A la fin...Le commencement

HP : Vincent.
Bonjour à tous, ravis de jouer avec vous. Bon jeu !
P : Adrianus Anguis Impetum.

"Adrianus !"
La voix résonna dans sa tête, mais il n'y prêta guère attention. Il était plongé au plus profond de ses pensées, dans un lieu familier de son esprit, qui l'avait préservé pendant 28 années.
"Adrianus !!"
La voix se fit plus pressante et plus forte. Et pourtant, elle n'eut pas plus d'effet que la première fois. Il l'intégra au brouhaha général de l'immense salle de remise des prix de l'académie stellaire supérieure de Seranon. Il se replongea plus profondément encore dans les méandres abyssales de son psyché. Il se repassait les années de formation intensive de l'académie militaire stellaire la plus prestigieuse de Seranon.

Et elles avaient été bien remplies.
Fidèle à lui-même, Adrianus s'était d'emblé fait de nombreux ennemis, et trop peu d'amis. Trop peu étant une belle surestimation par ailleurs. Un unique personnage haut en couleur avait décidé de faire d'Adrianus Anguis Impetum son "meilleur ami". Il ne le connaissait même pas ! Et puis, qui aurait voulu d'un ami comme lui ? Ce furent les pensées qui l'agitèrent alors. Il le rejeta immédiatement et de toute ses forces. Puis, il dût faire marche arrière. Il n'avait pas le choix. Les TD de navigation astrostellaire se déroulaient par groupes de 2. Et bien évidemment, personne d'autre ne voulait être avec lui.
Il ne pouvait bien entendu pas les blâmer. La jalousie faisait des ravages. Et tout en lui imposait une irrémédiable jalousie de la part de ses camarades. Un père, général d'un Empereur. L'appui d'un Magistratorum d'une ville. Et puis...N'était-il pas le seul alors présent à avoir dirigé une véritable bataille ? Pire encore, l'un des professeurs avait décidé d'imposer l'étude de sa manoeuvre à toute la classe. Quel mal ne s'était-il pas donné pour cacher, vainement, sa fierté ? Son regard, si expressif, indiquait très clairement : "regardez, vous ne m'arrivez même pas à la cheville...".
Et pourtant, cet énergumène avait tenu à être son ami. Il l'avait félicité chaudement de sa victoire. Pire encore, il semblait...simplement sincère. C'était impensable.

Il se posa alors de nombreuses questions. Y avait-il un danger à avoir des amis ? Il y a toujours des dangers à avoir des gens en qui on tient. Adrianus savait une chose : il vaut mieux ne tenir qu'à soit-même. Et puis le premier TD d'astronav' s'était bien déroulé, au final. Et pourtant, en trois heures, Adrianus avait réussit l'exploit de ne jamais adresser directement la parole à son partenaire. Il ne connaissait même pas son nom.

"Haldenius." Lui lança alors son compagnon de fortune. "Haldenius." Répêta-t-il. "C'est comme ça que je m'appelle." Ajouta-t-il. Adrianus ne répondit pas. Deux minutes plus tard, il ne se souvenait même pas de ce prénom.
"L'astro, ce n'est pas ton fort, n'est-ce pas, Adrianus ?" lui demanda Haldenius. Lui avait retenu son nom. Il n'avait du l'entendre qu'une ou deux fois. Lors des appels.
"Je dois y aller. J'ai un exposé à préparer sur la Troisième Bataille d'Eryn..." Répondit enfin Adrianus, plus pour lui-même.

Quelque temps plus tard, pendant une longue soirée d'étude, durant laquelle Adrianus planchait désespérément sur un problème d'astronavigation dont il voyait mal les tenants et aboutissants, Haldenius entra dans sa chambre d'étude. Il était trempé, et l'eau ruisselait le long de son lourd imperméable aux couleurs de la flotte Séranienne.
"Quel fichu temps de chien à dents de sabre ! A ne pas y mettre un chat sylvestre dehors !" Envoya-t-il, tout en se défaisant. Il dévoila de ce fait un paquet cylindrique.
"Tiens, Adrianus. Bon anniversaire !" Lui souhaita-t-il en tendant l'objet.
Adrianus ne tourna que la tête, observant l'objet d'un regard circonspect. "Je ne fête pas mon anniversaire." Répondit-il simplement.
"ça, je m'en fiche. Tiens, prends, et ouvre-le !" Ordonna soudainement Haldenius. Sa voix prenait soudain un accent plus impérieux. Et Adrianus prit l'objet, et commença à le défaire. Sans un remerciement.
C'était un sabre brisé. Une inscription finement gravée d'or sur la lame indiquait : "In Victoria smile ad in lucida spiritu". "La victoire sourit à l'esprit vif". L'une des devises de feu son père.
"Oui, Adrianus, c'est celle de ton père" Lui confirma Haldenius. "Il...Il la portait sur lui lorsqu'il a sauvé mon père." Annonça-t-il difficilement, les yeux s'embrumant à cette pensée. "Juste avant de mourir." Termina-t-il.
Tout était devenu si clair. Son père était mort pour protéger celui d'Haldenius. Ce dernier pensait avoir une dette de sang.

La forteresse intérieure d'Adrianus vola soudainement en morceaux. Son regard était plongé dans la contemplation de ce sabre brisé à la lame émoussée. Et de cette gravure. Mais elle ne lui rappela point la dureté de son éducation. Non ; elle lui rappela les valeurs que son père lui avait inculqué. Valeurs qui lui avaient apportées gloire et renommée à Sernea durant la guerre civile. Et pour la première fois de son existence, il vit son père comme tel. Non pas comme un éducateur militariste forcené, mais simplement comme un père qui souhaite offrir le meilleur de lui-même à son unique enfant. Et en cela, il avait si parfaitement réussit. Pour la première fois depuis la mort de son père, Adrianus le regretta.
Il fallut encore cinq minutes pour que les dernières positions fortes de son esprit s'écroulent à leur tour.
"Dire qu'il n'était pas là pour me voir à Sernea...Dire qu'il n'était pas là pour être enfin fier de moi..." Se lamenta le fils du Général Anguis Impetum.
"Mais il l'aurait été." Répondit Haldenius, sans équivoque. "A toi maintenant de prouver que tu peux mieux faire, que tu n'es pas simplement digne de lui ; mais que tu es encore meilleur. A toi de relever ce défis."

