Sommet de Seran et accueils divers afférents

[HRP]Comme toujours, trop peu de temps, je ne developperais pas assez pour mon goût.[HRP]

Lorsqu'ils furent avertis que discours il devait avoir, tout les Alttoriens étaient dispersés à travers le palais, et Kirla envoya une note aux organisateurs comme quoi il préférait repousser son bref mot aux invités à plus tard, après le repas, en guise de conclusion, comme si cela fut orchestré, plutôt que de paraitre arriver avec un train de retard. Ainsi, après une bonne heures de politesses et de discussions lègères, Kirla, à côté du général Eastmoreland, fit sonner sa cuillière contre une flute de liqueur histoire d'attirer l'attention, et déclara d'une voix calme et caractéristique:

-Depuis longtemps, dans notre pays, nous sommes perpétuellement exposés à des dangers de tout les flans. Le plus immédiat est bien entendu la frontière de l'Union, derrière laquelle nous sentons le poids d'un danger toujours imminent qui nécessite de notre part une attention de tout les instants, de l'autre, les pirates draînent nos moyens et écument nos contrées. Enfin, derrière nous, il y a peu de temps encore, le pacte de Valen semblait être en danger par son apathie. Mais, aujourd'hui, j'ai le plaisir de voir que cela semble écartés. Cette formidable iniative a tout pour porter les germes d'un avenir prometteur, où chacun trouvera la place qui lui est dûe dans la concorde et la sûreté. Bien entendu, il existe toujours les périls susdits, l'Union, et dans l'immédiat, la pression de la flibuste qu'il conviendrait d'exterminer, mais cela ne doit point laisser des nuages s'amonceler au dessus de cette célébration, qui sera, j'en suis certain, la base d'une édifice qui tiendra les siècles.

Assis à sa table, le Diktat observait l'Empereur et sa fille adoptive danser, une lueur d'amusement dans les yeux. Il dit alors à sa voisine l'Impératrice

-Ce sera bien la première fois que nous aurons vus Erikeans et Seraniens danser ensemble...un jour à inscrire dans les annales.

Puis, voyant l'Empereur Deregon qui conversait avec la Princesse Thurina, le Diktat se leva et les appela:

-Empereur Deregon, Princesse Thurina, nous feriez vous l'honneur de joindre notre table?

Pendant ce temps, la Diktatrice, toujours aussi gracieuse, dansait avec l'Empereur. Cependant, lorsque l'Empereur mentionna son erreur de protocole, Elizabeth rougit de honte et de confusion avant de se reprendre et de dire:

-Comme il vous sied, Sire. Je suis vraiment désolée si j'ai pu vous manquer de respect. (Puis, souriante, elle dit) Quant à vous, n'oubliez pas que je suis Madame la Diktatrice...sinon, l'élite erikeanne pourrait être offensée d'un tel manquement au protocole. Non, je plaisante, pour vous, je serai volontier Madame la Marquise

La princesse Thurina sourit à l'Empereur Deregon et lui répondit :

- Je vous saurai gré de me la présenter et saurai me rappeler votre précieux conseil, Sire.

Tandis que l'Impératrice Douairière elle répondait, tout aussi souriante, au Diktat :

- J'ai cru comprendre que Sa Majesté mon fils envisageait, avec votre accord, de faire davantage que danser avec Son Excellence votre fille.

Ladite Majesté, dansant toujours avec ladite Excellence, rit :

- Vous m'en voyez honoré. Mais il va de soi que je ne me permettrais pas de préférer votre titre seranien à votre titre erikean autre part que sur Seranon. Toutefois, comprenez qu'ici, les gens soient flattés - et moi le premier - de vous compter dans notre noblesse et de le faire savoir. Nous n'avons guère souvent l'occasion d'appeler "Marquise" une femme à la fois belle et intelligente, ou même disposant d'une seule de ces deux qualités. Quant au manque de respect, je vous l'ai dit : ce n'est pas moi qu'il incommode, ce sont les autres. Même au temps de la République, Seranon était pointilleuse sur les titres et préséances, la monarchie n'a rien arrangé. Même mon frère ne se permet pas de m'appeler autrement que "Sire" en public.

