Le rêve de Prospero

[HRP]Vu. Je reprendrai la main le week-end prochain.[HPR]

Quatre jours plus tard, les deux vaisseaux du pacte filaient en hyperespace à travers des territoires inconnus, suivant le discret chemin tracé par les balises fédérales semées comme des pierres blanches à travers la noirceur de l'espace interstellaire. Après l'arrêt sur "Frigo Prime", les équipages avaient retrouvé la routine de bord, même si à présent la mission de routine (plus ou moins) d'exploration s'était muée en une intéressante quête dans les mystères que recelait l'espace transsolarien - ce tout nouveau secteur Pyxis.

On avait déjà relevé les six balises intermédiaires; elles suivaient toujours et encore le courant hyperspatial, qui avait "obliqué" au niveau du système solaire où le vaisseau écrasé avait été retrouvé, et à présent se dirigeait vers l'extérieur mais du côté du secteur Cassiopeia plutôt que tout droit ou du côté du secteur Jonction. Cela semblait confirmer que le vaisseau avait continué conformément à ses programmations, suivant le courant et scannant les environs afin de détecter les meilleurs emplacements de pose de balise ou encore de colonisation.

Mais, alors que le Jouer le jeu et son compagnon jadéens s'enfonçaient de plus en plus dans l'inconnu, loin après le lieu de relève de la dernière balise, les opérateurs scanners annoncèrent qu'ils disposaient des premières données sur l'emplacement du dernier écho détectée, celui du vaisseau CO-NGM-0457. Celui-ci provenait de l'intérieur d'un système solaire. Un soleil, naine jaune d'environ 1,1 MS, avec au moins deux planètes telluriques et autant de géantes gazeuses. Le vaisseau émettait en continu un signal plus faible que celui qu'ils avaient reçu par "écho", une sorte de bruit blanc, un signal de veille standard: il était donc opérationnel - du moins à un certain degrés.

La tension remontait d'un cran chez les explorateurs...

Sujet: Re: Le rêve de Prospero Jeu 15 Mar 2012 - 17:16

Fond sonore !

On vibrait. Le navire vibrait. Même si c'était commun, on sentait aujourd'hui bien mieux les ronronnements du moteur, les secousses dûes à l'entretien. Ou peut être le coeur d'un autre membre d'équipage qui palpitait, collé à la carlingue. Le stress, l'adrénaline, et l'envie coulaient dans les veines de nos équipiers. Ces argonautes des temps modernes qui arrivaient en fin en vue de la toison, à l'horizon. Horizon de sombre nuages, ou d'immaculé? Nul ne pouvait le savoir.

Comme tous les autres, Athènes qui n'avait pas de tâche à ce moment regardait devant elle. Les yeux vides, l'esprit vif et désordonné. Où allait on, qu'allait on faire? Pour ne pas que cette léthargie se transmette à tout l'équipage, elle décida de lui donner de l'activité. Elle se dirigea en premier lieu vers les quartiers des Troupes de Marine. Ne tapant pas à la porte, elle s'accouda, et les regarda, avec une tendresse maternelle. Les matelots les moquaient, eux qui n'avaient même pas de couchette individuelles, qui parlaient mal, et n'avaient souvent qu'une formation littéraire très réduite. Mais on les voyait, ces "rats", aussi immense qu'ils l'étaient en ce moment.

Ils ne connaissaient pas le mot "lassitude", "routine". Non. Assis en cercles, discutant sans un bruit, échangeant en chuchotant quelques mots, ils fourbissaient leur matériel. On entendait le cliquetis des armes. Joues creusés, regard acéré, concentration. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur leurs front, ils étaient méthodiques. En tee-shirt beige, ils se préparaient. On pouvait voir souvent les bandes de noires de quelques tatouages, mais tout ceci peu à peu disparaissait sous les lourdes tenues de combat. Ces hommes avaient les joues mal rasées, les cheveux un peu trop long, bref, rien de réglementaire, mais aucun commandant, même le grand Syllas, ou l'admirable De Grasse, ne les auraient, ne les ont fait changer, en mille ans d'existence. On n'apprends pas à être aux fusiliers. Ils sont, dans leurs grandeurs, légitimes par l'efficacité. Comme une illustration, l'un d'eux s’aperçut au bout de quelques minutes de la présence du Ras'. Sans un murmure, un courant électrique parcouru la pièce, et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, dans un unique et majestueux claquement de talon, toute la salle était au garde à vous, les tenues peu académiques disparaissaient sous l'éclat de ces hommes. Athènes ordonna le repos et les remercia, puis, partant vers un autre département, comprit au fond d'elle, qu'avec d'aussi superbes individus, elle ne risquait rien. Après tout, leur devise n'était elle pas "Debout les morts"?
Si elle savait seulement d'où venait cette lointaine devise, peut être aurait elle compris ce qu'elle signifiait au fond. Mais ne dit on pas que la splendeur est le penchant menteur de la grandeur?

Sujet: Re: Le rêve de Prospero Mer 28 Mar 2012 - 21:03

Musique: Finlandia, Sibelius

Prudemment, le Jouer le jeu et son compagnon jadéen pénétrèrent dans le système stellaire d'où provenait le signal. A bord, la nervosité était plus forte que lors du précédent arrêt, même si elle n'était pas universelle.. Il était bien connu que dans l'espace, les nerfs étaient parfois soumis à rude épreuve, tout ce vide était oppressant. Et n'avait pas tendance à aider en cas d'impatience, d'inactivité, où d'appréhension.

Au fur à mesure qu'ils entraient dans le système stellaire, les rapports de senseurs avant et autres dispositifs de captage parvenaient à la passerelle. Cette fois ci, ils étaient vraiment étonnants, et provenaient de la deuxième planète tellurique. Il y avait un autre signal, bien plus faible que le signal de veille du vaisseau colonisateur, qui en provenait. Les analyses annoncèrent qu'il s'agissait d'un petit réseau satellitaire artificiel autour de la planète. Les communications et faisceaux étaient très faibles, mais demeuraient actifs pour certains. Malheureusement, la planète était presque de l'autre côté de l'étoile par rapport à eux, et à cause des radiations stellaires, "distinguer" ce qui se passait à sa surface n'était pas possible.
Toutefois, ils purent purent se diriger assez rapidement vers le colonisateur. C'était une unité quasiment entièrement semblable à la précédente, à l'exception que les signaux énergétiques qui en provenaient étaient plus forts: un module solaire était déployé, signe que le vaisseau avait procédé à sa conversion entre le mode de voyage interstellaire vers le mode de fonctionnement intrastellaire. Les signaux automatiques de localisation du colonisateur répondaient à ceux du Jouer le jeu, mais aucune activité humaine.

En s'approchant davantage, ils purent scanner presque de bord-à-bord (cent kilomètres) CO-NGM-0457: il avait un module de plus centaines de mètres des long déployé sur bâbord, composé en grande partie de cellules photovoltaïques, de capteurs et d'instruments divers, mais aussi un module tribord, où étaient visibles un certain nombre d'instruments, lasers de forage à haut pénétration, catapultes à chargements, collecteurs variés, etc... selon toutes apparences, le colonisateur avait servi. Il avait terraformé une planète.
Il y aurait probablement des enregistrements importants à bord... mais, d'un autre côté, une solution (risquée?) était peut-être de se diviser, laissant le vaisseau jadéen ici et partant tout de suite avec la pentarême vers la planète.