La forteresse intérieure s'était reconstruite, plus forte encore qu'avant. Notamment, une nouvelle fortification s'était ajoutée à l'édifice, inébranlable : l'amitié.

A eux deux, ils avaient bravé les épreuves, une à une. Haldenius était, de loin, le meilleur des astronavigateurs de la promotion. Et Adrianus prouvait, encore et toujours, sa maîtrise tactique absolue. Il changeait tout le temps de manière de procéder, et les autres élèves n'étaient jamais en mesure de le mettre en défaut durant les TD, et les reconstitutions de batailles historiques.
Et malheureusement pour eux, il n'usa pas de ses fabuleuses capacités uniquement dans les TD. Afin de ne faire face à un colossal front commun, il sema astucieusement les graines de la discorde. De l'ordre, il créa le chaos. Ses ennemis se divisèrent, et furent bientôt occupés les uns avec les autres. Plus personne ne se souciait des deux véritables amis.
Avec le temps, ces discensions s'affaiblirent, mais jamais ne disparurent. Haldenius et Adrianus en furent tranquiles pour quelques années.

"Adrianus !!!"
Cette fois, la voix le fit sursauter. Il revînt brutalement à la réalité, et ouvrit à nouveau les yeux.
"Heu, oui ?" Répondit-il assez maladroitement.
"Encore perdu dans tes pensées, hein ? C'est ton tour...On t'a appelé à l'estrade..." Lui expliqua Haldenius, qui portait la couronne de laurier du major de promotion.
"Ah. Pardon. Merci. J'y vais...Pousse-toi un peu que je passe..." Toujours au seuil de la réalité, il manqua de trébucher sur son sabre d'apparat. Cadeau d'anniversaire de l'an dernier, de la part du proviseur de l'école. C'était en fait le sabre de son père, qui avait été reforgé. L'inscription originelle avait été conservée avec précaution, et une nouvelle avait été ajoutée : "Pater tri que filius".

Serrant fermement son sabre, et tirant légèrement sur son ample cape noire afin d'éviter de l'emmêler autour du fourreau ou de sa jambe, il avança d'un pas plus assuré vers l'estrade. Passant devant ses anciens "ennemis", il releva son menton, rêvêlant un visage pleine de majesté.

"Cadet Adrianus Anguis Impetum" L'appela le Proviseur.
"Ave Magister !" Répondit en retour Adrianus, en se frappant la poitrine de son poing droit ganté d'un noir velour.
"Soixante-seizième de la promotion. Affecté à la Frégate "Vae Victis". Félicitations, Officier." Annonça solennellement le Proviseur. Puis, son visage habituellement dur se détendit soudain.
"Et Prix de l'Excellence en Art de la Guerre, toutes écoles confondues pour l'année. Cette réussite rejailli sur toute l'école. Je vous félicite. Soyez à présent digne de votre sabre, de votre serment, de votre uniforme, et servez Seranon dans la Gloire et dans la Mort, repoussant la Peur, repoussant la Honte." Déclara-t-il enfin.
"J'en serai digne." Répondit simplement Adrianus, en se penchant humblement en avant pour honorer le Magister Tri ainsi que le voeux d'accompagnement mille fois répêté.

Sa nouvelle vie venait enfin de débuter, et devant mille élèves, sa supériorité tactique venait d'être publiquement reconnue. Plus rien ne serait plus jamais comme avant.

HP : Je considère que la missive est hautement protégée...Et que même mes supérieurs directs ne sont pas forcément au courant

P :
Adrianus relut plusieurs fois la missive, sentant la progressive poussée d'adrénaline. Pour autant qu'il le sâche, ce n'étaient pas tous les jeunes officiers promus qui étaient appelés à appuyer la Cohorte Caesar. Etait-ce son nom - et donc, le fait d'être le fils d'un ancien général - ou était-ce sa réussite tactique reconnue à l'académie ? Il n'en savait rien, et osait espérer que le second choix était le bon.

Il alluma son petit écran de communication, et choisit la passerelle. Un officier humain à la mine légèrement renfrognée lui répondit.
Terastus - Ave, Trierarque ! Que puis-je pour toi ?

Adrianus - Ave, Terastus. J'ai besoin d'une information essentielle. Calcule-moi immédiatement le temps de trajet entre notre position actuelle et la base de Serania.

Terastus - Bien, Trierarque. Je mets mon meilleur adjoint d'astronavigation sur le sujet, ce sera...

Adrianus le coupa net d'une voix qui ne souffrait aucune remise en question de ses instructions.

Adrianus - Non ! J'ai dit : "calcule-moi". Par cela, j'entendais que TOI, Terastus, tu me calcules ce temps. Rappelle-moi dès que tu as l'information.

Terastus s'empourpra légèrement - il n'aimait pas particulièrement se faire rabrouer de la sorte, et encore moins de la part d'un officier qui avait nettement moins d'expérience que lui. Mais il se reprit. S'emporter contre son Trierarque était le plus sûr moyen d'en finir rapidement avec sa carrière.
Terastus - Oui, Trierarque. J'ai bien compris.

Adrianus - Parfait ! Adrianus terminé.

Adrianus coupa la communication avec la passerelle. Puis, il sélectionna son second ainsi que le responsable de la propulsion, le "chef-mach" comme on le surnommait dans le bord.
Adrianus - Justinius, Leo. Rejoignez-moi rapidement dans mon bureau.