La pièce musicale prit fin, aussi l'Empereur invita la Diktatrice à rejoindre leurs parents, alors même que sa soeur et l'Empereur Deregon se dirigeaient vers le même endroit.

Comme l'Impératrice-Douairière s'embarqua dans le sujet, le Diktat prit soin de la questionner sur sa principale inquiétude

-Justement, ma fille et moi nous demandions si un tel mariage n'affaiblirait pas la position politique de Sa Majesté votre fils. Nous ne sommes pas sans savoir que notre régime est un régime honni de la galaxie. Et le sentiment anti-erikean est peut-être encore plus fort ici, dû à la terrible guerre qui nous a séparé. Or, avec les actuels bouleversement galactique, j'ai besoin que les mondes du Pacte et leurs dirigeants soient forts. Aussi, j'ai besoin de savoir comment l'élite seranienne et le Peuple de Seranon prend un tel projet. Du côté erikean, notre position est clair. Elle se résume en une phrase: Ce que le Diktat veut, Erikea le veut.

Mais le Diktat s'arrêta de parler lorsque les deux concernés arrivèrent. Le Diktat dit:

-Vous nous avez offert une danse magnifique. Majesté, je questionnais justement Son Altesse votre mère à ce sujet. Un mariage erikeano-seranien ne risque-t-il pas d'affaiblir votre position politique sur Seranon?

L'Impératrice-Douairière s'apprêtait à répondre lorsqu'elle et le Diktat furent rejoints par leurs enfants. Aussi laissa-t-elle son fils répondre à la question posée par le Diktat :

- Eh bien, Monsieur le Diktat, votre question ne manque pas d'intérêt et croyez que je me la suis posée, et à court terme elle est tout à fait pertinente. Cependant, j'aime à croire que la fin de la Rébellion m'autorise à réfléchir au moins à moyen terme, et ce que je vois alors est que, si Seranon accepte aujourd'hui l'alliance avec Erikea, c'est qu'elle se sait affaiblie et qu'elle aspire à la paix. Toutefois, je crains que si nous n'apportons pas un changement de mentalités profond, un jour où l'autre, les vieilles haines reviendront - n'oubliez pas qu'un Tieffelin peut vivre jusqu'à 150 ans : nous avons aujourd'hui dan l'armée des hommes qui ont traversé toute la Guerre Galactique sous les drapeaux. Et il se trouve que si votre fille parvient à se faire aimer des Seraniens, et je l'en sais capable, alors nous aurons gagné la paix pas seulement pour une ou deux générations entre nos peuples, mais à l'échelle de l'Histoire. Alors certes, cela risque fort de déplaire dans un premier temps, mais je suis suffisamment populaire pour pouvoir me le permettre. Ce n'est que mon avis, mais je pense sincèrement que le calcul politique est bon. Mais peut-être est-ce que je prends mes désirs pour des réalités.

Dmitri et Teslov continuèrent à discuter du prochaine enfant du perléen, des prévisions météorologiques sur Mazaharpet, du mariage d'une petite cousine de Dmitri, etc. Puis Teslov ajouta, en voyant quelques officiers perléens lui faire signer de venir avec eux:

- Je crois que je vais devoir te laisser, Dmitri! Il semblerait que ma présence soit indispensable. Tu passera le Bonjour à Erika et tes parents.
- Je leurs donnerai!

