Au service des Gomenzos

Karl roulait à vive allure dans la petite jeep qui assurait la patrouille habituelle et le prélèvement de l'impôt hebdomadaire dans les "rues" du territoire des Gomenzos sur le Leviathan. Ils étaient trois à bord. Lui et deux autres hommes de main lourdement armés. Une mission de routine comme Karl les enchainait depuis un an. Il avait trouvé de la sécurité sur le Titan par hasard, avec l'aide de la Tarasque, qui lui avait dégotté le boulot alors que Karl avait besoin d'argent. Après leur défaite militaire dans l'opération strangulation, les Gomenzos étaient en manque d'effectif, et ils recrutaient un peu à tout les niveaux des types qui ne faisaient pas forcément partie de la famille. Afin de préserver la pureté de l'organisation Mafieuse, il n'en restait pas moins qu'il existait un plafond de verre pour les gens comme Karl. Ainsi, pour monter à un grade plus élevé que ce petit poste de responsable de la sécurité du pont 37, Karl devait prouver sa valeur au Parain de la famille sur le Titan, et épouser une de ses nièces. Alors, il pourrait rejoindre de manière plus légitime des postes plus intéressant au sein de l'organisation.

La voiture s'immbolisa devant le dernier bar. Karl resta au volant alors que les deux autres y entraient et entamait une discussion animée avec le tenancier. Celui-là faisait toujours de la résistance. Il n'aimait pas beaucoup les 1000 crédits que lui extorquait le clan toutes les semaines. Le problème, c'est que sur le Titan, les Gomenzos avaient sut s'attirer une réputation de bienfaiteur du commerce. En effet, après leur défaite dans l'opération de purge Erikeanne, une branche complète de la famille (Les Gomenzos-Satarichi) s'était réfugiée avec une bonne troupe sur le croiseur, et au terme d'une sanglante guerre de gang avec le SGC et les petits clans locaux, elle avait put faire main basse sur une quinzaine de pont du vaisseau ou elle faisait régner sa loi. Une loi dure, qui ne tolérait aucun débordements de la part de ses administrés. Les Gomenzos agissaient comme une police et prélevait des amendes chez tout les fauteurs de troubles en plus des impôts aux Commerces.

Recommencer depuis la base n'avait pas été facile pour les chefs de clans de l'organisation et sur le Titan, on pouvait trouver là le meilleur exemple du succès de la reconversion de l'organisation. En deux ans d'implantation, ils avaient acquis le monopole de la vente de Dope dans toute leur zone d'attribution, avaient mis sur pied un réseau de prostitution assez solide dans tout le vaisseau et géraient le plus gros sas d'abordage du batiment.

Les deux hommes ressortirent rapidement du bar en comptant la liasse de billet qu'ils avaient entre les mains. Ils la tendirent à Karl, qui la recompta, et la fourra dans un sac plastifié avec les autres. Il le laissa tomber entre ses jambes et démarra. Son boulot ici consistait en une tache simple : lever l'impôt, donner des amendes et coordonner les patrouilles de sécurité de ce pont là. Il visait un poste plus élevé et avait déjà fait part à son supérieur de sa volonté de s'investir d'avantage dans l'organisation. Ce dernier avait promis de parler de la situation à son supérieur et peut-être que Karl pourrait bientôt agir au niveau de la sécurité de tout le Titan.

Mais lui visait plus haut. Il connaissait les armes, le milieu et la vente de ce type de matos. Il savait qu'il y avait une très très grosse opportunité à saisir, et rapidement sur Erikea. La chute du régime laissait un tas de droïdes de combat à capturer et à revendre sur tout les mondes de la Galaxie. Il visait la coordination de ce marché pour tout le clan. Il estimait en effet qu'il pourrait gagner beaucoup beaucoup d'argent à ce petit jeu là. Il estimait aussi que cela ramenerait probablement les gomenzos dans la Main et ferait des Satirichis la branche directrice de la famille ...

La jeep s'arrêta enfin à quelques mètres de l'appartement ou Karl devait déposer ses deux compères. Après un au revoir rapide, Karl redémarra et mota au pont supérieur ou il devait déposer l'argent. Moins de cinq minutes plus tard, la Jeep se garait dans la ruelle arrière des bureaux des Chantiers de Réparations GSatirichi et Karl poussait une porte de service. Il posa le sac sur la table de son bureau et entreprit de ranger convenablement l'argent dans une malette. Ensuite, il prit en main les différents raports d'activité de ses patrouilles, à la recherche de quoique ce soit d'anormal ...

