissait de réels projets d'agrandissement. BioTek s'était toujours contentée de sa deuxième place, trop confortée dans une optique de stabilité économique illusoire. La famille Yezhevika manquait d'ambition, elle se reposait sur les exploits de ses pionniers. Les nouveaux membres n'étaient que des héritiers trop gâtés, et Maven n'avait pas la moindre envie de voir le potentiel de l'entreprise, son entreprise, gaspillé au profit de directeurs pantouflards.

- Des brevets à foison, une main mise sur la planète entière, une perspective plus qu'appréciable, en effet...... Comme vous l'avez dit vous-même, les frais seront conséquents, et notre remboursement est encore d'actualité. Le chiffre concernant l'amélioration de notre usine d'Arkilia est de 1,5 milliard. L'installation d'une usine sur Resha devrait atteindre les 500 millions. Enfin, l'aménagement d'unités de recherche devrait osciller entre 600 et 650 millions, pour un total maximal de 2,65 milliards en moyenne. Restent les salaires et l'entretien annuel... Les médias joueront en notre faveur, et la Resha n'aura d'autre choix que de nous aider dans notre installation. La situation est à notre avantage.

L’égérie de SinTek s'écarta de la scène après avoir remercié Hisamoto. La conférence s'achevait.

- J'ajouterai enfin que nous attendons de chacun une grande vigilance, durant cette période de risque. C'est pourquoi l'entreprise réserve une prime à ses tous employés. Nous comptons sur vous...

La séance de débat pouvait commencer. Les employés les plus ordinaires observaient autour d'eux, curieux de savoir qui allait parler. Les autres réfléchissaient à la manière de tourner leurs questions...

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Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

La parole a été donnée à l’homme,

Certains, probablement, réfléchissaient à la façon optimale de tourner leur question. Ce n’était pas le cas de Raânana Yezhevika. Cette dame était la tante de Maven. Tous les souvenirs qu’on pouvait en avoir étaient question de douceur et de gentillesse. Quand celle-ci avait eu le pouvoir de gérance, tout avait changé. La concurrence s’annonçait entre les deux femmes, et tout incitait à croire que cela serait féroce. Raânana, la vigoureuse, donnait tout son sens à l’expression des pratiquants de la langue de Shakespeare concernant le « Spitfire », bien loin de l’idéal de finesse de la légendaire monture de Bader et Clostermann, elle crachait le feu et la diffamation. Chaque rafale faisait mal. L’air pincée, elle tapotait sur ses feuilles. Puis, à travers ses lunettes elle fixa le collimateur. Elle les réajusta enfin.

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– Bien, je sais que vous avez une poitrine plus grosse que la normale, et qu’il faut bien que vous compensiez ça par une diminution ailleurs. J’avais des doutes, mais désormais j’en suis sur, c’est bel et bien votre organe cérébral qui a pris. Vous voulez lancez des investissements à hauteur d’environ quatre milliards de crédit, alors que nous sommes à un moment charnière de l’évolution de la société. Ces milliards vous feriez bien mieux de les consacrer à consolider notre position sur Arkilia, et à développer nos marchés sur Alganzaar et Alttoria par exemple. Ca couterait nettement moins cher, et rapporterait beaucoup plus tôt, n’est ce pas monsieur Hisamoto qu’on pourrait être bénéficiaire dans les deux ans ?
- Et bien oui, mais…
Voila, c’est bien ce que je disais. Qu’elle est donc cette stratégie que vous annoncez ? C’est du risque, de la crainte, et probablement de la perte d’argent à court terme, et donc des licenciements.

Et ceci n’était que la première des salves, un raclement de gorge, et tout le monde pu comprendre que Gerog Yeshevika, fils de la précédente ; allait parler. C’était un homme très compétent, arrogant, mais toujours à l’écoute de ceux étaient dans le besoin.