Sur ces dernières paroles, l'officier salua amicalement le politicien, avant de se retourner vers le groupe qui l'attendait, quelques mètres de sa précédente table.
Voyant sa cigarette presque terminée, Dmitri tira une dernière fois sur le filtre, avant de l'écraser sur un cendrier qu'un serveur avait installé, voyant l'un des hôtes de l'Empereur fumer. Il tourna la tête vers sa propre délégation, cherchant son secrétaire. Il le trouva et commença à s'extirper de son siège, avant qu'une voix ne l'arrête dans son élan. Il tourna immédiatement la tête et vit Son Altesse, entouré de ses proches conseillers, dont parmi eux, le Comte Jastrzębiec-Buczkowski. Devant cette vision royale, Dmitri se redresse immédiatement, avant d'ajouter:

- Votre Altesse! J'espère que vous vous ennuyez pas trop?
- Pas plus que vous, Dmitri. J'espère que votre cousin Teslov se porte bien.
- Il se porte très bien, Votre Altesse. D'ailleurs, il attends un second enfant!
- Quelle heureuse nouvelle! Monsieur le Comte, faites moi rappeler d'envoyer un cadeau à la femme du Capitaine.
- Bien sûr, Votre Altesse!
- Dmitri, nous avions l'intention de nous présenter à l'Empereur. Notre entrevue a été plutôt court, mais j'aurais voulu m'entretenir de certaines choses avec lui. Est-ce que vous pouvez venir avec nous?
- Cela serait avec joie, Votre Altesse.
- Néanmoins, Votre Altesse, l'Empereur semble être en pleine discussion avec la délégation erikeanne. Nous devrions peut-être être introduit par un membre de la famille impériale ou bien un ministre...
- Que diriez-vous d'approcher, alors, le Prince-Servant?
- Je pense que c'est une excellente idée, Monsieur Solganov.
- Je vous remercie, Monsieur le Comte.
- Alors, Messieurs, allons nous présenter à cet homme!

Très rapidement, la petite troupe traversa l'immense salle du trône, à la recherche du Prince-Servant Cnaeus Octavius Atreus. Il ne faudrait que quelques minutes pour l'apercevoir dans l'immense foule d'aristocrates, d'officiers, de fonctionnaires et de politiciens. Il était dans sa tenue d'apparat, un verre de vin blanc dans la main. Il semblait s'entretenir avec un fonctionnaire, au vue de son costume et des quelques décorations qui se présentait aux passants. Avec cérémonie et respect du protocole, Son Altesse se présenta au Prince-Servant:

- Votre Altesse Impériale! Je m'excuse de vous importuner. Permettez-moi de me présenter. Alicja Jastrzębiec-Marzemski, Roi de Skeïb et Prince de la Principauté d'Hitimili. J'espère que nous ne vous dérangeons pas dans votre conversation. Sinon, nous pouvons repasser plus tard dans la soirée?

Ayant aperçu les Skeïbiens s'approchant de lui en le regardant, Cnaeus avait fait en sorte de se libérer :

- Pardonnez moi Aelius, il semblerait que Son Altesse Royale veuille s'entretenir avec moi, je crains de devoir interrompre notre conversation.

Le fonctionnaire n'eut pas le temps de répondre que les skeïbiens étaient sur eux :

- Que Votre Altesse Royale soit assurée qu'Elle ne Nous importune en aucune façon : monsieur le Comte s'en allait. Que pouvons-nous faire pour servir Votre Altesse Royale ou Sa compagnie ?

Ajouta le Prince tandis que le Comte s'éclipsait après un salut respectueux.

Sans véritablement prêter attention au Comte seranien qui s'en allait, Son Altesse continua la conversation, par ses mots:

- J'aurais voulu me ré entretenir avec Sa Majesté Impériale, si cela n'était trop demander. J'aurais voulu m'entretenir plus en détails sur certains points, avec quelques membres de ma délégation.

D'un geste de main, elle présenta le Président des deux Chambres et le Comte Jastrzębiec-Buczkowski, qui s'inclinèrent, à la vue du geste royale.

Le Prince-Servant sourit à la Reine et s'inclina :

- Si Votre Altesse et ces messieurs veulent bien me suivre, je vais demander à Sa Majesté qu'Elle accède à Votre requête.

Le Prince suivi des trois Skeïbiens firent le tour de la salle pour aborder l'Empereur et les personnes avec qui il s'entretenait, et le Prince attendit que tous se fussent tournés vers lui :

- Sire, Monsieur le Diktat, Sire, Madame la Diktatrice, Madame l'Impératrice, Madame la Princesse, veuillez pardonner mon intrusion, mais Son Altesse Royale souhaiterait s'entretenir, avec Messieurs le Président des Deux-Chambres et le Comte, avec Sa Majesté Impériale.