Karl ne trouva pas de problème majeur dans les rapports de ses subordonnés par à part une bagarre qui avait manqué de se déclencher chez Ytak, un petit restaurateur qui tentait de maintenir son affaire depuis que le Syndicat Général des Contrebandiers avait été chassé de l'endroit. Un groupe d'astronautes indépendants manifestement d'origine arkilienne avait manqué de déclencher une bagarre pour "propos offensants" émanant d'un consommateur régulier. Boris Volkov, le chef de patrouille n'avait pas vu d'armes particulières mais d'après le tenancier elles avaient failli sortir. Quoiqu'il en soit les astronautes étaient rapidement partis en laissant 200 crédits au patron pour les clients ayant filé sans demander leur reste ni payé d'addition. Volkov avait préféré faire un rapport vu l'éloignement du pont 37 par rapport aux zones habituellement fréquentées par les non résidents. Pour l'instant Volkov enquêtait pour connaître l'origine de l'équipage et essayait de voir si le vrai responsable (le consommateur) avait les moyens de le payer la taxe et le reste des additions ou s'il faudrait le mettre en esclavage pour dette.

Les vrais problèmes ne venaient pas du pont 37, où Karl faisait du bon boulot en maintenant l'ordre dans "l'arrière pays" mais plutôt du pont 16, près de la clinique du docteur Junk où la passation de pouvoir et l'arrivée d'une organisation puissante à proximité de la célèbre clinique avait rendu les Hunsa et auxiliaires Carcars du Tekras-r-vla particulièrement nerveux et tout le monde sur le Titan savait que quand les responsables locaux de la famille Hunsa se sentaient menacés ou offensés, cela tournait très mal.

Les autres problèmes venaient des points 23 à 28, à savoir les hangars et plus généralement le port. L'éjection du SGC avait privé le Titan de son principal armateur et plusieurs indépendants parfois rivaux ailleurs rendait l'endroit instable et l'insécurité pouvait être appréciée à tout instant. Certains vendeurs commençaient à ouvertement refuser de payer la taxe et engageaient leur propre personnel de protection. Le port restait néanmoins dominé par les Gomenzo-Satarichi même si leurs hommes de main n'intervenaient pas toujours, et presque jamais lorsque certains contrebandiers ecazans étaient impliqués. Les ecazans, indépendants et souvent rivaux du SGC et autres organisations, transportaient, marchandaient, et s'étaient, pour diverses raisons notamment la proximité géographiques, imposés comme plus gros armateurs locaux. Le monopole de la distribution de drogue avait fini par nécessiter de gros arrivages, complaisamment vendus par d'anciens rivaux gaumans qui avaient définitivement repris le haut du pavé en matière de production et vente en gros. Les Gomenzo avaient en général perdu une large partie de leurs transporteurs et les rares encore fidèles filaient tous depuis que les Gomenzo-Satarichi avaient provoqué un conflit avec le Syndicat Général des Contrebandiers. Si le syndicat avait été exclu du Titan, il en faisait informellement le blocus et s'était rabattu sur d'autres branches de la famille. Cela les ecazans - ou plutôt le protecteur et armateur des contrebandiers en question, connu sous le nom de Mustapha Pacha (son de famille était de toutes façons soit faux, soit inconnu)- le savaient et négociaient ferme tout en s'implantant marginalement dans la zone du port. Personne ne savait vraiment par quel bout il fallait prendre le problème.

Un homme entra par la porte de service qu'avait emprunté Karl et déposa lui aussi un paquet d'argent qu'il entreprit de ranger dans une valise.

-Salut Karl, s'exclama Turan Klavtec, responsables de ponts 33 et 34, peu peuplés et plus ou moins (s'il n'était pas formellement le chef il avait l'oreille des patrons, depuis son comportement honorable lors de l'opération Strangulation) l'homme en charge des ponts inférieurs, l'arrière pays, dont le pont 37 faisait partie. En tout cas il faisait partie des plus hauts gradés non Gomenzo du Titan. T'as pas de problèmes d'eau dans ton secteur toi ? Le mien est plein de petites citernes mal entretenues et de mauvais recycleurs. Résultat : faut en importer, dit-il en rangeant des liasses trois par trois. Mais bref, c'est calme par chez toi ?

