PROLOGUE
Année 3.532 ADH
1, Meian
2, dans la partie sombre de la ville.
Il arrivait, il ne pouvait dire comment mais il se doutait qu’elle arrivait : cela faisait déjà des semaines qu’il avait apprit que sa tête avait été mise à prix et que c’était lui qui avait finalement accepté – et obtenu – le contrat. C’était une sorte d’honneur si l’on pouvait dire que cette personne vous traque, et cela montrait l’ampleur de l’erreur qu’il avait commise de s’attaquer au Syndicat des Entrepreneurs Libres, car celui qui le poursuivait n’était autre qu’Eclipse, l’assassin qui tenait autant de la réalité que du mythe.
Qui était-il vraiment ? Lui-même avait le bras long, mais pas assez pour savoir autre chose que comment le contacter. Les seules choses que l’on savait de lui se trouve être sa remarquable efficacité et ses tarifs exorbitants. Excepté cela, on ne savait presque rien de cet individu mystérieux. Certains des théoriciens du complot les plus extravagants venaient même à dire qu’il était en réalité un groupement d’individus.
C’était avec une certaine ironie que le peu d’informations qu’il avait sur cette assassin lui revenait dessus à lui, Emeric Minir’zin, le PDG de la plus grosse chaine d’information publique de ce cadran de la galaxie : les crimes commis ou supposés commis par cet individu étaient suivit de très près par la police et par les journalistes, et pourtant lui-même ne savait presque rien sur l’ombre qui le pourchassait.
Il jeta un œil par la fenêtre du bâtiment où il se trouvait. Aucun rayon du soleil ne filtrait aussi bas dans la cité-ville, les rares lumières extérieures étaient celles des phares des aérovéhicules ou des rares lampadaires de la rue. De là où il était il ne voyait même pas le sol : à ce qu’il en savait il restait plusieurs centaines de mètres avant ce dernier, et là-bas au fond, seule la fange pullulait, pire encore que dans le taudis où il se trouvait actuellement.
Cela empestait, mais il devrait s’en accommoder le temps que cette menace soit écarté, ou qu’il soit mort. L’espace d’un instant il se demanda si sauter du haut de cette fenêtre ne serait pas préférable à rencontrer cette menace qui semblait si implacable et inexorable. Puis la vision de sa femme et de ses enfants le ramena à la réalité : tant qu’il resterait une chance de survie il ne devait pas la laisser passer, pour eux. Cependant ces dernières semblaient fortement compromises…
« Mr. Minir’zin, les groupes 3 et 7 n’ont pas encore présenté leur rapport et ne répondent plus aux appels.
- Il est donc déjà là ? Je n’aurais pas le temps de boire cette bouteille alors… répondit-il au communicateur de son bureau de fortune, posant une main las sur le dossier de sa chaise, rechignant presque à s’assoir sur ce dernier. Son âge commençait à le rattraper.
- Sauf votre respect, nous n’avons aucune preuve que ce soit bien…
- C’est lui. Ne croyez pas que j’ai fait appel à vos services en pensant que vous réussiriez à l’arrêter : cela fait déjà deux fois que je lui échappe, ou qu’il m’a laissé lui échappé. Si vous pouvez l’arrêter, faites le, sinon, vous aurez quand même votre paye après ma mort.
- Reçu cinq sur… Mais qu’est-ce que…
Un silence de mort accompagna les derniers mots provenant de la salle des communications. Emeric pensa qu’il avait engagé des imbéciles pour travailler avec lui, au moins il n’aurait pas à payer des morts une fois mort lui-même.
Cela avait toujours été comme ça dans ce domaine : meilleur était l’assassin, plus tard on remarquait quand il était dans la place. D’évidence, il devait y avoir plus de deux groupes portés disparut durant la conversation, mais cet imbécile de Karvin ne s’en était même pas rendu compte auparavant. Il lui fallait cependant avouer qu’il n’en attendait pas plus de lui…
La porte s’ouvrit dans un courant d’air glacial. Un bruit d’interrupteur et ce fut la lumière de la pièce qui fut coupé, éclairée désormais par intermittence au rythme des voitures circulant à l’extérieur. C’était trop faible en tout cas pour qu’il puisse y voir quoi que ce soit.
