[Pergale] Mission Bulkariote

Le Salut....

Citation :

Pergale terre d’échange. A Pergale, les oiseaux chantent. Pergale, vous y reviendrez.

Contrairement à son habitude d’économie du temps, Aaron avait fait visiter à son équipe quelques célèbres lieux de cette planète sans nom, lieux naturels ou historiques, à vraie dire, il y avait le choix. L’équipe pris très différemment cet espace culturel. Certains en furent enchantés, d’autres eurent du mal à donner leur laptop et ses données à Aaron. Mais dans l’ensemble, ils apprécièrent le fait d’avoir un peu d’air, loin des couloirs pressurisés de la station, ou des atmosphères lourdes des hangars.

Pour finir, l’équipe fut reçue par une commission parlementaire.
Celle-ci était totalement encline à parler défense, et avec plus de vingt milliards dépensés dans ce poste par an, on pouvait imaginer qu’ils pourraient se fournir du matériel de haut niveau. Mais le dirigeant de Bulkar y coupa court.

« - Mes amis, j’ai déjà rencontré une bonne part d’entre vous. Vous me connaissez donc, et vous me savez fervent admirateur de votre culture, et de votre beau pays, si éloigné du miens, et non pas que géographiquement. Mes amis… Je ne suis pas là comme le berger qui vient réclamer son lait aux brebis en échange d’une pseudo protection. Non, je suis là en effet pour vous proposer de vous vendre des armes, mais pas contre monnaies sonnantes et trébuchantes. Je suis là pour vous proposer un accord gagnant gagnant. »

Il laissa faire la surprise, il était conscient qu’on le prendrait probablement pour un charlatan au premier abord, mais ceci ne le touchait guère, c’était fort légitime. Aussi, maîtrisant son style, il déposa un livret qu’il tenait à la main, et y posa son autre main dessus, la pointe de ses doigts effleurait cette couverture d’or, ornée de lettre azur.
« - Bulkarr est bien différente. Petite, exiguë même, totalement ancrée dans l’industrie, et farouchement indépendante. Cependant, Pergale et Bulkarr ont un besoin commun, le besoin d’un autre justement, le besoin d’un alter ego oserai-je dire. Je n’irais pas par quatre chemins. Vos capacités agricoles nous intéressent, car nous ne pouvons pas vraiment produire de nourriture chez nous. Nous pourrions aussi vous déléguer nos tâches manufacturières. Nos ouvriers, sans vous manquer de respect, sont trop qualifiés pour parfois, n’être occupé qu’à gérer un pool de machines. Chez vous, le problème ne se pose pas vraiment, vous avez énormément de main d’œuvre potentielle.
Au-delà d’un habituel échange arme-nourriture, j’aimerai proposer un réel partenariat stratégique, concernant le travail de votre peuple et du miens, concernant même nos avenirs politiques. Bref, mes amis, je vous salue platement, et espère que vous prendrez mes intentions franches et sans détour comme elles sont, mais avec le reflet de mon amitié personnelle pour votre peuple ».

Amitié sincère s’il en est, Aaron avait dans son bureau plusieurs manuels sur la culture Pergalite, sa vision de la religion ou de la société. Mais ça, personne ne pouvait le savoir. Personne non plus ne pouvait savoir combien de fois, la nuque relâchée sur le dossier de son confortable fauteuil, il avait convoité le faux ciel de son bureau, et y avait recherché Pergale, songeant à combien sa vie aurait été différente s’il était né sur cette terre.