Oui, j’ajouterais aux propos de la présidente de la fondation, que d’après une étude rapide, il y a un marché pour nos antibiotiques sur Luderitz, que nous pourrions vendre à SCMedecine, avec un rendement de 80% sur dix huit mois. Enfin, ceci n’est qu’une idée en l’air, mais c’est bien évidemment à travers mon réseau que je pourrais solidifier cette possibilité. Maintenant, autre chose, l’attaque de cette nuit, que s’est il passé, expliquez nous s’il vous plait. Il y a tout de même un cadavre dont le sang a suinté sur le sol de votre chambre. Je dois admettre, que je suis assez surpris que vous ne nous ayez pas parlé de ça auparavant. On ne cache généralement rien à son conseil d’administration en théorie du moins.

Pour cacher sa pensée

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Sujet: Re: [Entreprise] Siège de SinTek Industries Dim 4 Mar 2012 - 15:32

Le visage de Maven se fit plus dur à mesure que sa chère tante parlait. L'envie pourrissait les cœurs, mais celui de Raânana n'avait jamais été aussi tendre qu'elle le laissait transparaître. La directrice, tel un miroir, réajusta ses lunettes de la même façon. Elle aimait que l'on parle de son corps, mais certainement pas en mal...

- Le cynisme est un doux refuge qui aime se faire passer pour la perspicacité... parla l'héritière, le regard acéré. Mettez votre jalousie de côté, voulez-vous...?

Elle acheva sa phrase avec un sourire en coin, mais le regard suffisamment sérieux pour que le message passe. Elle était ici chez elle, SinTek était son entreprise. La femme en rouge posa ses mains sur le pupitre, tandis que le fils s'exprimait. Il avait les compétences de sa mère, mais il savait aligner deux mots sans placer une insulte. En revanche, il se plaisait à parler des sujets houleux, en particulier lorsque cela pouvait mener à la division.

- De l'argent qui dort, c'est de l'argent qui meurt. SinTek est en mesure d'investir, et nous sommes bien assez rentables pour assurer le paiement de nos employés. Inutile de chercher à effrayer la boîte... Quand aux dépenses, qui vous parle de quatre milliards? Nous faisons chaque année une recette de près d'un milliard et demi, dette inclue, cela signifie que d'ici trois ans, nous aurons déjà couvert les dépenses... Enfin, il nous reste bien assez de fonds pour couvrir des imprévus, et nous sommes encore capables d'équilibrer sur les investissements à rendement proche. Il faut voir sur le long-terme, sans quoi nous serons noyés dans la masse.

Venait la question du mort qui avait aspergé son carrelage. Maven avait sentit venir le sujet, et ce depuis la veille. "On ne cache généralement rien à son conseil d’administration". Une nouvelle règle, inventée dans l'instant, et grossièrement mise en place, pourtant il valait mieux ne pas relever la provocation.

- L'incident d'hier soir fut un macabre événement. Un individu a fait irruption dans l'établissement, et est décédé dans la lutte visant à le maîtriser. Il s'agissait de Avi Haroutunian, l'ex vice directeur de BioTek. Son état mental fragile lui aura finalement été fatal... Triste sort, mais cela ne doit pas entraver les objectifs de l'entreprise.

Maven prit soin de ne pas mentionner ce que l'homme lui avait confessé dans son dernier râle. Elle en était seule destinataire, et n'avait aucune confiance en son entourage. Par ailleurs, son arrivée désespérée avait peut-être un lien direct avec la famille de la directrice. Elle n'écartait pas non plus l'hypothèse d'un traitre au sein même de l'entreprise, mais l'heure était à l'évolution, pas à la psychose générale...

- Je pense que nous avons terminé, acheva la directrice.

Adepte Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 08/12/2011

La passion peut se comparer à la loterie :

Tout était terminé, certes, pour un jour. Les gens en convinrent, cela ne servait à rien de jeter de l’huile sur le feu. Les discussions cependant n’avaient pas satisfait grand monde, que ce soit la mort d’Avi Haroutunian, cible théorique principale des physionomistes, ou la question des rudes investissements qu’allait devoir engager la SinTek, non, vraiment, personne n’était satisfait, et il était évident que Maven, en cas d’échec, verrait son pouvoir remis en cause par une partie de l’actionnariat qui serait appuyée par une part certaines des ouvriers, ayant avant tout peur pour leur emploi. Bref, on avait juste convenu de repousser les affrontements, et ceux-ci pendaient aux nez de toute l’entreprise.