Justinius, commandant en second du Vae Victis, était un officier expérimenté, qui portait les nombreuses traces des combats passés. Techniquement, il aurait du hériter du commandement du Vae Victis. Mais il avait décliné, préférant le contact avec l'équipage imposé par son rôle de second, au rôle de commandant qui l'éloignait de l'équipage. De fait, c'était un grand humaniste qui gardait toutefois une vision extrêmement claire et réaliste de la guerre dans toute son horreur. Mais malgré toute son expérience, il fut intrigué par l'appel de son jeune commandant.
Justinius - Un problème, Trierarque ?

Adrianus - Rien d'insoluble. Mais j'ai expressément besoin de vous deux dans mon bureau.

Justinius - Très bien, j'arrive immédiatement.

Leo, un autre officier humain de l'équipage, mais dont la force physique égalait celle des Tieffelins, aurait très bien pu commander un groupement de fusiliers. Mais il était en fait le mécanicien en chef. Et plus qu'une force de la nature, il avait la capacité à trouver des solutions à toutes les pannes possibles et imaginables qui pouvaient survenir sur ce vénérable vaisseau de combat. Il était donc particulièrement indispensable au Trierarque Adrianus Anguis Impetum.
Leo - Pour ma part, je vais me laver un peu les mains, et j'arrive, Trierarque.

Cinq minutes plus tard, les trois officiers étaient réunis dans le petit bureau d'Adrianus. Un bureau qui devenait aussi une chambre à la faveur de la nuit artificielle qui engouffrait le Vae Victis tous les jours à 20H00. Elle n'était pas très richement décorée. On y trouvait le sabre d'apparat du Trierarque, qu'il conservait comme une relique personnelle, et un petit tableau représentant la hiérarchie de la flotte, et l'état-major du vaisseau. Justinius avait négligemment posé sa fesse droite sur le bureau du Trierarque, repoussant en les écornant quelque paperâsse peu engageante, sous le regard froid de celui qui aurait à s'en occuper. Leo, quant à lui, profitant de ses mains propres, se jeta voracement sur les petites olives vertes que le maître d'hotel avait apporté pour la réunion.
Adrianus attendit quelques instants que la voracité de son Chef-mach se fut tarrie, et que son attention lui soit entièrement dédiée. Quand ce fut le cas, il se leva, et présenta une missive sans aucun marquage officiel, et encore moins de la hiérarchie du Vae Victis.
Adrianus - Je viens de recevoir cette missive. Elle m'a été envoyée personnellement par Maximus Aurelius. Elle n'en dit pas long, si ce n'est que nous devons rapidement rejoindre la base de Serania.

Justinius - Certes...Bien que je ne comprenne pas bien la raison de cette demande...La Cohorte Caesar dispose déjà de tout ce dont elle a besoin.

Adrianus - Là n'est pas le problème, Justinius. Le problème est de rejoindre la base, sans parler de cette missive à quiquonque, sans éveiller le moindre soupçon.

Justinius se gratta doucement son bouc impeccablement taillé.
Justinius - Bien, je pense que nous pourrons trouver toute sorte de bonnes raisons de rentrer à la base...

Adrianus - D'où la présence de Leo.

Ce dernier se retourna, avala rapidement la savoureuse olive qu'il machait, et jeta un regard inquisiteur à Adrianus.
Adrianus - Je veux que tu me trouves une raison mécanique qui nous force à rentrer. Tout ceci, sans sabotage d'aucune sorte.

Leo - Sans sabotage, il y a toutes sortes d'erreurs professionnelles que je peux trouver.

Adrianus - Sans impliquer le moindre membre d'équipage dans la faute ?

Leo - Oublie ça. Mais ça va être chaud, très chaud, même, de trouver un problème là où il n'y en a pas.

Adrianus - Avec les heures de marche et les potentiels peut-être ?

Leo - Oui, ça pourrait fonctionner, sauf que...

Adrianus - Sauf que ?

Leo - Sauf que pour le moment, on est encore dans le vert. Orangé, certes, mais dans le vert.

Adrianus - Mais si, pour une raison étrange, nous nous mettons à utiliser notre plein potentiel de combat pendant quelques temps...Nous aurions une chance de passer dans le rouge ?

Leo réfléchit un moment. Puis, il sortit un petit mémo électronique de sa poche, et tappa quelques lignes de commandes.
Leo - Oui. Il faudrait un fonctionnement militaire à pleine charge pendant soixante-douze heures, avec boucliers et charges d'énergie pour l'armement. Là, je passerai dans le rouge dans la production de l'énergie et des moteurs de propulsion. Je serais obligé de te demander de passer sur la moitié des moteurs uniquement.

Adrianus - Bien. Alors, ce que nous allons faire...

Le Trierarque n'eut pas le temps de terminer sa phrase, il en fut interrompu par la sonnette de son intercom. Il l'activa, et se rassît à son bureau. L'écran bourdonna, et s'afficha la visage de Terastus. Il arborait un air un peu plus satisfait que tout à l'heure.
Terastus - C'est fait, Trierarque. J'ai les données demandées. Il nous faudrait quatorze jours à propulsion standard pour y arriver.

Adrianus - Et donc vingt-huit jours en économisant le potentiel.

Terastus - Tout à fait, Trierarque.

Adrianus - Merci Terastus, Adrianus terminé.

Il coupa la communication et revînt à ses deux interlocuteurs.
Justinius - Et bien, on dirait que tout se goupille bien...Reste à trouver une raison de passer en puissance militaire totale pendant soixante-douze heures.