...Passe parfois par le sourire

La commission parlementaire avait invité Aaron et sa clique dans la cour d’un magnifique monument, en effet les pergalites n’appréciait guère rester cloitré dans des bâtiments et souvent les discussions diplomatiques s’effectuaient en plein air. Le monument était incarné dans un monolithe de granite de huit mètres de haut, érigé par les premiers colons de la planète sur lequel étaient gravés leurs noms.
Là, les commissions composées d’une petite dizaine de politiques et d’entrepreneurs écoutèrent la tirade du jeune bulkariote. La nation pergalite, peu développée industriellement était passée sous la juridiction de l’Empire Krypto-Arkilien durant les quatre dernières années, et ce fut la surprise lorsqu’ils comprirent la volonté de partenariat du jeune dirigeant. Certains furent réticents, d’autre ravis de la proposition.
Un des représentants de Pergale se leva, c’était le ministre de l’industrie, nom assez peu représentatif, car la production agricole était le secteur productif le plus important de la planète.

« Avant tout, sachez monsieur Eden que je suis heureux de vous entendre parler d’un telle façon de notre nation, et je suis encore plus heureux de votre proposition car vous prenez en compte nos réalités économiques en tant que nation que l’on pourrait qualifier de… « mineur » sur l’échiquier galactique.
Ainsi si j’ai bien compris, vous proposer de délocaliser une partie de votre production industrielle sur notre territoire contre un échange de biens premiers comme la nourriture ou encore issus d’activités d’extraction. »

Les autres commissionnaires approuvèrent et se concertèrent un instant dans leur langue natale. Un autre commissionnaire se leva, le secrétaire au département d’agriculture d’Austlandet.

« Il s’avère que nous avons chaque année de nombreux excédents agricoles, nous pouvons donc tout à fait répondre à votre demande de matières premières... »

Un commissionnaire interrompit son comparse.

« Pourtant il faut bien garder à l’esprit qu’installer une industrie de biens sur notre planète relève de plusieurs points d’intérêt. En effet, depuis notre « annexion » par l’EKA nous désespérons de pouvoir profiter d’un début de consommation de masse. Ainsi l’intérêt de votre installation sur notre territoire serait en échange de notre production de la création d’infrastructures de production, mais aussi la formation de nos ouvriers afin plus tard d’investir dans l’industrie et peut-être… relancer une croissance saine sur notre territoire, afin peut-être d’obtenir le plein-emploi, mais aussi une apparition de biens de consommation sur Pergale à des prix intéressants pour notre population. »

Les autres commissionnaires approuvèrent. Le ministre reprit la parole.

« En effet, nous sommes tout à fait enclin à signer avec vous si votre proposition nous permet, d’une d’ouvrir de plus forte relation diplomatique avec votre nation, de deux de former nos travailleurs pour l’industrie. Et de trois si cet accord permet dans un futur plus ou moins proche d’ouvrir la voie à une industrie productive et enrichissante pour la nation pergale.
De même, nous n’oublierons pas qu’avant tout cette délocalisation permettra en premier lieu d’améliorer la production de votre planète. Nous recherchons un profit commun. »

Un temps mort emplit l’air, le ministre prit une lente respiration, il devait se remettre d’une pneumonie. Deux commissionnaires allumèrent des cigarettes.

« Vous devez comprendre par ailleurs qu’il y a un bémol dans cette proposition, en effet, vous ne nierez pas que Bulkarr est connue pour sa réputation sulfureuse de port d’attache de certains contrebandiers voir de corsaires. Il est donc normal que notre nation rattaché à l’EKA se verra obligé la présence d’un envoyé d’Arkilia, il faudra donc que notre relation soit saine de toute corruption ou zones d’ombres qui pourraient à termes endommager nos relations… qui s’annoncent par ailleurs prometteuses. »

Le ministre tendit une main d’amitié envers Aaron et l’invita vers une voiture à essence, un reliquat d’une époque révolue, pour rejoindre la ville de Slann’Ill pour y parfaire les accords d’échanges et de développement internationaux.

Quelle sensation de fausseté




Aaron ne put réprimer un sourire lorsqu’on parla de sa « planète », il n’était guère surpris d’ailleurs par la réaction Pergale, il s’y attendait un peu, même à la volonté de grand frère de l’EKA. Cependant, les réunions en extérieur ont pour défaut de donner un sentiment, justifié ou non, d’insécurité. On ne savait jamais qui pouvait entendre les mots que l’on disait, et dans une négociation nation à nation, c’est assez embarrassant, reconnaissez le. Vu que c’était son tour, il se leva, comme cela semblait être la coutume ici, et répondu point par point, sans notes.