Karl reposa le rapport concernant le client d'Ytak. Il redigea rapidement une note de service a l'attention de son responsable, lui rappelant qu'un esclave rapportait beaucoup moins d'argent au clan que des dettes duement payees. Il lui donna quelques instructions concernant la facon dont il devait mener la recuperation des fonds. Si ce pauvre homme n'avait pas les moyens de payer sa dette, on saisirait tout ses biens. Et si ses biens ne suffisait pas, Karl signifia a son sous-fifre l'ordre d'enqueter sur les proches de ce type la. On saisirait leurs biens aussi. Karl avait toujours procede de la sorte. Avec lui, si vous n'etiez pas suffisament riche, votre famille etait votre caution, mais il le rappelait toujours a ses hommes. On ne repetait jamais assez les ordres.

Il leva la tete a l'entree de son collegue et repondit rapidement a sa question :

[K. Jangtien] La routine habituelle. Des dettes a gerer.

Il recupera une liasse de rapport d'entretien et poursuivit :

[K. Jangtien] J'ai pas encore fait le tour de cette pile la. Mais j'ai pas du tout envie de superviser le passage de citernes d'eau entre les mailles des filets du SGC ... J'espere que de mon cote ca va. J'ai donne 150 000 credits aux services d'entretien le mois dernier. J'espere que ca leur suffira. Pour les citernes privees ... Eh ben ca me ferrai chier de devoir venir en aide a un prive qui est pas foutu d'entretenir correctement ses possessions. Tu peux etre sur que je lui doublerai la taxe de passage cette fois.

Le travail de bureau n'etait pas le plus passionant du monde, mais Karl s'efforcait de le mener avec tout le zele necessaire. Beaucoup de chef de securite du Titan se chargeaient d'abord du travail de terrain, qu'il trouvait plus "interressant", et payait un subalterne pour faire le travail de Bureau. Karl se souciait d'abord des benefices du clan. Il alignait parfois des heures supplementaires pour epargner 1000 ou 2000 credits par semaines.

Saisissant la malette, il s'empara d'une dizaine de liasses (sa part pour permettre la paye hebdomadaire des hommes et l'argent a garder de cote pour la gestion des autres elements de la securite du pont. Environ 100 000 credits par semaines) puis la referma et la posa sur une table voisine ou une douzaine d'autres attendaient deja. Il entra un code de securite sur le verrou magnetique et lanca a l'attention de Klavtec :

[K. Jangtien] Tu sais qui doit ramener tout ca au QG cette semaine ?

Le QG central de tout le clan Gomenzo sur le Titan se trouvait au niveau du pont 27, dix niveaux plus haut. On transferait generalement l'ensemble des fonds par voie de camionettes blindees, escortees par trois ou quatres jeep. Il faut dire que les seules recettes du pont 37, en matiere d'impot, avoisinaient les 3 millions de credits (un pont de 15 ou 20 kilometres de long, blindes de commerces ca fait un sacre pactole !), et ce n'etait pas le plus actif en matiere de commerce ... Ce genre de transfert comportait des risques lorsqu'on devait traverser des zones ou la securite etait geree par des incompetents. C'etait rarement le cas dans les niveau 20 a 30, mais beaucoup plus dans les niveaux 30 a 40, ou l'on envoyait les types les moins efficaces en attendant de les mettre a la porte. Ces zones etaient plus residentielles, et comptaient donc de nombreux residents permanents du Titan ...

En attendant la reponse de son collegue, Karl commenca a parcourir en diagonale les rapports des services d'entretien, a la recherche d'un probleme de citernes hors d'usage. S'attendant a en trouver un, il relut egalement rapidement les rapports de sa force de "gardes-cotes" afin de savoir ce qu'il avait a sa disposition comme vaisseaux, dans l'hypothetique cas ou il devrait planifier l'arrivee d'un convoi de livraison.