Adrianus - Ce sera ton travail, Justinius. Va à la Passerelle et au Centre d'Information de Combat. Fais pousser les senseurs à leur puissance maximale, et fouille le secteur à la recherche de tout, et surtout n'importe quoi de potentiellement suspect, ou intéressant à aller vérifier. N'importe quelle anomalie conviendra. Dès que c'est bon, tu me préviens, et pour exercice, nous passerons au poste de mise en garde, en puissance militaire de combat.

Justinius - Pas bête, Trierarque. Je m'en charge immédiatement.

Justinius frappa sa poitrine de son poing droit, puis sortit du bureau du Trierarque Adrianus Anguis Impetum. Seul resta Leo, qui avala une dernière olive avant de déclarer :
Leo - Je vais tout de même refaire des check-list...On a peut-être des manques quelque part...On ne sait jamais. Il faudra peut-être envisager un ravitaillement en huile ou en deuterium. Je te tiens au courant.

Adrianus - Parfait. Au travail !

HP : En fait, dans l'idée que je me faisais de ma patrouille c'était une patrouille intra-système, en restant sur moteurs subluminiques. Et donc, tout trajet "cours" devient très long. Mais si tu veux, on peut dire qu'on est trèèèèèèèès loin ^^

P:

Un coup de chance phénoménal. Ces pirates, contre-bandiers, ou tout autre chose étaient une véritable aubaine. En temps normal, Adrianus se serait arrangé pour une interception discrète, en se servant de l'accélération déjà acquise pour réduire au maximum sa signature énergétique et tomber sur son adversaire par surprise. Mais aujourd'hui, c'était différent ! Il allait offrir à ce contact inconnu mais certainement hostile la chance de sa vie. Il découvrit un sourire de prédateur à cette idée, puis quitta son bureau.

Il remonta les coursives exigues de la frégate, croisant ici et là quelques membres d'équipage en cours d'entretien. Il ne leur accorda pas un mot inutile, et poursuivit sa route. En passant devant la cuisine, une étrange odeur de Qalark fûmé agressa ses narines, et il pressa le pas. Pourvu que ce ne soit PAS du Qalark. Il arriva enfin à la passerelle. A son entrée, tous se mirent au garde à vous, au son d'un "A vos rangs, fixe !" parfaitement orchestré avec son premier pas à l'intérieur du pont de navigation.
Adrianus - Repos !

Les hommes retournèrent à leurs tâches diverses, mais qui toutes concordaient vers un unique but : la bonne astronavigation du Vae Victis. Adrianus jeta un coup d'oeil au radar de navigation, ainsi qu'aux ordinateurs, et visualisa rapidement la position précise de son bâtiment de combat. Puis, il se plaça aux côtés du chef du quart - qui n'avait pas encore été relevé.
Terastus - Trierarque ?

Adrianus - C'est moi, effectivement.

Il avait répondut plus froidement qu'il n'aurait voulu. Pire encore, cette réponse ne servait à rien d'autre qu'à augmenter l'inimité d'un de ses officiers. Compétent dans son domaine qui plus est.

Adrianus - Calcule-moi un vecteur d'interception du contact du cadran 12-1. Pleine puissance militaire.

Terastus - Heu...D'accord, Trierarque...Mais...On va être rapidement détecté à ce jeu-là.

Adrianus - C'est parfaitement exact, Terastus. Et c'est un peu le but de la manoeuvre. Maintenant, je veux une belle route d'interception.

Terastus - Pardonne-moi mon ton, mais je ne vois pas ce qui autorise une telle erreur tactique ! Quand tu es arrivé à bord, on m'a dit que tu avais été primé pour ton excellence tactique ! Ce genre d'approche hurlante n'est pas exactement pour me convaincre.

Adrianus - Soit. Pour répondre à la question de l'erreur tactique, mon but est de me faire repérer. Cela va avec ma stratégie. Tu n'as pas à comprendre. Tu n'es pas au Centre d'Information de Combat. Tu es juste Astronavigateur de quart.

Il laissa un petit temps d'arrêt, sortît de sa poche un gant de cuir noir, y fourra rapidement sa main droite, puis se retourna vers son officier en le foudroyant d'un regard inhumain.

Adrianus - Pour ce qui est de la question de l'insolence...

D'un mouvement vif, bien plus rapide que ce dont l'humain était capable, Adrianus attrapa Terastus au cou de sa main gantée, le souleva du sol, et le colla contre la cloison.

Adrianus - ...Je n'aime pas vraiment ça. Je suis le commandant de ce bâtiment, Terastus. Ne l'oublie jamais. Chacun, ici, me doit respect et obéissance. Même si j'ai 28 ans. Même si, a priori, j'ai moins d'expérience que quiquonque. Je suis le commandant, les responsabilités sont sur MES épaules. Et enfin...J'accepte que tout officier ne soit pas d'accord avec mes vues...Mais si tu remets à nouveau en cause mes ordres devant les hommes...

Le commandant du Vae Victis pencha légèrement la tête de côté, et dévoilà un sourire carnacier ainsi qu'un regard noir ; le tout donnant un parfait air de psychopathe.
Adrianus - ...
Il laissa sa phrase en suspent...Puis sourit de manière sympathique, et desserra son étreinte sur la gorge de Terastus.
Adrianus - Je te laisse imaginer. Mais en tout cas, mon imagination à moi est absolument sans limite. Au travail. Interceptez-moi ces contre-bandiers ou pirates.

Terastus se massa la gorge endolorie, qui portait les marques du gant de cuir de son commandant. Il mit quelques secondes avant de pouvoir répondre simplement :
Terastus - Oui, Trierarque. Je m'en occupe immédiatement.

Adrianus - Parfait ! Bonne chasse à tous !

Adrianus se retourna, sortit de la passerelle, et se dirigea vers le C.I.C. La pièce était plongée dans une obscurité que venaient chambouler les lueurs des écrans de consoles radars. Le calme règnait alors, mais Adrianus savait que ce n'était pas toujours le cas. Au C.I.C., il n'était pas de coutume de se lever à l'arrivée du commandant. Seul se levait l'Officier de Quart Opération, l'OQO. Ce qu'il fit, avant de s'incliner très légèrement vers Adrianus.
Publius - Trierarque...