« - En effet… En effet j’aimerais que nous inaugurions une collaboration d’un type assez nouveau. Qui serait réellement une avancée pour vous et nous… Et nous débarrasserait tout deux d’un poids mort, vos excédents de ressources premières, nos chaînes de montages de pièces, mais nous permettrait aussi une certaine vision de l’avenir, en la personne de la production pour nous d’appareils assurant notre avenir technologique et commercial – cela dépendra du moins de ce que vous voulez – ou non acheter – et à vous de créer une base industrielle. J’ajouterai au détail que cela nous assurera à l’un comme à l’autre une certaine possibilité de recul dans la négociation de nos prochains contrats avec d’autres acteurs, si nous avons déjà notre avenir qui est assuré. C’est un confort relativement rare pour les nations secondaires. »

Si ceci était une conclusion introductive relativement générale tout en étant précise, et oui, c’est possible, il trouva dans sa mémoire l’allusion consumériste de l’un des commissionnaires. Celui-ci involontairement avait élargi le débat, ce qui n’était pas pour déplaire au dirigeant Bulkarriote par ailleurs.
« -Quant à la consommation… Très franchement, dans un premier temps, nous formerons vos ouvriers, et peut être quelques techniciens supérieurs, à la marge. Techniciens qui gagneraient en temps et en valeur à venir apprendre chez nous. Dans un second temps, nous pourrions réellement tenter main dans la main de construire un début d’industrie « large » notamment pour l’extraction de minerais, ou la production rentable de bien de consommations grand public. Néanmoins, et je tiens à marquer notre relation par le sceau de l’honnêteté, Bulkarr est incapable à très court terme d’accéder à un tel souhait de votre part. Il faudrait une démarche derrière tout cela. C’est pour ça que je mets ça dans le seau d’un second contrat « numéro 2 ». »
Un frisson parcourait l’échine de l’ex-directeur, il avait peur que les Pergales ne se baignent d’illusion quant à la capacité de Bulkarr de former une industrie. En aussi peu de temps qu’ils semblaient le penser, ce n’était simplement pas possible. Il fallait former une génération d’ingénieurs mais aussi d’administratifs et autres créatifs, tous aussi nécessaires que différents. Aux bas mots, dix ans, probablement plus, seraient nécessaire pour créer sur Pergale une industrie réellement locale, sans qu’elle ne puisse forcément d’ailleurs concevoir grand-chose d’inédit.

« - Dans un premier temps, si l’on suit la proposition initiale, nous nous engageons à former quelques milliers d’ouvriers – à condition bien sûr que les pièces que nous vous confirions ne rejoignent pas un bureau d’étude concurrent – à vous délester de quelques milliers de tonnes de ressources naturelles, et à vous fournir une petite liberté politique en vous fournissant des matériels militaires plus ou moins indépendant de l’EKA. Soyons objectifs, rien de ce que nous vous vendrons, dans les quantités où cela sera fait, ne vous permettra de défier vos protecteurs dans les grandes largeurs. Mais cette petite sécurité, ajoutée à une capacité ouvrière naissante pourrait inciter vos amis à vous proposer quelques contrats de sous traitance, ce qui contribuerait à votre politique industrielle naissante. Cela me passe par la tête à cette instant, mais si vous veniez à signer pour l’achat d’appareils militaires, vous bénéficieriez des mêmes possibilités que nos autres clients, que ce soit pour la santé – nos hôpitaux ont un très bon niveau – pour l’entrainement ou autre. »



Il peut parfois sembler basique voir méprisant de resituer les choses dans leur contexte, mais mieux avoir un air bête que lancer un quiproquo. Sachant cela Aaron parvint à l’éviter, on parlait ici d’un deal d’armement, avec ce que cela comportait comme prise de risque pour le client comme pour le vendeur. Il acquiesça à l’affirmation quant à la présence d’un délégué Krypto Arkilien, mais rappela, sans citer de nations, que si Bulkarr faisait confiance, il faudrait honorer cette confiance, en n’aidant pas à un espionnage industriel plus ou moins opportuniste. Enfin, il rejoignit la voiture à essence, se délectant du bruit si touchant pour tout amateur de mécanique fine, de l’injection et de l’explosion. Des injecteurs. Seraient ils capable de produire des injecteurs ?

