Gauma IV

Une jeune femme, seule, du moins en apparence, se dirigeait de l’astroport de la ville au bureau du président. Ici, on ne se trouvait pas dans un lieu d’une sureté à toute épreuve, et le visage de cette jeune femme était cachée au soleil de cette douce journée, à la fois par un châle noir recouvrant ses cheveux, tandis qu’un éventail sans bordure assortit lui cachait le visage. On pouvait cependant discerner sous cette tenue une peau très pâle et des yeux d’un marron clair. Cette jeune femme gracieuse et à l’allure noble portait des vêtements laissant cependant planer le doute sur une richesse quelconque : bien qu’étant brodés mains, chose que seul un connaisseur pourrait identifier, ces vêtements avaient une allure assez quelconque et masquait presque tout le corps de la jeune femme.

Violetta n’était pas là pour rien. De toute façon, elle ne serait jamais venue dans un trou aussi perdu pour rien. Son père allait venir dans deux semaines, et c’était là l’occasion qu’elle attendait depuis si longtemps pour se débarrasser de ce gros porc puant et suintant de graisse. Violetta avait honte de devoir admettre qu’elle était sa fille. Et pour une fois il venait dans un endroit où il se croyait en sécurité. Mais il oubliait quelque chose : les territoires des autres membres de la Main ne sont jamais surs…

Cet homme l’avait dénigré toute sa vie, comme son grand frère en fait. Mais maintenant, celui-ci était mort et il ne restait plus que le père. Cependant, il continuait à la sous estimée, la pensant s’occupant tranquillement dans la villa qu’il lui avait offerte alors que seule sa sœur Violette s’y trouvait. Violette… Elle lâcha un soupir enjouée à cette image : sans doute la seule chose de bien que cet homme avait fait depuis qu’elle était venue au monde… et il avait eut l’outrecuidance de l’abandonner : elle ne le lui pardonnerait pas.

Finalement, elle arriva devant la maison présidentielle. Etant en visite des plus « anonymes », personne ne s’attendait à la voir, et vue sa tenue, il était probable que personne ne sache qui elle était. Il fallait dire que c’était plutôt intentionnel. S’approchant de l’interphone, elle appuya sur ce dernier, avant d’être reçue par la voie d’une hôtesse d’accueil. Elle s’adressa alors à elle dans ces mots.

« Bonjour, excusez moi, j’aimerais parler si c’est possible au président Rafael de Sao Jorge de toute urgence. Dites lui que cela concerne une bague au doigt de la main, il comprendra. Je vous serez grés d’agréer à ma demande dans les plus brefs délais…

Si Sao Jorge ne comprenait pas la référence grosse comme une montagne à son poste d’un des Cinq de la Main, Violetta allait penser que son père avait trouver un autre cloporte à sa mesure. Mais elle doutait quand même qu’il fut assez stupide pour cela. Après tout, il avait réussit à se faire élire président de son pays…

Et dire qu’elle voulait être discrète. C’était raté, la femme en face d’elle avait deviné en quelques secondes chrono en main qui elle avait en face d’elle. Sao Jorge n’avait pas perdu en vivacité d’esprit ni en qualité du choix de ses subordonnés directs avec le temps en tout cas. Des yeux bioniques hein ? Fermant son éventail d’un mouvement de main, elle sourit à la secrétaire, enlevant son châle. Inutile de feindre l’innocence maintenant. Dans tout les cas elle pouvait au moins sauver les apparences : peu de monde était au courant de sa véritable nature.

Cependant, elle ne savait pas comment elle devait prendre le fait qu’il ait prévue sa venue. Bon ou mauvais présage, de cela elle n’avait que peu d’idée et préférait garder un minimum de prudence. Mais avait-elle le choix maintenant qu’elle était mise à nue ?