Adrianus - Bonjour Publius. Tout d'abord, félicitations pour m'avoir trouvé ces contacts suspects. Ils dénotent la persévérence de ton équipe, et de toi-même. Je suis fier de vous.

Publius allait répondre, certainement quelque chose du genre "nous n'avons fait que notre travail". Mais sa potentielle réponse fut balayée d'un geste de la main du Trierarque.
Adrianus - J'ai ordonné qu'on passe en puissance militaire maximale d'impulsion pour une interception 0-0.

Publius - On va nous repérer rapidement !

Adrianus - Exact. Et tant qu'à faire, je veux que tous les systèmes d'armes soient activés. Boucliers relevés. Systèmes secondaires de secours parés.

Publius - Nous passons aux postes de combat ?

Adrianus - Pas exactement. Nous passons en configuration de combat. Au niveau de l'équipage, nous ne passerons aux postes de combat qu'une demie-heure avant l'interception elle-même.

Publius - Très bien. Puis-je connaître ton idée de manoeuvre ?

Adrianus - Affirmatif. En fait, nous allons laisser derrière nous 12 de nos chasseurs, dont le commandant d'escadrille. Systèmes de survie en fonction, ordinateur de bord en fonction, le reste hors fonction pour le moment. Rations de combat à bord, pillules pour le sommeil également.

Publius - Excuse mon interruption, mais...ça sent pas un peu le saut intra-système ?

Adrianus - Si. Nous interceptons donc notre ennemi. J'escompte bien qu'ils envoient leurs chasseurs sur la frégate pour couvrir la retraite des cargos. Pendant ce temps, nous serons en communication par liaison de données avec nos chasseurs. Nous leur enverrons une situation claire permanente par faisceaux, histoire de ne pas se faire remarquer.

Publius - Pour sûr. Une com. faisceau au milieu d'un vaisseau en pleine puissance de combat, ça ne se voit pas plus qu'un foutu acarien sur mon oreiller !

Adrianus - C'est le but. Lorsque la distance se fera entre leurs chasseurs - qui combattront le Vae Victis - et leur cargo, les chasseurs effectueront un saut HE, et viendront Hyper-intercepter les cargos. Leur but sera la destruction des moteurs des cargos et d'obtenir leur reddition, avant de se retourner contre les chasseurs ennemis.

Publius - Astucieux...Et pour nos 4 derniers chasseurs ?

Adrianus - Ils participeront à la défense du Vae Victis contre les 24 appareils ennemis. Nous utiliserons avant tout le feu du Vae Victis, et nous ferons des passes rapides avec nos 4 appareils pour abattre quelques chasseurs et semer la pagaille. Je veux dire : On effectue un tir de barrage. On stoppe le tir en coordonnant une attaque rapide et foudroyante de nos 4 chasseurs. Ils se replient immédiatement sous couvert d'un nouveau tir de barrage.

Publius - Je vois. Ce ne sera pas facile, Trierarque.

Adrianus - Je m'en doute. Je te laisse donc tout le temps jusqu'à l'interception pour travailler ça sur les consoles d'exercice. Ah, et mets ton meilleur opérateur d'interception comms pour la bataille : si on peut trouver le leader de leur formation de chasseur, et l'abattre dans une contre-attaque...

Publius - Bien compris. Je vais donc préparer des séances d'entraînement intensives pour préparer la prochaine bataille...

Publius avait l'air ravis. Ce plan l'enchantait au plus haut point. Il prenait si radicalement à contre-pied ce qui se faisait habituellement, et ce qui était précaunisé dans le manuel, sans toutefois être dénué d'une certaine intelligence. Même s'il ne serait pas simple à mettre en oeuvre. Mais il avait un peu de temps devant lui pour entraîner ses équipes pour cette manoeuvre particulière. Il était temps de prouver au Trierarque sa valeur !

Adrianus, pour sa part, quitta le CIC, et s'en retourna vers son bureau pour une petite séance de méditation. Il avait également un peu de temps libre, et souhaitait l'utiliser pour appaiser son esprit après son accès de colère contre Terastus. Et puis, quel plaisir de retrouver sa si chère solitude !

HP : Ouaiiiis de l'action Et merci pour le lien, la zic est bien

P :

Adrianus se sangla dans son fauteuil de commandement, sur la passerelle. Il remarqua du coin de l'oeil que ses hommes l'observaient discrètement. Ils cherchaient certainement en lui des signes de faiblesse ou de force. Il leur offrit donc un sourire satisfait. Plusieurs retournèrent ainsi à leurs consoles. D'autres ne furent sans doute pas encore convaincus totalement, mais ils avaient également du travail.

Le combat. Le véritable combat. La vie de centaine d'hommes entre ses mains. La destinée immédiate de dizaines d'autres entre ses mots. Ce pincement au ventre, cette accélération soudaine du battement de son coeur, cette augmentation de l'adrénaline, cette concentration fabuleuse, cette reflexion permanente et éclair, cette prise de risque meurtrier. Le combat tout entier englobait maintenant le corps et l'esprit d'Adrianus Anguis Impetum, quelques vingt-cinq années après son père.

Machinalement, sans même y faire attention, il attrapa le micro de diffusion générale, puis se mit à parler.
Adrianus - Messieurs. Il y a des centaines d'années, les premiers pionniers s'en furent dans les profondeurs abyssales de l'espace, dans un inconnu terrifiant et merveilleux. Alors que leurs vaisseaux primitifs s'enfonçaient de plus en plus profondément dans l'inconnu, ils perdaient toute emprise sur leur destin. Leur vie et leur mort ne dépendait plus d'eux, mais de ce qu'il y aurait à l'issue du voyage; si issue il y avait.