Les forces spatiales de Karl se réduisaient à son chasseur, un Bulkar M1 et un "esclavagiste" d'origine carcare. La majorité des astronefs étaient situés aux environs du port pour des raisons évidente de ravitaillement : tout se trouvait à se niveau là. Carburants divers, ateliers, sas en état de supporter des allées et venues fréquentes...

-C'est pas ça le problème Karl. Ici une bonne part des citernes sont privées, même chez les commerçants que tu taxes. Le SGC s'était jamais embêté à contrôler qui que ce soit ici et la gestion était laissée à quelques alliés locaux et les communautés autonomistes des niveau inférieurs qui parfois s'étendaient jusqu'ici étaient globalement laissées en paix. Eux vont trouver un importateur au niveau des ports et commandent. À priori sont pas un problème surtout qu'une bonne part paie la taxe. Ce qu'il y à c'est que les conduites du secteur sont pourries et qu'il faudrait pas mal de sous pour que les "privés" ne soient pas obligés d'avoir recours à leurs citernes. 'fin bref laisses-moi m'en occuper je trouverai bien quelques endettés pour faire le boulot à coups de bâton et leurs familles aussi puisque tu as pris l'habitude de les faire casquer aussi on va pas changer hein, termina-t-il avec un sourire. Le tout est de le faire suffisamment vite pour que ça n'énerve pas ceux qui paient vraiment.

Un bip retentit et Klavtec sortit son communicateur.

-Hum, je crois que tu devrais te charger de livrer l'argent cette fois-ci.

Le communicateur de Karl bipa également. Juan Satirichi voulait le voir en compagnie de Hector Juarez, le responsable des perceptions d'impôts, plus généralement appelé le Lieutenant des comptes.

Karl hocha la tête. Klavtec avait raison. Le SGC s'etait toujours focaliser sur des activites de transports. Son mode de controle se basait sur l'interdependance. La mentalite de Fulkor Basanas etait relativement connue dans toute la galaxie. S'il controlait les modes de communications et les relations entre les individus, il controlait les individus eux-mêmes. Il y avait du vrai dans ce qu'il pensait. Et c'est ce qui avait conduit les organisations comme les clans de la mains a se doter de leurs propres contrebandiers et transporteurs, et ce qui conduisait Basanas et ses gars a faire la guerre a toutes les organisations de contrebande qui depassait un certains nombres de vaisseaux. D'ailleurs, Karl commencait a se demander si ces sympathiques Ecazans dans le port, n'etaient pas une tentative du SGC de reprendre pied dans le Titan. Basanas aimait controler les ports Francs. On comprends pourquoi. Dans le monde de la piraterie, qui controle la majorite des ports francs dicte sa loi. Et le Titan etait le seul qu'il avait eut jusqu'a present, le plus facile a capturer, et le plus facile a conserver avec la taille de sa flotte. Il n'allait certainement pas s'attaquer a Carcaran, Bulkarr, la Roue ou Antares. Du moins, pas pour le moment ...

Karl salua brievement Klavtec et sortit du bureau. Il poussa une porte et entra dans la piece ou ses chefs d'equipes se reposaient en attendant de partir en patrouille. Fulkor jetta un coup d'oeil au planning et lanca a l'attention de la douzaine d'hommes assis la :

[K. Jangtien] Chang, Vratev, Kaldin et Stork, vous venez avec moi pour l'escorte. C'est nous qu'on fait la liaison aujourd'hui. Pour la patrouille du soir, voici les changements d'affectation : Shtan itineraire trois, Krev itineraire 5, Harton itineraire 9 ...

Karl poursuivit ainsi en donnant tout les itineraires de remplacement, qui prevoyait la division des itineraires de patrouille de ses autres hommes dans le cas ou ses derniers serraient demandes ailleurs (en intervention par exemple). La duree de la patrouille etait augmentee de moitiee pour chacun de ces hommes, mais Karl les avait trier sur le volet des l'embauche. La plupart preferaient passer du temps en voiture, sur le terrain, plutôt que de poiroter a ne rien faire dans leur "salle de sejour".

[K. Jangtien] Chang tu viens avec moi pour charger les malettes et Stork, tu me fais pas le même coup que la derniere fois en "oubliant" de prevenir ses gars, ou je te fous sur l'itineraire 12 jusqu'a la fin du mois. J'en ai marre de perdre dix minutes chaque jours a cause de tes blagues a la con.