L'Empereur s'inclina vers ses interlocuteurs :

- Veuillez me pardonner, mais il serait inconvenant de ma part de refuser une si humble faveur demandée de si exquise manière. Monsieur le Diktat, Sire, Madame la Diktatrice, je vous laisse en compagnie de ma mère et ma soeur quelques instants.

Accompagné de son frère, l'Empereur s'isola donc à quelques pas avec la Reine de Skeïb, le Président et le Comte :

- Que puis-je faire pour obliger Votre Altesse Royale ?

- Je vous en remercie mille fois, Votre Altesse Impériale!

Et la petite délégation suivit le Prince-Servant vers la table de l'Empereur. Arrivé à destination, le Prince-Servant présenta les différents membres de la délégation, avant que Son Altesse ne dise à l'intention des autres invités, la tête baissée et le reste du corps incliné:

- Veuillez excuser ce dérangement de notre part, mais j'aurais voulu m'entretenir avec notre hôte. Veuillez m'excuser de Vous l'arracher d'une telle manière.

Sur ces paroles, l'Empereur se leva et prit place à côté de Son Altesse, pour quelques pas. Puis il s'arrête à l'écart de ses précédents invités. Tout près, le Prince-Servant les suivait. L'Empereur dit quelques mot, sur quoi Son Altesse répondit.

- Je tenais à vous remercier personnellement pour l'accueil et l'hôtel que vous nous avez mis à disposition. Monsieur Solganov vous a peut-être remercie au nom du Gouvernement République Royale et de sa personne, mais je n'ai encore pu vous exprimer ma gratitude, Votre Majesté Impériale. Je voyage très peu, mais le peu que j'ai découvert de Seran me donne envie d'y rester encore quelques semaines, parès cette conférence. D'ailleurs, j'aurais voulu vous demander une faveur, si cela n'est trop demander à Sa Majesté Impériale.

L'Empereur accueillit les compliments de son invitée avec grâce :

- Je suis flatté de l'attention que Votre Altesse porte à l'Empire et à sa capitale, je ce serait un honneur que de garder Votre Altesse autant de temps qu'Elle le souhaitera. Quelle que soit la faveur que vous souhaitez, je ne doute pas que nous nous ferons une joie d'y répondre favorablement.

Jorran s'assit à portée de voie du dicktat, tout en discutant avec la charmante princesse

(Ce sera tout pour ce soir, c'est la semaine et je travaille Sad

)

- J'aurais voulu pouvoir accéder à certaines œuvres d'art que le Grand Musée de Seran a dans ses collections. Je suis une grande passionnée d'art terrien, notamment polonais d'avant l'ère coloniale. J'ai, d'ailleurs, passé une Thèse d'Art Classique sur ce sujet, quand les fonctions royales n'étaient pas encore aussi grandes. Mais j'espère que ce n'est pas un caprice de "Provinciale" d'une planète lointaine, Votre Majesté Impériale?

Derrière Son Altesse, Dmitri et le Monsieur le Comte écoutaient la conversation. Dmitri n'était pas un grand passionné d'art, même s'il avait une préférence pour l'Art skeïbien, notamment le mouvement "Résurrection". Un mouvement artistique, existant depuis une vingtaine d'années, cherchant à retrouver l'originalité des anciens œuvres terriennes. A quelques pas, le Prince-Servant écoutait lui aussi, sans bouger.

L'Empereur écouta Son Altesse avec intérêt et répondit rapidement :

- Nous serions non seulement ravis mais encore honorés de soumettre toutes les oeuvres d'art que compte Seranon à l'appréciation d'une spécialiste telle que Votre Altesse, et si je crains de ne pouvoir accompagner Votre Altesse en raison de mon agenda particulièrement chargé ces temps ci dans Ses pérégrinations, je suis persuadé que Son Altesse mon frère se fera un plaisir de guider Vote Altesse dans notre capitale. Il va de soi que Votre Altesse pourra rester, indépendamment du départ de Sa délégation, aussi longtemps qu'Elle le souhaitera sur notre planète.