Il prit une inspiration, puis poursuivit.
Adrianus - Aujourd'hui, notre bâtiment de combat intercepte une force pirate de deux cargos modifiés en corvettes, appuyés par une importante force de chasseurs. Comme les colons d'autre fois, vous faîtes maintenant face à la mort, au danger. Sauf que vous avez toujours l'emprise sur votre destin. Sauf que c'est à vous de prouver une bonne fois pour toute que l'équipage du Vae Victis a déjà reçu ses lettres de noblesse au combat, et que quelques vaisseaux pirates ne pourront rien pour les lui enlever.

Les images des combats pour son ancienne ville natale lui revinrent en mémoire. Il se rappelait notamment des combats au corps à corps pour conquérir l'immeuble du QG des pirates tortionnant Sernea. L'espace d'un instant, il eut même l'impression de ressentir son ancienne blessure à l'arcade sourcilière. Il la toucha légèrement du doigt. Le combat, quelque délectable moment.
Adrianus - Votre, je veux dire, notre vaisseau, a une glorieuse histoire. Nous nous devons de la respecter. Rajoutons ensemble ces quelques vaisseaux sur son déjà épais palmarès. Aux postes de combat, messieurs, pour la Mort et pour la Gloire. Nous aurons les deux aujourd'hui, alors soyons-en digne.

Adrianus reposa le micro puis se mit à l'aise, croisant les jambes, et agrippant sa jambe supérieure de sa main gauche. Il observa un instant l'écran tactique, et apprécia le professionnalisme de l'équipe de détection et de préparation tactique. Leur expérience passée était palpable dans chaque icône qui apparaissait. Il observa ensuite Terastus. Ce dernier ne se préoccupait pas du Trierarque, et semblait absorbé par la manoeuvre en cours...Ce qui prouvait tout de même son professionnalisme. Il était certainement prodigieusement agaçant, mais il n'en restait pas moins un homme loyal à Seranon et très compétent dans son domaine.
Adrianus - Terastus. Il est temps. Coupure de la propulsion principale, on court sur notre erre. Fais pivoter le Vae Victis de manière à présenter notre flanc à l'ennemi.

Terastus fut surpris de l'ordre du Trierarque. La plupart des jeunes commandants rechignaient à couper leur propulsion principale et à avancer "en crabe", en profitant de l'accélération déjà acquise. Et pourtant c'était l'approche la plus logique
Terastus - Oui, Trierarque ! Moteurs principaux : Stoppez ! Propulseurs de manoeuvres : Avant bâbord deux tiers, arrière tribord deux tiers !

Les ordres furent répêtés par les servants, et éxécutés. La frégate de classe Antarès cessa d'accélérer, et se mit à pivoter. Elle filait toujours dans la même direction, mais montrait à présent le flanc.
Terastus - Propulseurs de manoeuvre : Stoppez ! Avant tribord un tiers, arrière bâbord un tiers !

Terastus stoppa le pivotement en actionnant les propulseurs inverses. Puis, il fit tout stopper. Le bâtiment pointait son flanc armé jusqu'aux dents aux bâtiments pirates. Satisfait de la manoeuvre, il s'approcha du Trierarque, qui lui accorda un hochement de tête de satisfaction. Ce dernier activa la communication avec la section armement :
Adrianus - Ciblez les corvettes ennemies. Tir de torpilles à proton en décalés, suivi immédiatement d'un roulement de turbolasers. Tir de barage des canons légers. Cherchez avant tout à désorganiser toute attaque de la chasse ennemie.

Puis, il bascula sur la section communication :
Adrianus - Poussez au maximum les capacités de brouillage radio. Tentez de trouver la fréquence ennemie, et infiltez-vous dedans pour y mettre le chaos. Identifiez l'unité amirale.

Il sélectionna ensuite la section de l'OQO :
Adrianus - Publius. J'espère que tu t'es bien entraîné. Bien, à chaque attaque de la chasse ennemie, tir de désorganisation des batteries anti-chasseurs et canons ioniques ; puis attaque éclaire de nos 4 chasseurs de combat. Le but est de défaire la formation ennemie, et qu'elle entoure le Vae Victis. Là, vous utiliserez les chasseurs et l'armement pour les empêcher de mettre au point une attaque concentrée. Dès lors que leurs chasseurs seront plus proches de nous que de leurs corvettes, tu ordonneras à nos 12 chasseurs en réserve de sauter derrière les deux Bulwark ; et de les immobiliser en attaquant les moteurs au missile. Puis, tu les rabattras dans la formation de chasseurs ennemis.

Publius - Reçu, Trierarque. Nous nous en occupons immédiatement.

Adrianus coupa la communication avec Publius, puis contacta le PC Machine. Le plus grand dévoreur d'Olive qui fut lui répondit rapidement.
Leo - Trierarque ? Quelles sont vos consignes pour la bataille ?

Adrianus - Energie : Déviez la puissance libérée des moteurs vers la régénération des boucliers. Sécurité : Ma priorité est la défense anti-chasseur et la protection des Boucliers. Protégez ces systèmes en particulier si vous devez en sacrifier dans la lutte contre les avaries. Propulseurs de manoeuvre : Toute la puissance en permanence. Avez-vous contact avec les équipes médicales ?

Leo - Affirmatif. Elles ont déjà rejoint les postes de zone. Les infirmeries de secours sont activées et parées à recevoir des blessés.

Adrianus - Excellent. Priorité au personnel armement léger, systèmes d'énergie, propulsion auxiliaire, et du Centre d'information de combat.

Leo - Reçu Trierarque, je transmettrai les priorités au Doc.

Adrianus - Parfait. Bonne chance à l'équipe Machine !