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Plusieurs personnes firent remarquer avec douceur qu’il serait bon de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, et que, ménageant le chou SCMedecine et le partenariat sur Lüderitz seraient d’un intérêt réel. Sans compter qu’on pourrait peut être espérer éloigner un peu le fils de sa mère, et donc diviser les adversaires. Tout ceci n’était pas dit, mais cela pouvait être compris avec une analyse très restreinte.

Maven ne put aller déjeuner sans apprendre qu’elle serait convoquée au Commissariat central d’Arkilia de l’après-midi. Un inspecteur, monsieur Pien, souhaitait éclaircir quelques détails obscurs. Effectivement, la veille cela n’avait pas pu être fait, le temps pressant. Le policier, conscient de l’agenda forcément chargé de la directrice du SinTek avait fait part de sa disponibilité sur tout l’après-midi, mais il aurait aimé qu’on précise rapidement un horaire. Bien sûr, il était impossible de couper à cette entrevue, et il serait extrêmement mal vu d’envoyer un avocat, du moins, de l’envoyer sans Maven.
Pour finir, quelques juristes très compétents, comme il en existait énormément dans cette entreprise signalèrent qu’avec les aides de l’état, et celles de la Colonie de Resha, les investissements pourraient être réduits ou lissés dans le temps, ces organismes gouvernementaux voyant d’un très bon œil l’installation d’activité dans cette future, on l’espérait, pépite de l’Empire. Là aussi, il faudrait peut être fixé un entretien pour en définir des modalités précises. La Présidente était overbookée.

duperie certaine et bonheur cherché par les fous !

Sujet: Re: [Entreprise] Siège de SinTek Industries Jeu 22 Mar 2012 - 20:26

Maven devait mettre beaucoup de volonté pour ne pas grincer des dents. La réunion était terminée depuis une dizaine de minutes, et la directrice prenait un malin plaisir à imaginer mille supplices à infliger aux membres de sa famille. Elle se trouvait à présent au volant de sa voiture de fonction, une voiture aux couleurs de sa propriétaire, à l'image de SinTek toute entière. Contrairement à la plupart des chefs de grandes entreprises, l'héritière des Yezhevika conduisait elle-même, sans chauffeur. C'était une activité qui la détendait: les vitres teintées lui permettaient d'observer autour d'elle en toute intimité. Naturellement, la qualité de la voiture ne laissait personne indifférent, mais Maven ressentait une certaine flatterie en voyant les visages envieux et plein de questions des citadins.

Ainsi, la directrice parvint jusqu'au lieu de rendez-vous, au commissariat central d'Arkilia. Maven souhaitait boucler l'affaire de la veille au plus tôt, car c'était le genre d'ennuis qui prenait racine si l'on en tenait pas compte rapidement. Elle mit pied à terre, traversa le parking du commissariat, et pénétra dans l'établissement. Après quelques échanges avec l'agent chargé de l'accueil, le bureau de l'inspecteur Pien lui fut désigné. La porte étant grande ouverte, Maven fit connaître sa présence en frappant sur l'embrasure.

- Inspecteur Pien? interpella-t-elle. Bonjour à vous. Je tenais tout d'abord à vous remercier de ce délai que vous m'avez accordé. Nous pouvons y aller.

L'entretien allait pouvoir commencer... La directrice préférait jouer la carte de la transparence, sachant qu'elle n'avait rien à se reprocher. Elle avait également prit la décision de ne pas convoquer son avocat, du moins pas dans l'immédiat, afin de ne pas compliquer la situation. SinTek devait faire bonne figure auprès du gouvernement, et la moindre enquête suspecte aurait été une aubaine pour les mauvaises langues...

[ HRP : Post un peu court, en réel manque de temps x) Mes excuses les plus distinguées! ]