Qu'une flasque poigne

Des pains et

Si dans cette nouvelle étape, rien de nouveau n’avait été signalé, Aaron pensa, à l’évocation des ressources Halieutiques, que Bulkarr pourrait peut-être aussi aider à développer des vaisseaux cargos frigorifique pour pouvoir réellement profiter financièrement de leurs ressources agricoles. En effet, pouvoir les transporter dans de meilleures conditions pouvait permettre de les vendre plus loin, sur d’autres marchés. Il émit la proposition, la station avait sous le coude quelques petits transporteurs à bas coût, qui, après de modestes modifications pourraient avec succès servir dans ce sens.
Pour ce qui était des chaînes à délocaliser, Aaron se leva, car cette proposition devait sortir de sa bouche, et non de celle d’Urbain, comme la première l’avait été.

- « Quelles chaînes… A peu près la grande majorité de nos petites pièces à vraie dire, il y aura certes des parties de moteurs, mais aussi les pièces à injecter par la suite, peut être les porte-moules… Enfin, pour ce qui est des pièces de moteur, je ne pense pas qu’il y aura quelque chose de plus techniques que des injecteurs. Peut-être des aubes à la rigueur. Ce sont globalement des pièces extrêmement jeunes, et peu difficiles à produire. Quelques semaines de formations de vos ouvriers devraient suffire. Si votre question est de savoir si ces pièces seront suffisantes à lancer une industrie vous donnant la capacité de produire un moteur par exemple, c’est non. »
Urbain renchérit, après avoir écouté posément son supérieur, qui lui laissait une porte ouverte, il se leva à son tour, et fit signe au directeur de ne pas s’asseoir.
« - Compatibilité… Vous pourrez surement, trouver des arrangements sur les munitions, ce qui est le plus important, vis-à-vis de l’Empire Krypto Arkilien si vous acquérez des Scorpio, et des canons équivalents pour de potentiels chasseurs. Ensuite, si vous prenez toujours ces appareils avec leurs cerveaux, nous pourrons développer une version qui puisse être compatible avec les vaisseaux de vos alliés. Pour la formation de nos pilotes, elle dure plus de trois ans, mais c’est une formation très échelonnée… A vraie dire, chacun peut avoir la formation qu’il souhaite, il faut payer pour, ou dans votre cas, nous pourrons trouver un mode de financement dynamique. Rien n’est vraiment écrit dans le marbre. »

Des poissons

- Combien de M1 vous intéresseraient ? Dans quel délai, avec quels équipements ? Pour ce qui est des chaînes de productions de pièces, en effet, en priorité nous vous attribuerons celles traitant des appareils que vous prendrez… Mais pas seulement.
Nous pourrons penser à développer un partenariat plus profond, quand nous aurons la certitude que les technologies que nous vous transfèrerons ne passeront pas en utilisation dans les Bureaux d’Etudes d’Arkilia. C’est vous-même qui nous avez signalé l’omniprésence de cette nation dans vos affaires. Vous souhaitez bénéficier des Scorpio ou pas ? Quant aux secteurs de la nourriture et du frigorifique, c’était peut-être une idée viciée après tout.


Aaron s’assit. Les négociations étaient en fait désormais terminées, on ne changerait plus vraiment grand-chose désormais, il restait quelques détails à régler. Rien de plus au fond, l’instant crucial était désormais passé. On lança la seconde idée, celle de promouvoir les échanges scolaires entre les deux nations.