Le jeune commandant coupa la communication avec Leo, puis revînt à la situation présente. Les premiers traits de turbolasers étaient échangés. La bataille avait commencé. L'espace, bientôt, fut strié de lumières vives de couleur variées. L'encre du Livre de la Gloire.
Adrianus - Alea Jacta Est, Vae Victis ! (Le sort en est jeté, malheur aux vaincus !)

HP : Les bâtiments de guerre actuels ont leurs tourelles sur l'avant ou sur l'arrière du bâtiment (en général plutôt à l'avant), situées sur la ligne de foi du bâtiment, et dont la zone couverte va jusqu'à 120° d'un bord comme de l'autre environ. Ce qui donne une puissance de feu totale dans le bâbord ou le tribord 90, sachant que les armements légers sont disposés de part et d'autres du bâtiment. Au contraire, sur l'avant, on a assez peu d'armement, à part les canons. Les missiles sont en général sur les côtés également (souvent on a 4 missiles d'un bord, 4 missiles de l'autre). Evidemment, ils peuvent changer d'orientation en vol, mais pas trop non plus.
Et pis sinon, il n'y a pas grand chose de clair sur la localisation des tourelles dans l'encyclo...Ce serait intéressant de les préciser Et il manque des systèmes d'armes ^^
Ah, oui, dernière réaction : on ne se bat pas avec des combinaisons spatiales ? Car une dépressurisation, ça arrive vite au combat...Et normalement t'aurai à peine le temps de mettre ta visière en place...En tout cas, si tu connais "Honor Harrington" de David Weber, durant les batailles spatiales, les spationautes sont en combinaison spatiale, mais ils ne portent simplement pas le casque.

P :
La bataille était sauvage. Chaque camp se battait pour sa survie. A travers les coursives de la frégate "Vae Victis" de classe Antarès de la République de Séranon, les brancardiers allaient et venaient, dans un balai continu parfaitement orchestré par les salves pirates. Ils n'étaient pas nombreux, mais très bien formés aux premiers soins, et bien dirigés par le Médecin en chef du Vae Victis. Celui-ci tenait à l'utilisation des priorités : ceux qui peuvent marcher rejoignent seuls les postes de soin, ceux qui ne nécessitent qu'un bandage mais peuvent toujours se battre sont soignés sur place pour le temps du combat.

Dans un local à part, bien au calme, le commandant en second du Vae Victis se chargeait de maintenir l'équilibre des capacités de combat du bâtiment Séranien. Il recevait, à chaque impact, des données de l'ensemble du bâtiment, les compilait pour obtenir une situation complète des avaries. A partir de l'ordre du Trierarque, qui était de lutter en priorité contre les chasseurs, il coordonnait, avec Leo, la lutte contre les sinistres qui se déclaraient, les réparations, et le remplacement des personnels trop lourdement blessés pour continuer la lutte. Pour cette dernière mission, il disposait ainsi d'une base de données des compétences des membres d'équipage qui lui permettait de changer, pendant le combat, un homme de son poste pour armer une fonction prioritaire.

Depuis le PC Sécurité, Leo, lui, coordonnait plus particulièrement les différentes luttes contre les incendies, selon les priorités établies par le second. Il dirigeait ainsi plusieurs équipes de pompiers, et leurs groupes de soutien.

Ces trois personnes, à leur différents niveaux, étaient garants de la tenue du Vae Victis dans la durée, à partir d'une organisation militaire longuement éprouvée à travers les siècles. Depuis son fauteuil de commandement, le Trierarque était certain que cette capacité à tenir dans la durée était un atout des plus importants contre des pirates.

Enseigne - contrôle des systèmes de survie. Dommages sérieux à la coque. Pont 1 et 2 sérieusement endommagés à la poupe. L'équipe demande autorisation d'abandonner son poste. Le prochain coup risque de provoquer une dépressurisation des quartiers seize à dix-huit.

Adrianus changea sa visualisation, pour obtenir une visualisation en tranche du Vae Victis. Un coup d'oeil rapide lui permit de voir quelles zones avaient été touchées. Il maugréa. Mais ce n'était pas si grave que ça. Mieu valait sa poupe que sa proue !
Adrianus - Qu'ils se replient, sur ordre du Chef Machine ! Qu'ils rejoignent ses équipes de lutte anti-avarie ! Prévenez le Second...Si certains ont des compétences dont il a besoin...

Enseigne - Oui Trierarque !

La puissance de feu de ces corvettes de fortune était presque prodigieuse. Néanmoins, son armement les surclassait toujours. Et surtout, maintenant que la pagaille avait été mise dans les chasseurs ennemis, il était temps de passer à autre chose. Les corvettes ennemies avaient commis une erreur qui risquait de leur être fatale. Elles s'étaient dangereusement approchées pour combattre ses chasseurs. Qui plus est, les boucliers chancellaient sur bâbord. Il était donc temps de montrer les dents de l'Antarès.
Adrianus - Terastus ! Faîtes-nous pivoter à nouveau. Faîtes face aux corvettes pirates.

Terastus - Oui, Trierarque. Propulseurs avant bâbord deux tiers, arrière tribord deux tiers !

Rapidement, le Vae Victis pivota montrant à présent sa proue surarmée aux corvettes pirates.

Adrianus se permit un sourire cruel. Il ouvrit l'intercom avec le Centre d'Information de Combat.
Adrianus - Alors, Publius ? On en est où avec la chasse ?

Publius - Ils arrivent, Trierarque. Ils arrivent. Encore une petite minute.

Adrianus - Parfait. Belle synchronisation. Ouvrez le feu de toutes les batteries lourdes. Concentration du feu sur la corvette la plus endommagée. Les chasseurs s'occuperont de la deuxième dès leur arrivée. Ordonnez à nos 3 autres chasseurs de retourner au combat pour protéger notre Poupe.

Publius - Reçu ! Nous nous en occupons !