Arrivant sur les lieux en compagnie de la « désagréable secrétaire » de sa vieille connaissance, elle fit la connaissance d’un mot de passe qui lui fit un instant douter de la santé mentale de celui qui en avait eu l’idée avant d’être conduite auprès de Sao Jorge. A première vue, ce dernier était en train de faire payer les dommages et intérêt à une bande de sous-merde qui avaient eu l’indécence de se faire prendre dans une magouille quelconque. Des ratés en somme, Violetta n’avait aucune forme de compassion ou de pitié pour eux. Dans ce monde, tout est permit, sauf de se faire prendre.

Ce ne fut qu’après plusieurs minutes et après avoir éliminé presque tous les ratés, sauf un malchanceux, que l’homme remarqua la présence de Violetta. Changeant alors du tout au tout, ce dernier se montra amical et de bon accueil, du moins envers Violetta. Il commit cependant un impair, celui de parler de son père. Et Violetta fut surprise de constater qu’il arrivait toujours à lire aussi bien en elle : il ne l’avait pas revu depuis qu’elle avait libérée Violette de sa famille, soit effectivement au minimum cinq bonnes années. Lui tendant son revolver pour s’excuser, il lui offrait la vie du dernier homme…

« Depuis quand mon père est un ami, Rafael ? elle marqua une pose, regardant le revolver…
- Et je vous prie, ne me tendez pas cette arme, vous savez bien que j’ai horreur de ce genre de choses…

Disant cela, elle porta une de ses mains ganté devant sa bouche. De l’extérieur, cela aurait put être pris pour un geste de timidité, mais de là où était Rafael de Sao Jorge, il était impossible de ne pas voir la pilule qu’elle portait à la bouche dans ce même geste. Néanmoins, elle n’avait encore jamais utilisée ce genre de subterfuge devant lui, et c’était délibérément qu’elle lui livrait le secret du petit spectacle qu’elle allait effectuer sous ses yeux.

S’approchant avec grâce et délicatesse du dernier individu, elle s’agenouilla devant lui. Lui relevant le menton d’une main, on aurait put croire un ange venant au secours d’un condamnée tellement la scène était surréaliste. Faisant un sourire avenant augurant de toute la bontée du monde, elle regarda le pauvre hère dans les yeux. Ce regard aurait fait faire pénitence à n’importe qui. Et cet homme n’échappait pas à cette règle. Les larmes coulaient sur son visages alors que d’un ton désespéré où l’on pouvait lire la crainte de Sao Jorge, mais aussi l’espoir venant de cet ange là, il se mit à la supplier, sa voix entrecoupée de sanglots.

« Pardon… Pardon… je recommencerais plus, je le jure… Je ferais ce que vous voulez, promis, je serais votre esclave… mais pitié… je vous en supplie laissez moi la vie…
- Ne t’en fais pas, je te crois. Je sais que tu ne recommencera pas…

Pendant qu’elle parlait, Violetta avait délicatement passer sa main dans les cheveux de l’homme, venant la poser derrière sa nuque. Approchant ses lèvres des siennes, elle l’embrassa alors d’un baiser à la fois calme et long. L’homme semblait croire son salut arrivé alors que les larmes coulaient toujours et que son visage se détendit… juste avant de se contracter à nouveau, quand dans un souffle Violetta envoya la pilule dans la gorge de l’homme, qui l’avala. Rompant le baiser, elle poussa son visage d’une main au sol, se relevant en l’écrasant du pied…

- Après tout, on ne recommence pas ses erreurs… quand on est mort.

L’homme au sol commença alors à s’agiter de spasme douloureux, la tête clouée au sol par le pied de Violetta. Elle pouvait ainsi sentir sa douleur alors que dans ses derniers instants il s’agitait contre l’Inexorable. Et derrière son visage d’apparence impassible, Violetta exultait littéralement de ce flot de douleur dans le corps de cet homme. Ces vibrations, cette terreur, elle les savourait comme un met de premier ordre, écrasant l’individu sous son pied jusqu’au dernier instant, jusqu’à ce que dans un spasme final, son corps ne se fige. Ce fut alors ce même pied écrasant qui fit rouler le corps, l’envoyant dans la fosse.