Il se tourna vers les deux hommes :

- De même que la délégation de Son Altesse est la bienvenue pour le temps qu'elle souhaite, bien entendu.

Avant de revenir à la Reine :

- Serait-ce indiscret que de demander à Votre Altesse le sujet de sa thèse ?

- Mais bien volontiers. Elle portait, principalement, sur l'Art polonais durant la période Républicaine. Cette période va de 1920 à 1939, selon certains historiens d'avant l'Ere Coloniale. C'était une époque où la jeune République devait s'affirmer en tant que nation émergente de la Première Guerre Mondiale et dernier bastion d'Occident contre les "hordes rouges", comme les gens de l'époque appelait la Révolution Russe. J'ai toujours cru que Skeïb était la digne héritière de cette nation. A la fois vaincu et abandonné par ses anciens alliés. Mais toujours fière de son patrimoine, de ses valeurs et de sa volonté à exister malgré les privations et les humiliations... Mais je m'emballe... Quand je parle d'Art terrien, mon Esprit s'évade. Je vous prie de bien vouloir excuser cette fougue passagère. Car peut-être est-ce que Sa Majesté Impériale, n'est pas intéressé par le sujet que j'évoque.

Derrière elle, les deux hommes ne voulaient pas trahir les émotions qui les gagnaient. Dmitri ne connaissait presque pas le nouveau visage de Son Altesse venait d'exhiber devant l'Empereur Thurinus. Pareil pour le Comte, qui commençait à avoir un petit rictus de tension, au niveau de son œil gauche. L'allusion était trop visible pour passer inaperçu dans une telle conversation, surtout à ce niveau politique et devant l'éducation de son interlocuteur. Son Altesse s'était engagé dans une conversation quasi suicidaire, que même Dmitri et le Comte ne semblait vouloir éteindre, par peur des conséquences.

L'Empereur sourit à la Reine et continua innocemment sur la conversation, jouant lui aussi le jeu des allusions :

- Oh, mais le sujet m'intéresse tout à fait : voyez vous, avant d'entrer à l'Académie Militaire, j'ai obtenu une licence en Histoire, et même si je suis loin d'avoir votre niveau, et que je n'étais pas spécialisé dans l'art, j'avoue me passionner tout particulièrement pour l'ère pré-spatiale. Bien entendu, comme tout Seranien je me suis particulièrement penché sur l'Antiquité et la Renaissance, mais j'avoue avoir eu un intérêt tout particulier pour la troisième république française, et malgré la profonde admiration que j'avais pour la France, il faut admettre que son comportement aux prémisses de la Seconde Guerre Mondiale fut honteuse, abandonnant effectivement ses alliés et tout particulièrement la Pologne, qui malgré l'héroïsme de ses soldats n'avait que des cavaliers à opposer aux blindés germaniques. J'ai toujours pensé que son attitude ensuite dans la construction d'une autre Europe fut une tentative de faire amende honorable vis-à-vis d'une part des Républicains espagnols, d'autre part des polonais et des autres nations d'Europe centrale.

- J'ignorai que Votre Majesté Impériale, avait une telle passion pour l'histoire pré-spatiale. Je n'ai donc pas à vous rappeler que la Pologne a été, une nouvelle fois, bafouée par les Alliés en étant donné à l'URSS. Je n'ai pas à expliquer les humiliations et le peu d'intérêt des russes sur la question des valeurs polonaises ou de leurs droits fondamentaux... Mais je m'emballe encore! Veuillez m'excuser pour cela, Votre Majesté Impériale... Je pense que ces questions liées au passé de l'Humanité ne sont plus d'actualités, malgré certaines ressemblances. Vous ne croyez pas, Votre Majesté?