Adrianus changea de fréquence de l'intercom, et passa sur la conférence qui reliait Leo et le second. Maintenant qu'il modifiait quelque peu ses ordres tactiques, il fallait également changer certaines priorités !
Adrianus - Ici le Trierarque. Abaissez les boucliers tribord à 70%. Basculez le surplus sur bâbord. Priorité à l'armement lourd sur l'avant. On détruit leurs corvettes, et avec l'arrivée prochaine de nos chasseurs, on s'occupera de leurs Esclavagistes.

Ses deux officiers acquiscèrent, et modifièrent ainsi leurs plans.

Enfin, sur l'affichage tactique du Vae Victis, douze nouveaux échos apparurent...La bataille prenait une nouvelle tournure. Les corvettes s'étaient trop avancées, elles allaient tâter du canon lourd, de la torpille...et de l'attaque de 12 chasseurs lourds sur leurs arrières. A nouveau, Adrianus prit la communication générale afin de parler à son équipage qui en bavait dans cette terrible lutte.
Adrianus - Messieurs, alors que la bataille bat son plein, je vous félicite. Votre résistance, votre courage n'a pas d'égal. Votre maîtrise professionnelle est belle à voir. Vous avez déjà anéantis 9 chasseurs ennemis, et gravement endommagé au moins une corvette ennemie. A présent, voici le contrat que je vais passer avec vous. Chaque servant de canon qui détruira un chasseur ennemi aura une bouteille de mon coqueron, au choix. Chaque servant de canon lourd qui fera mouche sur un point vital des corvettes aura également droit à une bouteille. Et, lorsque nous serons victorieux, la prime pour ces pirates vous sera réservée. Je ne combat pas pour l'argent. Je vous le laisse. La gloire me suffira.

Dans chacune des batteries du Vae Victis, les artilleurs redoublèrent d'effort pour tenter d'abattre les chasseurs ennemis, et pour viser les corvettes...

Avec l'arrivée des chasseurs de l'Escadron Scythe, la bataille avait - brutalement - tournée court. Les débris des deux corvettes dérivaient dans l'espace, sous les hourrah de l'équipage du Vae Victis. A bord de la frégate Séranienne, les hommes d'équipage sentaient se relâcher la tension du combat, et la peur de mourir se muait en une joie d'avoir survécu, en une tristesse à la perte d'un camarade, ou, pour certains, d'un membre.

Rapidement, la sonnerie avait annoncé la fin du poste de combat, et on procédait à la récupération des chasseurs et des pilotes éjectés. Partout, on cherchait des survivants, des blessés. On vérifiait le matériel, on vérifiait l'étanchéité de chaque local. En plusieurs endroits, les membres d'équipage du Vae Victis avaient du consolider des panneaux et des portes étanches en mettant en place de lourds morceaux de bois.

Les infirmeries étaient bien occupées avec les blessés graves, et avaient délaissé les blessés plus légers, qui avaient simplement reçus les premiers soins. Les derniers sinistres étaient maîtrisés, avec l'afflux de renforts du à la fin du poste de combat.

Sans un mot, Adrianus s'était levé de son siège de commandement, avait traversé la passerelle, en donnant une tappe de satisfaction à l'épaule de chacun des hommes présent à ce moment, puis avait laissé Terastus en charge de la navigation.
Adrianus - Terastus, fais route immédiatement sur notre base principale.

Terastus avait accueilli la nouvelle avec un soupir de soulagement. Le jeune trierarque était un peu étrange, un peu rentre dedans, trop même, mais néanmoins, il savait pertinament qu'il fallait rentrer à la base. Il acquiesça donc d'un hochement de tête affirmatif, et se mit à calculer les données du saut hyperspatial.

Adrianus prit congé, et s'en fût dans ses quartiers. Son premier engagement spatial réel et d'intensité qui plus est, venait de se terminer. La victoire était totale, mais avait un goût amer. Il avait vu, de ses propres yeux, les lumières brillantes représentant ses chasseurs de combat sur son écran tactique, se brouiller, puis disparaître dans le néant, emportant parfois la vie du pilote, un héro Tieffelin, dans les méandres de l'oubli.

Adrianus se servit un verre d'un petit remontant. Puis, il ouvrit son ordinateur, et activa le système de messagerie interstellaire, qui lui permettait d'envoyer des messages rapidement vers son état-major. Ses doigts courrèrent machinalement sur le clavier, sans qu'il eut réellement à se concentrer : ses idées étaient restées claires.

"Amiral,

En ce jour, vous averti avoir intercepté et combattu victorieusement une flotte pirate (2/2 corvettes Bulwark modifiées, 12/15 chasseurs Esclavagistes) dans le quadran 12-1. Vous informe avoir perdu 4 chasseurs MIJ III et avoir subit des dégâts potentiellement graves à la poupe, et sur le flanc bâbord de la proue. Bouclier bâbord hors service.
Mission actuelle interrompue. Retour à la base nécessaire pour réparation, et assurer l'étanchéité des ponts en poupe et en proue du Vae Victis.

Vous demande soutien aux réparations. Bassin de radoub non nécessaire.

Demande citation à l'ordre de la flotte des pilotes Brutus Maximus, Justinius Alexus, Erebus Alteus et Aetius Scipius pour leur courage fantastique, leurs qualités professionnelles intrinsèques, et leur dévouement, jusque dans la mort pour Justinius Alexus.
Demande d'une récompense pour les membres de l'équipage du Vae Victis pour leur loyauté, leur abnégation, leur sacrifice, et leur discipline au feu.

Respectueusement;

Trierarque Adrianus Anguis Impetum; Frégate de classe Antarès Vae Victis"

Il cliqua sur le bouton "envoyer". Voilà, c'était fait. Il avait une bonne raison de revenir précipitamment au QG sans soupçons sur ses instructions secrètes.

Le Vae Victis sauta en hyperespace quelques heures plus tard.