L’espace d’un instant il envisagea de prendre le vieux revolver de collection qu’il avait dans son tiroir avant de se raviser. Que pouvait un amateur avec une arme de décorum face à un assassin professionnel dans un environnement obscur ? La réponse s’imposait d’elle-même, et puis, s’il faisait ça il n’aurait pas de réponses aux questions qu’il se posait avant le moment fatidique.
« Alors c’est toi Eclipse ? J’ai quelques questions à te poser avant de mourir, je suis quelqu’un de curieux vois-tu…
Aucune réponse ne vint en réponse à ses dires, seul le lent bruit de pas discret se rapprochant du siège alors qu’une ombre semblait se dessiner à travers la pénombre, ne révélant aucune facette de la personne cernée de ténèbres…
« Je suppose que c’est le Syndicat qui t’envoie, et que la prime devait-être particulièrement élevée afin que tu viennes en person…
- Elle n’était pas si élevée que ça.
- Ah ? Mais alors, pourquoi ? On dit que tu ne réponds qu’à l’odeur de l’argent en masse.
- On dit beaucoup de chose à mon sujet, et on en oublie beaucoup d’autres… fut la réponse de l’ombre qui s’était arrêter à quelques pas de sa victime.
- Je ne comprends pas.
- Vous allez comprendre. Rappelez-vous, il y a quatorze ans…
Disant cela, Eclipse s’avança vers Emeric. Leurs visages n’étaient désormais qu’à quelques centimètres de distances quand une voiture passa près de la fenêtre, éclairant pendant une fraction de seconde le visage de l’homme. Les yeux d’Emeric s’écarquillèrent en voyant ce qu’il avait tenté d’effacer de sa mémoire pendant toutes ces années, avant de retrouver leur aspect normal, un nouveau terne grisant son regard.
« En effet, je comprend mieux maintenant. Je pourrais dire que je suis désolé, mais ça ne changerais rien. J’ai fait quelque chose d’horrible il y a ces quelques années de cela, et cela vous est tombé dessus comme ça aurait put tomber sur n’importe qui d’autre. Mais au moins je vais mourir en paix, sachant la vraie raison de ma mort…
Il ne dit pas un mot de plus, l’avant bras de l’ombre avait mué en une lame aiguisée qui vint se planter dans le torse d’Emeric, propageant une pluie de sang invisible dans la pénombre. Avant de mourir, l’homme se rappela de ces deux fils, et se dit que tout bien réfléchit, ces derniers n’avaient jamais valut toute l’ardeur qu’il avait mit à les éduquer et que désormais, ces derniers allaient se battre avec sa femme pour récupéré sa fortune. Sa femme, encore la seule chose qu’il regretterait une fois dans l’au-delà : de ne pas avoir put la serrer dans ses bras une dernière fois…
LEXIQUE
ADH : Après la Découverte de l’Hyperespace
Cela fait des générations maintenant que l’humanité à trouver ce moyen de s’extraire de son système solaire pour aller explorer le reste de la Galaxie via l’Hyperespace, depuis, l’année de cette découverte est considérée comme l’an 0 par l’ETU.
Meian : Planète-cité entièrement recouverte d’infrastructure, elle est séparée en deux parties que l’on nomme communément la « ville lumineuse » et la « ville sombre », se trouvant l’une au dessus de l’autre.
La ville lumineuse, en haut, est la partie où vivent les plus riches dignitaires de la planète : c’est un lieu de dépravation et de débauche d’argent en tout genre et l’on y trouve presque autant de palace et de villa que de casinos et autres établissements de luxe. Faisant environs une dizaine d’étages et comportant moins d’un pourcent de la population, c’est la seule partie de la planète qui est exposée au soleil, d’où son nom.
La ville sombre correspond au « reste », c'est-à-dire la majeure partie des zones habitables de la planète : la quasi-totalité de ses habitants vivent ici, au milieu de l’insécurité et des mafias. Ici, le soleil ne touche jamais la surface ou les habitations, et c’est des kilomètres de constructions verticales qui s’alignent dans ce qui se trouve être un des endroits les plus miséreux de l’espace connu, et plus on s’enfonce, pire c’est.