Se tournant vers Rafael, elle avait retrouvé ce sourire et ce calme qu’elle avait en arrivant, comme si rien de tout cela ne s’était passé, tel un ange descendant du ciel, un ange de mort et de désolation. Et pourtant, dans son corps elle en frémissait encore d’excitation. Si là, maintenant, elle avait put avoir quelqu’un avec qui s’envoyer en l’air, elle aurait été au comble de l’extase. Sa voix avait alors repris le même ton noble et doux qui la caractérisait d’habitude alors qu’elle s’adressait a nouveau à Sao Jorge.

« Pour mon père, je suppose qu’il va bien… depuis deux mois qu’il n’a pas daigner me voir ou m’appeler une seule fois. Depuis la dernière fois qu’on s’est vue, père m’a confié ma propre maison, ainsi que quelques uns de ses hommes pour « m’apprendre les ficelles du métier » avant que je n’hérite de la famille… connaissant le père, il était impossible pour Sao Jorge ne de pas comprendre que c’était juste là un moyen de confiner sa fille loin de lui et loin de tout. Il l’isolait, purement et simplement.
- Je ne pensais pas entrer aussi vite dans le vif du sujet, mais je suis venu pour parler de père…

Quand elle avait commencer à parler de son père, Violetta ne s’attendait pas à avoir le support de Sao Jorge, c’était quelque chose de certains. Après tout, la famille Sao Jorge, quoi qu’impossible à sortir de la main, était sous la pression constante des deux familles les plus puissantes de cette dernière, soit les de Kaizer Nervath et les Romanov eux-mêmes. Aussi, ce ne fut pas cette partie là du discourt qui choqua la jeune femme. Non, la partie du discours qui la perturbaient et dont elle entendait l’écho se répéter dans sa tête était beaucoup plus puissant que tout ce qu’elle s’attendait à découvrir chez Rafael…

« Et ta sœur, n’en parlons pas…

Restant interdite, la jeune femme n’arrivait au début simplement pas à bouger tant les questions s’enchainaient dans sa tête. Quand ? Comment ? Pourquoi ? Par qui ?... La jeune femme était déboussoler, en elle, elle avait l’impression que quelqu’un se riait de cette découverte, comme un mauvais coup prévu par un quelconque Dieu facétieux. Sa respiration se fit plus forte, son regard plus perçant, plus incisif tandis que son éventail noir s’ouvrait et se refermait en cadence, battant le rythme de son énervement. Il était rare que Violetta perde le contrôle de ses émotions, pourtant là c’était réellement le cas…

Pouvait-elle vraiment lui faire confiance ?

« Ma… sœur ?

Fermant les yeux, la jeune fille tentait tant bien que mal de se contrôler. Elle savait très bien que si Rafael avait été dans la confidence, jamais il n’aurait put lui en parler. Malgré tout, elle avait cet arrière gout de bile qui lui revenait dans la bouche, et un seul mot semblait pouvoir décrire ce que ressentait la jeune femme : Trahison. Elle… détestait cela, et devait faire des efforts énorme pour ne pas céder à sa colère et éliminer les personnes l’entourant sur un coup de tête : ça serait stupide… et surtout ça foirerait la seule chance qu’elle avait depuis plusieurs mois de se débarrasser de lui.

Autour de la jeune fille ayant désormais sombré dans l’immobilisme, sa respiration devenant lente et profonde alors qu’elle tentait de mettre de l’ordre dans ses émotions, une aura malsaine et mauvaise venait de prendre place. On pouvait presque l’entendre, elle, le bruissement de sa cape et son ricanement cynique. C’était comme si elle enveloppait et chérissait Violetta, d’un amour sadique et ironique…

Cette fille était la fille chérie de la Faucheuse…

Reprenant le jeu avec son éventail dans un mouvement cyclique des plus stressant pour son entourage, Violetta suivit Rafael, écoutant ce qu’il avait à dire. Apparemment, il ne savait pratiquement rien, excepté l’existence de sa sœur. C’était une chose, si il avait sut que Violette était encore vivante, ça en aurait été une autre. Et malgré là colère qui bouillait un peu moins fort en elle, Violetta sentit une certaine forme de plaisir sadique à contempler ainsi Sao Jorge, défait et hagard, connaissant parfaitement les capacités au meurtre de la jeune femme à coté d’elle. Elle ferma son éventail.