[Stork] Yes boss.

Quelques minutes plus tard, les malettes etaient chargees et Karl sautait dans la camionette, encadre par ses quatres jeeps. Les gardes etaient lourdement armes cette fois-ci, et le transfert des habituels 3 millions de la semaine vers le pont 27 etait rarement la cible de quelconques attaques. Il y avait la l'ensemble des revenus hebdomadaires de tout l'arriere pays. Mais vu la situation actuelle, les nerfs de tout le monde etaient tendus. le Q30 a la main, Karl donna l'ordre au convoi de s'ebranler. Ce mode de transfert n'etait pas le plus sur, mais malheureusement, on ne travaillait pas beaucoup avec la monnaie scripturale dans les milieux criminels.

Le convoi n'eut guère de mal à passer. Tout le monde savait ce qu'il transportait et peu qui ne disposaient pas d'un moyen de fuir dans la minute n'osaient penser s'emparer de l'argent. Le trajet fut donc relativement sûr et dégagé, tout le monde s'écartait aussi vite que possible de peur de finir écrasé par un convoi qui ne s'arrêtait pas, le freinait qu'en cas d'ultime nécessité et tirait à la moindre menace ou attitude suspecte.

Une fois arrivés au pont 27, une dizaine d'hommes armés et visiblement bien protégés sortirent d'un écoutille blindées (toute la section avait été renforcée) et commencèrent à décharger tandis qu'un autre sous fifre indiquait à Karl qu'il était attendu dans le salon de Juan Satirichi, il y fut conduit par le domestique en question et introduit sans beaucoup de formalités (la première étant de laisser ses armes dehors).

Satirichi lui-même n'était pas encore là mais Juarez était assis et sirotait une liqueur importée. La pièce était en violent contraste avec l'extérieur et l'on se serait cru dans un véritable salon de surface. La pièce était décorée dans un style un peu excessif, coloré et voyeur (certains diraient vulgaire), style habituel que l'on rencontrait chez les Gomenzo. De grands fauteuils un peu trop ornementés entouraient une table basse aux pieds surchargés, un bar se trouvait au fond de la pièce.

-Ah, Karl Jäntgien, nous t'attendions, viens t'asseoir. La livraison s'est bien passée à ce que l'on dit.

Pendant ce temps le domestique s'était approcha à mi distance entre les fauteuils le bar... Juarez but une gorgée supplémentaire et ordonna qu'on le resserve. Âgé de trente-neuf ans, Hector Juarez était un fidèle qui avait débuté à la perception ds taxes et s'était peu à peu hissé. Cela avait été très dur en raison de ses origines mais un instinct à équilibrer les colonnes en avait fait un auxiliaire important et le second préféré d'un adopté et proche du pouvoir Carlos de Santander, trésorier actuellement sur La Serena ou la Roue, et occupé à surveiller les placements bancaires de la famille. Juarez était arrivé au sommet de sa carrière, à moins que de Santander ne se retire, ce qui ne risquait pas d'arriver de sitôt. Mais les affaires étaient bonnes et le travail augmentait. Tout en restant au même poste, Juarez bénéficiait de l'accroissement ds activités et montait en grade de façon relative...

Karl pris place comme on le lui demandait. Il se contenta d'un hochement de tête en guise de réponse, et ne passa pas plus de temps que necessaire à visiter le salon. Une vieille habitude de mercenaire et de chasseur de prime lui avait appris à détailler la pièce pour n'en prévoir que ce dont il aurait le plus besoin en cas de difficultés de problèmes graves. C'est à dire les armes potentielles et les issues possibles. Son oeil bionique avait accéléré, et rendu plus discret, le processus depuis sa greffe. Il passa ensuite au crible son interlocuteur. L'oeil lui indiquait l'ensemble des données vitales de la cible, et fouillait en même temps l'holoweb pour trouver toutes les réponses positives à son sujet ... Il allait même parfois jusqu'à pirater les sites holoweb de l'UTE ou de Jadis et Arkilia pour accèder aux dossiers d'Interpol ... Dans la situation présente Karl savait que ce n'était pas nécéssaire ...

Quelques secondes plus tard, sur un effet calculé, Juan Satirichi entra et salua.