A la fin de sa phrase, elle fit signe à un serveur qui portait, sur un plat en argent, plusieurs verres de champagne. A ce geste, le serveur se détourna de sa trajectoire initiale et s'inclina respectueusement vers l'Empereur, avant de tendre le plateau de métal précieux. Son Altesse prit un verre, avant de le mettre à ses lèvres et en verser un peu de son contenu dans sa bouche. Simple et distingué, mais dégageant une certaine sensualité.

Le Prince-Servant, quoique ses notions sur l'histoire fussent un peu vagues, saisissait tout à fait les allusions, mais ne pouvait guère aider son frère faute de pouvoir poursuivre les analogies avec assez de pertinence. Il était toutefois extrêmement nerveux et l'attitude de la Reine ne faisait rien pour arranger cela. Il coula un regard circonspect vers le Président et le Comte pour constater qu'ils n'étaient guère plus à l'aise que lui.

L'Empereur quant à lui, s'il était troublé, n'en montrait rien et répartit :

- De même que je n'aurai pas à rappeler à Votre Altesse que les Alliés en question n'étaient autres que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS, et que la France n'eut guère voix au chapitre, tentant déjà de figurer illusoirement au rang des vainqueurs, elle n'avait pas l'influence nécessaire pour changer Yalta. Mais je rejoins Votre Altesse sur ceci : la Pologne comme beaucoup de pays, dans des passés lointains ou proches, a été bafouée et il appartient à l'Humanité d'aujourd'hui de veiller à ce que de telles erreurs ne se reproduisent pas. En ceci, les questions liées au passé de l'Humanité sont d'actualité comme exemple à suivre, ou à ne pas suivre. Mais puisque votre question est résolue, je propose que nous continuions cette captivante conversation avec nos nouveaux alliés.

L'Empereur avait très légèrement changé d'intonation pour prononcer les deux derniers mots, un petit rictus ironique au coin de des lèvres.

A l'écart de la conversation, Dmitri ne savait plus où se mettre. Cela était pareil pour les deux aristocrates, mais le pire était que sa famille avait des origines russes très prononcées, d'où le nom de Solganov. Devant lui, il voyait une autre Alicja. Et cette dernière n'était pas le genre à faire des courbettes devant un homme et de sur quoi un Empereur d'un empire stellaire. Quand l'Empereur invita Son Altesse à rejoindre les autres invités, Dmitri commença à prier pour que la jeune femme ne dise quelque chose de plus. Cette envie se lisait dans ses yeux, comme ceux du Comte qui commença à réfléchir à un moyen d'éviter l'incident diplomatique avec Seranon.

Sans s'occuper de ses deux compatriotes, elle répondit à l'Empereur, d'une voix calme et posée:

- Mais avec plaisir, Votre majesté! J'ai toujours voulu connaître un peu mieux la culture erikeanne. Cela sera une occasion de mieux comprendre les erikeans, nos nouveaux alliés, comme me le fait rappeler respectueusement, Sa Majesté Impériale!

Puis elle s'inclina légèrement, comme signe d'apaisement et bonne volonté de sa part. Elle se releva et tendit son bras vers l'Empereur.

Pendant que l'Empereur s'était éloigné avec la Reine de Skeib, le Diktat entretenait la discussion, s'intéressant notamment à la reconstruction de Seranon.

-Vous pouvez être sure, Votre Altesse, que Seranon bénéficiera de toute l'aide politique, financière et matérielle possible de la part du Pacte. Voyez-vous, je crois que la mise en place d'une telle reconstruction, non seulement sur Seranon, mais également sur Mazaharpet et Algaanzar, permettra de faire rouler l'économie du Pacte et d'en faire une puissance économique. De même, de tels efforts de reconstructions cimenteront les alliances du Pacte Seran-Valen...