« Hi… hi… hi… hi… hi…

Se levant, la jeune femme c’était placée dos à l’homme. Riant, ou gloussant, de cette manière si particulière, saccadée et malsaine, de ce rire à la fois sadique, cynique et maussade. C’était là le pire rire que l’on puisse entendre, c’était comme si par ce dernier, le mal venait prendre possession de l’âme des vivants. Ce rire là, dépourvue de toute humanité, rares étaient ceux et celles qui l’avaient entendu, et encore plus rares étaient les personnes ayant un tel rire, synonyme d’une grande tristesse, mais surtout d’une grande haine envers le monde qui les entourent…

Se retournant, elle plongea sur Rafael.

Il tomba à la renverse.

Elle le chevauchait sans sourciller.

« Shhhht…

Posant un doigt sur sa bouche, elle lui intima de se taire. Son éventail était tombé un peu plus loin. Se rapprochant de lui, leurs lèvres se croisèrent et s’embrassèrent. D’abord timide, Violetta se fit petit à petit suave et féline. Cela ne dura que quelques instant, mais pour quelqu’un sachant ce que cela pouvait amener, cela avait sans doute dut durer une éternité. Et pourtant, rien ne vint : pas un souffle, pas une action violente, rien. Violetta s’écarta lentement des lèvres de l’homme, encore vivant et, de toute évidence, n’ayant pas été empoisonné d’une quelconque façon. Sur les traits du visage de Violetta, on pouvait voir qu’elle avait repris le contrôle de ses émotions : c’était à nouveau l’ange que Rafael avait en face de lui.

« Et non, ce n’est pas encore l’heure pour toi que de recevoir l’arrivée de la grande Faucheuse, mon très cher… parrain.
- Quand à mon père, il ne m’a rien dit au sujet de ma sœur… comme une autre personne d’ailleurs…

Disant cela, elle avait un air distant. On aurait put croire qu’elle faisait la moue, toujours assise sur le ventre de Rafael. Cette dernière phrase n’était rien d’autre qu’une pique destinée à rappeler à Rafael que malgré tout il avait avoué avoir fait une grosse connerie en ne lui disant rien lui non plus. Même si ce n’était au final rien de bien méchant. Lui mettant une pichenette sur le bout du nez, elle continua son petit monologue…

- Maintenant, cela ne veut pas dire que je n’étais pas moi-même déjà au courant. Tout comme cela ne veut pas dire que tu es excusé pour autant. Ah ! Et avant que j’oublie, Violette est bien vivante, si ça t’intéresse de le savoir. Mais soyons clair, pas un mot de cela, ok ?

Posant un doigt sur sa bouche, Violetta regarda quelque peu le feuillage des arbres alentours. Le vent balayait les feuilles et faisait ondulait les cheveux de la jeune femme. On l’aurait crut rajeunir à cet instant là alors qu’elle semblait chercher les mots juste à prononcer à son interlocuteur. Souriant soudainement, elle planta ses yeux dans les siens, tels deux lames aiguisée qui prodiguaient à la fois douleur et régal pour les yeux. Elle avait une étincelle dans le regard, comme si la simple idée de ce qu’elle allait dire la faisait déjà exulté de joie…

« Je penses que tu t’en doute, mais je viens pour le tuer… Pour tuer mon enfoiré de père ! Tu ne vas quand même pas me refuser cela, pas après ça, n'est-ce pas ?

Violetta eut un petit rire à la question de Sao Jorge. Se reculant, elle posa ses coudes sur son torse, la tête sur les mains. Le reste venant à un endroit bien plus confortable alors qu’elle le regardait d’un air de dire « toi je vais te croquer… ». La jeune femme souriait. Il était cependant difficile de dire pourquoi elle souriait réellement… Elle resta ainsi quelques instant, sans la moindre gêne ou sensation de gêne envers la personne sous elle, d’autant qu’elle sentait très bien qu’elle attirait son parrain. C’était tellement interdit, et pourtant, tellement… amusant.

