Arrivée dans les zones neutres

La traversée avait été assez mouvementée: Dans un premier temps, une panne du propulseur principal, une machine qui devait dater de la Terre au moins, suivie d'un erreur de réparation avait causé un certain énervement parmi les passagers les plus belliqueux, qui ne s'étaient pas gênés pour montrer ostensiblement leurs armes aux membres de l'équipage, et même les prendre à partie. Après quelques réparations que la jeune Unionienne avait suivi avec interêt, le vieux transporteur Carcar était péniblement reparti sur la route des zones neutres. Mais là, à la faveur d'une légère fatigue du moteur, un vaisseau aux courbes étranges avait attaqué et tenté d'aborder le transport. Manifestement, les mystérieux inconnus n'avaient pas compris qu'une grande quantité de mercenaires de fort méchante humeur étaient embarqués, et, après quelques échauffourées sanglantes, se sont retirés, emmenant leurs cadavres. Le commun des affaires, en somme.

Après cette promenade de santé, le rafiot a fini par s'arrimer à une de ces nombreuses stations à la frontière de la légalité qui pulluaient, pour l'espace de quelques heures. Hel avait procédé à quelques échanges et ajouts à ses carnets, pris des nouvelles de Kamensk - manifestement les Hunsa s'étaient vu emputer recemment d'un de leurs parrains, qui croupissait maintenant probablement dans une sombre prison de l'Amirauté, et aussi, près des usines d'armes, les Scaliger avait repris du terrain et stabilisés leurs positions - et de façon générale de l'Univers. Cela fait, elle s'était rembarquée, et avait continué avec cet omnibus interstellaire brinquebalant, encore une ou eux stations, avant d'arriver dans ce coeur de cette zone échappant à toute juridiction: Le système stellaire Sbr-14 - classification Unionienne-. Après une demi-heure, le petit cargo arriva poussivement à proximité du vaisseau géant qui y gisait entre deux nuages gazeux, le Titan, colosse endormi. Lentement, il ralentit en face de la carcasse démesurée de ce monstre préhistorique, comme l'ancètre de tout les géants qui sillonnaient la galaxie. Enfin, le cargo s'arrêta définitivement devant tout à pan de paroi noir illuminé par huit projecteurs déglingués, sur lequel on lisait plus ou moins dinstinctement: "EI...NG N°7...". Un ponton pressurisé s'avança en tremblant depuis le rafiot vers l'autre ruine, et s'arrima au sas de celle-ci avec un clinquetit dont les vibrations, suivant la structure de lien, parvinrent jusqu'aux voyageurs, qui se regardèrent une dernière fois, avant de retourner chercher leurs affaires et définitivement décamper de ce qui était le terminus. Il faudrait des réparations avant de reprendre le large, de toutes façons.

Suivant sans faire de vagues le courant, Hel s'arrangea pour sortir les deux caisses restantes avec un porteur, caisses qu'elle plaça chez une connaissance pas loin du dock, un correspondant local des Scaliger, Antonín Santa Anna, à son habitude, avant de partir vers le reste de cette section, toujours à la recherche d'affaires intéressantes. Par prudence, elle emmenait aussi, pendant au bout d'un léger collier en fibre de noxane, le petite cube de son bloc motograv, dont la protection pouvait lui être utile, pure sécurité défensive. Ici, c'était autrement plus dangereux que sur Carcar, quand on était au mauvais endroit au mauvais moment...

Après avoir passé encore une journée à vendre quelques SIP, et surtout plusieurs caisses de muntions à un gang mafieux qu'elle ne connaissait pas encore, Hel arrivait à boucler son bugdet et à écouler la plus grande partie de sa marchandise. En en laissant un peu dans son entrepôt, elle pouvait pour une fois voyager léger, sans baggages.

La jeune trafiquante passa le reste de sa journée au bar, avec des connaissances, à discuter tranquillement des informations et de l'actualité. Certains disaient que ça allait barder sur Jadis, entre les législatives et le coup de gueule Seran. "Restera des maccabs' après la bataille, et y aura d'quoi détrousser", dit l'un de ses contacts parmi les charognards de l'espace. Elle se contenta de hocher la tête en sirotant son habituel coktail -Ravaga-. La discussion glissa peu à peu sur l'éternelle querelle qui opposait deux walords, Gordon et Hinks, qui s'entretuaient depuis des années déjà pour le contrôle d'une moitié d'astéroïde. Toujours vaguement, les mercenaires duhangar 1 furent évoqués, Katarina, Renard, et un certain gars en costard. Manifestement, déjà la moitié du vaisseau en riait.
Voyant qu'il était l'heure, Hel les abandonna en reportant pour la énième fois la dette d'une vieille crapule auprès d'elle, vieille crapule qui écoutait généralement où il ne fallait pas, et qui lui rapportait des éléments intéressants.
Rembarquée, elle s'installa dans sa cabine, vérouilla à l'aide de la barre de duranium, non sans avoir érifié la solidité de celle-ci afin d'éviter les visites indésirables, avant d'aller prendre une bonne douche - dont elle avait cruellement besoin, car n'osait pas utiliser les douteux et séculaires réseaux d'eau du Titan -. Dans cet astronef de transport par contre, les salles de bains, quoiques toujours exigües, étaient propres et l'eau potable, c'était bien obligé pour pénétrer sur le territoire du pacte de Jadis, qui exigeait certains standards en matière d'hygiène, et des procédures contre les maladies qui s'évissaient encore dans les zones neutres et d'autres mondse pauvres.
Lavée de prêt, elle régla encore quelques affaires, et finit par s'affaler sur sa couchette. Elle avait encore le temps jusqu'à l'arrivée au spatioport d'Himalia, et de toute façon sa correspondance pour Kamensk ne partait que deux heures après...

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