-Karl comment vas-tu ? demanda-t-il d'un ton amical, il n'avait nul besoin de souligner un quelconque lien hiérarchique que personne n'oubliait jamais.

Juan Satirichi, neveu touche à tout et en vérité homme bouche trou chargé de donner des coups de balais là où cela allait mal s'assit après avoir commandé sa boisson préféré d'un demi signe de la main. Il n'y avait guère besoin de plus pour que le serveur s'exécute avec célérité et apporte la boisson qu'il fallait.

-Quelque chose à boire ?

Laissant Karl répondre et le cas échéant le serveur s'en occuper ou disparaître, Satirichi but une gorgée sans regarder le lieutenant des comptes qui était là pour une obscure raison, s'il fallait promouvoir Karl ou le renvoyer à ses pénates après entretien Juarez n'était pas nécessaire et sa fonction de trésorier ne rassurait personne dans une situation d'entretien avec un boss, à moins que l'on n'ait vraiment rien à se reprocher.

-Alors Karl, comment vont les affaires dans son secteur ? Demanda-t-il afin de lancer la conversation. J'ai entendu dire que tu faisais de bons résultats, Hector m'a parlé de recettes supplémentaires issus d'une bonne gestion, c'est bien ça !

Inutile de dire que le tutoyer serait très mal commencer la discussion...

Karl s'installa et hocha la tête négativement en direction du serveur. Sans un bruit, celui-ci s'effaça. Il attendit que son patron ouvre la discussion et répondit modestement :

[K. Jängtien] Vous m'avez employé comme Responsable de Sécurité. Je fais mon boulot. J'ignorais au départ qu'il y aurait un volet gestion, mais ça ne fait que rendre le travail plus intéressant. On néglige souvent cet aspect des choses. Pourtant une bonne gestion des problèmes en amont évite souvent d'avoir à faire parler la poudre ...

Il évita surtout de trop prendre ses aises. Droit, sérieux, pro en fait, Karl ne s'intéressait pas outre mesure à une promotion. De toute manière il avait toujours été un Freelancer, et s'il trouvait qu'il commençait à moisir un peu trop à la sécurité, il disparaitrait vers d'autres aventures ... La vie de chasseur de prime complètement libre, ça lui manquait autant que le commerce de flingues ...

Satirichi afficha un sourire à demi aimable et poursuivit. Il avait manifestement compris qu'il avait quelqu'un de plus intelligent que les autres chefs de ponts du Titan.

-Cela est bien vrai.

Je me suis laissé dire que tu serais prêt assumer davantage de responsabilités et à t'investir davantage, Karl. Tu étais forceur de blocus et chasseur de prime je crois...

Le mafieux tentait visiblement d'en apprendre plus, et le convaincre semblait être une étape obligatoire...

Karl compris qu'il avait peut-être un coup à jouer, un moyen pour lui de gagner plus et de remplir son assiette. Et peut-être que dans quatre/cinq ans, il pourrait se payer une villa dans les quartiers Riches d'Antarès IV ou de la Serena ou sur n'importe quel monde qui ne lui poserait pas trop de question quand à l'origine de ses revenus ... Il répondit, prudemment :

[K. Jängtien] J'ai pris part à la Rébellion Séranienne et forcer plusieurs blocus pour leur apporter des Médocs, des armes et des Munitions. Après la guerre civile, j'ai continué ces petits trafics à mon compte, sauf que cette fois je faisais sortir le matériel de Seranon ... Ça rapportait bien, mais je n'avais pas les moyens de me protéger seul de la concurrence, du coup, tout ça à un peu capoté ...

Il poursuivit ensuite sur le même ton ...

[K. Jängtien] Du coup, ben j'ai chassé un peu tout ce qu'on pouvait trouver dans le journal galactique des primes, pour un peu tout le monde. Mais mon visage commençait à être un peu trop connu et j'ai donc estimé préférable de me planquer quelques temps ... Maintenant, si la Famille Gomenzo veut m'employer en dehors de cette planque, je suis prêt à saisir l'occasion ...

Satirichi but une gorgée, un peu plus longue que la précédente.

-Je vois. Nous allons réfléchir à ta requête. En attendant, si tu acceptes, j'aurais besoin de toi du côté des quais. Ton travail dans ton secteur est remarquable et je crois que tu seras utiles à Ernesto là-bas, surtout avec Diaz retenu ailleurs.