Posant un doigt sur la bouche de Rafael, elle lui sourit…

« Toi, mon chou, tu n’auras presque rien à faire que d’appeler le légiste pour qu’il signe le papier comme « mort naturelle ». Je m’occuperais du reste…
- Dans deux semaines, mon père va venir te voir, il a confiance en toi, bien plus qu’en moi je pense, car il sait qu’il à un contrôle absolu sur toi grâce à « la Main ». Il ne sait pas que je suis ici, et il ne le saura pas avant qu’il en soit trop tard. Pendant le repas, je mettrais dans l’un des plats un somnifère puissant, mais à effet retardé : de quoi faire dormir debout un éléphant 2 heures après. Après, il me restera plus qu’à aller le saluer pendant la nuit et de lui faire avaler une Petite Pillule que je prépare depuis un an maintenant. Cette enfoiré aura enfin la mort qu’il mérite !
- De ton coté, il n’y a aucun risque que tu soit accusé : tu n’as fait que le recevoir, si je suis découverte, il te suffit de feindre la surprise et de me laisser tomber…

Finissant sa phrase, Violetta s’allongea littéralement sur Sao Jorge. Corps contre corps, la bouche de la jeune femme vint se nicher a coté de son visage, lui susurrant dans le creux de l’oreille la fin de Rafael. Elle savait ce qu’elle voulait, et sa se voyait pleinement. Et elle pensait avoir une « petite » idée des choses que Rafael pouvait vouloir…

- Et puis, ça serait un bon moyen de te faire racheter de cet oubli que tu as si longtemps gardé pour toi… et cela pour me laisser tuer quelqu’un qui te force a baisser la tête, c’est pas beau ?

Violetta fit une mine dégoutter devant les dires et les actes de son parrain : non seulement il prétendait ne pas avoir compris la moitié de ce qu’elle avait dit, ou sous-entendu, mais en plus, il se permettait de lui donner le conseil de penser plus vicelard en pensant lui apprendre des choses sur la main. Si elle n’avait pas besoin de lui, elle aurait bien eu envie de plonger ses mains dans son sang pour avoir oser lui faire un tel affront. Mais elle ne montra rien de ce genre de penser peu délicate, se contentant d’une mine dégoutté, comme un noble regardant une vermine.

Le suivant dans la navette, elle ne lui adressa pas un mot avant que cette dernière n’eût décollée. S’asseyant en face de lui, elle croisa sobrement les jambes, ses mains faisant de même, relevant un peu sa poitrine. Regardant la porte se refermer, elle n’adressa pas un regard à Sao Jorge, même si son visage avait repris l’allure habituelle de la jeune fille angélique. C’en était cependant suffisament assez pour quelqu’un comme son parrain pour qu’il se doute avoir dit quelque chose de plus qu’il aurait mieux fallut ne pas dire. Après quelques minutes de silence, elle prit finalement l’initiative de rompre cette glace nouvellement formée, sans pour autant lui adresser un quelconque regard.

« Tu sais parrain… je suis effroyablement déçue… par le manque de confiance que tu me portes. On dirait que tu penses mon plan aussi simple que je te le décris… et que tu penses que mon père serait la première personne de ma famille que j’aurais éliminée. Quand je pense que si je suis venue ici c’est parce que j’avais confiance en toi et en tes capacités de raisonnement, cela ne peut que me laisser sur ma faim. Et pour ce qui est du conseil : je ne penses pas vraiment avoir de conseil à recevoir d’un homme qui n’ose pas se révolter contre l’homme qui l’oppresse, d’autant plus quand la fille de ce dernier l’excite plus que de raison à son âge, n’est-ce pas ?