Pendant que le Diktat continuait à parler, Élizabeth jeta un coup d'oeil vers l'Empereur de Seranon qui revenait accompagné de la Reine de Skeib. Ce dernier semblait tendu quoi qu'il le cachait très bien. Lorsqu'ils furent de retour à table, la Diktatrice les salua:

-Sire, je commençais à m'ennuyer de votre compagnie. Votre Majesté la Reine, il me fait un plaisir de vous rencontrer. Je suis la Diktatrice Élizabeth Greens Eisenhower, Numéro 2 du régime du Diktat, PDG de l'Erikean Motor Trust, Marquise de Seranon et fille adoptive du Diktat Barack Eisenhower.

Suite à cette présentation, la Diktatrice s'inclina devant la Reine puis invita la délégation skeibienne a prendre place autour de la table

L'Empereur s'assit à côté de la Diktatrice tandis que sur un geste de sa part les serviteurs ramenaient des sièges supplémentaires pour les nouveaux venus. L'Empereur demanda également quelques cendriers qui furent disposés de manière que chacun puisse fumer, et l'Empereur fit porter à tous ceux qui le désiraient des cigares de sa cave personnelle, de même que des vins, notamment un superbe Haut-Hyaluu 2728, l'une des meilleures années de l'un des meilleurs vins kryptons, c'est à dire du meilleur producteur de vin de la galaxie. Coupant la tête de son Grand Panetella Maduro préparé Totalmente a Mano à l'aide de sa guillotine personnelle, avant d'en humer la cape puis de commencer à le déguster à cru, l'Empereur demanda au Diktat :

- Je suis désolé, Monsieur le Diktat, mais vous n'avez pu répondre à mes remarques tout à l'heure : mon argumentation vous convient-elle ?

Puis il alluma son cigare pour en prendre une bouffée avant d'avaler une gorgée de vin : les Seraniens estimant le mariage vin-cigare particulièrement satisfaisant.

Le Diktat prit le temps de se servir un cidre de glace de Tramp, d'en déguster une gorgée avant de répondre à son hôte:

-Malheureusement, Votre Majesté, je connais trop peu votre Peuple, votre culture, bref je connais trop peu Seranon pour me faire ma propre idée. À priori, votre calcul est on ne peut plus exact et relève d'un pragmatisme qui est bien connu chez vous. Si la classe politique et le Peuple Seranien est à votre image, ils sauront comprendre les objectifs de leur Empereur. Quant à Erikea, je peux d'ore et déja vous affirmer que l'élite se rangera derrière la décision de la Diktatrice. Leur seul désir sera que vous soyez nommé Diktateur des États-Unis d'Erikea afin de marqué l'égalité entre Erikea et Seranon. Mais j'ai une question pour vous, Votre Majesté? Savez-vous ce que signifie être Diktateur des États-Unis d'Erikea? La Diktature, voyez-vous, n'admet pas l'existence de votre sacro-sainte démocratie dont Seranon se fait défenseur acharné. En étant Diktateur, vous serez le numéro 3 d'Erikea et lorsque ma fille deviendra la 27e Diktat d'Erikea, vous serez son numéro 2 bien que vous ne puissiez accéder à la Diktature, n'étant pas citoyen erikean. Cependant, vous serez amené à cotoyer la misère de la plèbe humaine. Douze milliards de personnes vivent et meurent sous le règne des Diktats. Les intrigues, les assassinats, la répression, les jugements sommaires, le culte de la personnalité, la concentration des pouvoirs aux mains du plus fort, voilà ce qui caractérise mon régime. La démocratie est morte sur Erikea le jour où elle n'a pu répondre à la menace de la Fédération Terrienne Unie. Donc ma question est: vous croyez-vous prêt, Empereur Caius Octavius Thurinus, à devenir Diktateur des États-Unis d'Erikea, époux de ma fille, avec tous les droits et devoirs que cela comporte?

L'Empereur prit le temps de peser les paroles du Diktat.