Ernesto Selvacaro, responsable en chef des sept ponts (ou du moins leurs sections réaménagées) servant de quais et par conséquent le poumon du Titan, pris au SGC par les gomenzo. Bien sûr il existait d'autres docks dans les replis du Titan, certaines étaient introuvables et servaient à nombre de marginaux ou encore à d'autres organisations. Selvacaro n'avait pas la réputation d'un homme tendre et son passé dans les forces paramilitaires de la famille le prouvait et s'il ne parvenait à pas gérer une situation comme celle du port (ou plutôt que la situation était tellement désordonnée que l'on pouvait se demander si quelqu'un maitrisait quoi que ce soit) au point d'avoir besoin d'aide c'est qu'il y avait du travail à faire et des gens à ramener "sur terre" en quantité.

Quant à Diaz Gomenzo, tout le monde le connaissait : il dirigeait ce qui restait des paramilitaires du clan Gomenzo-Satirichi et était toujours retenu ailleurs, il faisait partie de ceux qui se chargeaient d'effectuer le sale boulot en dehors du Titan, essentiellement contre les Gomenzo jugés rebelles et surtout, le SGC. IL arrivait que de temps à autres, une prise arrive au Titan avec un mot de sa part. Un coursier capturé ou encore une cargaison de drogue récupérée ou acquise d'une manière ou d'une autre.

Sujet: Re: Au service des Gomenzos Jeu 2 Sep 2010 - 16:49

[K.Jangtien] Tout cela va beaucoup dépendre de la paye,

Si vous me laissez encaissé les Primes récoltées de ce coté-là à mon Compte, il n'y aura aucun problème pour moi.

Les Gomenzos avaient appris à le connaitre. Du moins ceux qui traitaient avec lui habituellement. Ils savaient fort bien que tant qu'on le payait, et plus que ce que proposait la Concurrence, Karl faisait tout ce qu'il fallait, et de son mieux sans rouspéter. Par contre, s'il trouvait un emploi avec un meilleur rapport qualité-prix, il n'hésiterait jamais à prendre les deux boulots en même temps, jusqu'à ce qu'il estime le premier terminé. Et là, généralement, il laissait rapidement tomber son premier employeur ... Et les Gomenzos savaient que Karl ne les suivait pas parce qu'il les appréciait et qu'il éprouvait un quelconque sentiment de loyauté à leur égard, mais parce qu'ils payaient suffisamment à ses yeux ...

Sujet: Re: Au service des Gomenzos Lun 6 Sep 2010 - 15:56

Satirichi sourit.

-Tu auras tes primes Karl. À moins que tu n'ais d'autres suggestions je crois que nous en avons finis. Ernesto te donneras toutes les explications nécessaires sur les quais et l'astroport du Titan.

Le visage du parent et haut responsable de la famille était impénétrable et rien n'indiquait qu'il avait vu quelque chose de positif ou de négatif au cours de l'entretien. Satirichi vida le reste de son verre d'un trait, attendant une éventuelle réponse de Karl, il avait manifestement déjà pris une partie de sa décision et à moins d'un miracle il n'en changerait jamais.

Karl salua et quitta la pièce. Les docks hein ? Au moins il aurait autre chose à faire que des patrouilles, le paiement d'un impôt et quelques listes. Il quitta les bureaux du quartier général et salua les gardes pour entrer dans une jeep grisâtre. Ces dernières étaient le moyen de locomotion privilégié des divers groupes armés qui se partageaient le Titan. Les Gomenzos avaient fait main basse sur bon nombre de ces dernières grâce à des investissements judicieusement placés à la fin de la guerre civile de Seranon et de l'opération strangulation. Le matériel militaire ne manquait pas. Les Gomenzos ne se privaient pas pour se servir sur les stocks disponibles au marché noir, par de subtiles extorsions ou l'achat standardisé.

Sur le Titan, elles étaient devenus communes et leurs couleurs caractéristiques, ornées du sigle des Gomenzos était finalement devenu un symbole d'ordre dans certain quartier et de terreur dans d'autre. Karl n'avait pas la moindre idée de l'image qu'on lui collerait là ou il se rendait, et ça ne lui plaisait qu'à moitié. Porter les tenues des paramilitaires de la famille équivalait parfois à se transformer en cible mouvante. Surtout du coté des docks. Il en savait un peu, mais pas assez à ses yeux. Et pour faire un bon boulot, il faudrait qu'il mette ses connaissances à jours.