Finissant sa phrase, elle avait décidé de le regarder, plongeant littéralement son regard dans le sien, ses yeux étant tels deux harpons accrochant quiconque les auraient croisé : à la fois suave et aguicheur, mais aussi libres et provocateurs. Elle ne le craignait pas, et ses mises en garde ne l’avaient même pas affecté plus que ça. Violetta était prête à mourir pour tuer son père, si cela devait arriver de la main de Sao Jorge ou de l’ordure qui avait « contribuer » à la faire venir au monde, elle n’en avait cure. Un léger sourire macula ses lèvres alors qu’elle reprenait.

- Et je suis parfaitement au courant pour la sécurité de mon très chers père, mon frère avait la même après tout. Cependant, comme tous les systèmes de détections du poison existants, il ne fonctionne pas sur les poisons exotiques les plus rares, ni sur ceux qui n’ont jamais été utilisés ou révéler. Si j’ai mis un an à réfléchir au poison, ce n’est pas pour sortir celui que n’importe quel assassin de bas-étage trouverait dans un tiroir.
- Et puis, je suis de mauvaises fois il faut dire… si je suis venue te voir pour ça, c’est aussi parce que je n’ait pas d’autres choix. Tu penses quoi ? Que mon père m’en laisse beaucoup d’opportunité alors qu’il se doute plus que fortement que je ne suis pas innocente de la mort de cet imbécile ? Je suis écarté de lui et il ne me laisse que très rarement l’approcher, pour ne pas dire jamais, et ce sous très haute surveillance. Alors penses tu vraiment que mon plan est aussi simple que ce que je t’ais dit ? Après tout, ce que je ne t’ais pas dit, c’est ce que tu n’as pas encore besoin de savoir.

Soupirant, la jeune femme s’approcha de Sao Jorge et lui mit sa main sous le menton, ses longues ongles le griffant légèrement. Elle l’aimait bien après tout, il avait beau le cacher, elle savait bien qu’elle ne le laissait plus indifférent comme par le passé où elle n’était encore qu’une petite fillette.

« Mais, si on parlais de ce que tu pourrais y gagner plutôt…

Une goutte de sang coula d’une des griffures, remontant l’un des doigts d’ivoire. Etait-elle un ange, un démon, ou une tigresse finalement ?

Violetta n’avait pas vraiment écouter Sao Jorge dans son idée de lui remettre les idées en place. Elle savait qu’elle était « seule », ou tout du moins, presque seule. Mais cela avait toujours été le cas : quand elle avait tué son frère, quand elle avait appris pour Violette… mais depuis, elle était deux. Et ça, c’est ce que Sao Jorge ignorait, ce que tout le monde ignorait en fait. Mais de toute façon, elle n’avait pas besoin du soutient des autres, mais seulement de leur obéissance, c’était amplement suffisant. Que cela vienne par la confiance, l’argent ou la terreur, elle s’en moquait. D’ailleurs a dire vrai elle se moquait éperdument de prendre la tête de sa famille. Ce qu’elle voulait c’était la tête de son père, ça suffirait pour commencer.

L’espace d’un instant, Violetta resta dans la contemplation de cette goutte de sang coulant sur sa main blanche. L’espace d’un instant, elle aurait voulut dire « Gagné ! » mais ne le fit pas. Après tout, elle était telle un chat avec une souris, Sao Jorge ne se savait même pas entre ses pattes, et pourtant elle jouait déjà avec lui. Il n’y avait plus de lien de parenté qui tenaient quand le moment était devenu une lutte à mort dans laquelle chaque camp ne peut entrevoir qu’une seule issue possible, l’extermination totale de l’autre. Sao Jorge était un pion pour ces deux camps, il allait devoir en assumer les conséquences…

« Ce que tu dis sur mon père n’est peut être pas dénués de sens… Mais j’ai toujours une carte dans ma manche, ne l’oublie jamais. Si il ne mange pas du somnifère, je n’aurais qu’à utiliser l’autre méthode…
- Pour ce qui est de ta… récompense, tu veux qu’on parle de quel aspect en premier ? Ce qui découlerait pour ton intérêt vénal, ou ce qui découlerait de ma grande reconnaissance ?...

Un sourire enjôleur embrassa les lèvres de Violetta alors qu’elle s’adressait à Rafael…