- Sauf votre respect, Seranon ne se fait pas le défenseur de la démocratie. Seranon se fait le défenseur du droit de chaque nation à déterminer son mode de gouvernement : démocratique ou non. Je ne serais pas fidèle à moi-même si je tentais de transformer Erikea en démocratie. Je peux, et même je dois, exercer sur Seranon le pouvoir suprême dans une démocratie, et sur Erikea participer à un pouvoir autocratique. De même que votre fille devra sur Erikea exercer le pouvoir suprême dans une autocratie, et sur Seranon n'être que ma plus proche conseillère, puisque l'Impératrice-Consort n'a pas de rôle constitutionnel. Les choses ne sont pas évidentes, mais je suis persuadé que l'usage nous permettra de mettre ne place un fonctionnement tout à fait efficace et respectueux tout à la fois d'Erikea et de Seranon.

Puis l'Empereur se tourna vers la Reine de Skeïb :

- Voyez vous, Sire, je projette d'épouser Mademoiselle la Diktatrice, et il se trouve qu'une mariage international pour des personnes ayant de si hautes responsabilité n'est jamais facile à mettre en place, mais moi et mon frère sommes d'accord pour dire que cela ne manque pas par ailleurs d'heureuses opportunités.

Son Altesse répondit à la salutation de la Diktatrice en exécutant le même mouvement, puis elle ajouta:

- Ce plaisir est réciproque, Diktatrice Green. Je suis Alicja Jastrzebiec-Marzemski, Roi de Skeïb et Prince d'Hitimili. J'espère que je n'ai pas trop mobilisé notre hôte loin de votre table.

A ces mots, Son Altesse et le reste de la délégation s'installèrent sur les sièges, nouvellement installés pour eux.

Sans ajouter d'autres, la délégation écoutait la discussion qui s'était engagé entre le Diktat et l'Empereur Thurinus. Dmitri comprit rapidement que la discussion tournait autour d'un mariage entre l'Empereur et la Diktatrice. Quand des cigares firent leurs apparitions autour de la table, Dmitri refusa d'en prendre. Il n'était pas un grand amateur de cet art. Il était plutôt un adepte de la cigarette. Seul le Comte prit l'un des cigares de l'Empereur. Quant à Son Altesse, elle n'était pas une fumeuse. Le reste de la discussion tourna autour des grandes différences socio-culturelles des deux grandes puissances du Pacte. La différence perpétuelle entre une démocratie et une "dictature". Quoique Erikea ne disait pas qu'il s'agissait d'une dictature, mais d'une forme de gouvernement adapté à la situation planétaire et géopolitique de cette région de la Galaxie. Devant le débat qui s'installait à la table, Dmitri appela un serveur avec sa main et lui demanda d'apporter un verre de Bourbon skeïbien. Ce dernier ne répondit favorablement à la demande, pour des raisons qu'il n'y avait presque pas d'alcools mazaharpiotes dans l'immense cave impérial. Il proposa un Knutsen arkillian. C'était un bourbon, l'un des meilleurs, selon le serveur. Résigné, Dmitri accepta et le serveur alla lui chercher la substance alcoolisée.

Une cigarette entre ses doigts et un verre de Bourbon dans l'autre, Dmitri écouta le reste de la discussion. Quant l'Empereur solicita Son Altesse, Dmitri tourna son regard vers cette dernière et attendit sa réponse. Puis elle ajouta:

- Il est vrai que permettre de tels événements sont très difficiles quand les systèmes politiques ou culturelles sont différents entre les deux mariés. Parfois certaines lois ou coutumes sont totalements opposés entre elles, comme l'interdiction de mariages avec des étrangers ou avec des individus de milieux socio-profesionnels différents. Mais je pense que ce mariage pourrait servir la cause seranien, comme erikean, sur le plan diplomatique.

L'Empereur et son frère qui avait saisi l'allusion écoutèrent la réponse de la Reine avec attention. Puis le Prince-Servant répondit :

- En effet, ce mariage sera utile d'un point de vue diplomatique, mais aussi culturel et économique. Je pense que les dirigeants du Pacte devraient apprendre à mieux se connaître, pas uniquement par le mariage bien sûr, mais c'est un moyen parfait. Cela permettra une réelle compréhension mutuelle et bien sûr une connaissance idéale. Je crois que la pérennité du Pacte repose sur l'amitié entre ses peuples, et que cette amitié passe par celle entre leurs dirigeants.

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