Quelques minutes plus tard, la Jeep s'immobilisa devant le poste de sécurité. Là Karl récupéra son baluchon, avertit rapidement ses comparses et anciens collègues de sa mutation et transmit ses objectifs à son successeur avant de sauter dans une autre jeep qui démarra en trombe pour foncer vers les quais du Titan. Durant le trajet, Karl bavarda un peu avec le conducteur au sujet de la situation dans ce secteur du Vaisseau. Il n'apprit pas grand chose de plus et finit par atteindre le quartier général de cette zone. Avec la présence massive de situations troublés, le nombre des paramilitaires allait croissant, ce qui rendait le PC des Gomenzos beaucoup plus impressionnant que le petit poste que coordonnait Karl. Une véritable forteresse blindée, dans laquelle on accédait par une vaste porte blindée, gardée par deux groupes de combattants des Gomenzos. Chacun d'entre eux se composait d'une jeep blindé avec une mitrailleuse lourde en tourelle, ou un lance roquette, et une demi-douzaine de soldats qui montaient une garde relativement vigilante en alternance : deux hommes derrière les sacs de sable, quatre autres un peu plus loin, discutant de choses et d'autre.

La jeep passa la porte au ralenti puis entra dans une vaste salle, haute de plafond ou plusieurs jeeps étaient stationnées et quelques appareils spatiaux casés dans des hangars, situés dans les étages. L'un d'entre eux quittait justement son hangar, probablement pour aller guider un cargo en approche. Il s'apprêtait à s'engager dans le Sas blindé, qui, quinze mètres plus haut, permettrait au chasseur de plonger dans l'espace.

Le véhicule de Karl traversa le Hangar au pas puis s'engagea dans un petit tunnel sur les flancs de la vaste pièce. Il passa plusieurs portes blindées puis entra dans une petite cours intérieur ou deux berlines noires étaient immobilisées. Les bureaux principaux. Karl descendit et le chauffeur repartit. Il leva la tête en direction du plafond, vingt mètres au dessus de sa tête. Une dizaine d'étages l'en séparait et Karl devinait qu'à chacun d'eux, se trouvaient plusieurs bureaux dans lesquels des dizaines de personnes devaient travailler à prélever les taxes, mais également coordonner les départs et arrivées d'armes et de came sur le Titan. Il baissa à nouveau les yeux vers la porte du batiment et y entra pour donner son nom et son prénom, ainsi que son ordre de mutation au bonhomme à moustache, fumant un gros cigare qui se chargeait de l'accueil derrière son "bureau" (en fait une table en bois avec deux ou trois tiroirs, un holocom qui avait vu des jours meilleurs et un ordinateur portable qui était obsolète depuis six ans. Lui faisait surtout le vigile en fait ...

Le vigile leva la tête et, branchant son portable, parcourut un registre.

-T’es attendu, montes au dernier sous niveau et patientes en salle d’attente, l’patron va t’recevoir.

Karl, le passage libre, n’avait guère de raisons d’attendre, l’on avait déjà du prévenir Selvacaro de son arrivée, il n’eut d’ailleurs guère à attendre. Contrairement à la “direction centrale” du Titan, les quartiers du patron du port étaient bien plus sobres et peu décorés, la situation ne le permettait guère non plus.

Ernesto Selvacaro était un homme de petite taille, aux visage sec, les yeux bruns, et une calvitie relativement prononcée ; quelques cheveux blancs s’étaient récemment invités sur ses tempes.

-Assieds-toi, Karl. L’on m’a beaucoup parlé de toi en haut lieu et il parait que tu as les compétences et l’initiative pour régler les sales situations. Je vais tout de suite aller au but et t’expliquer ce qui se passe ici en détails.

Comme tu le sais, le port principal du Titan s’étend sur six kilomètres le long de la coque du vaisseau et s’élève sur sept ponts. Le pont le plus actif est celui juste en dessous duquel nous nous trouvons à savoir le point trois.

L’ordre y est impossible à maintenir en raison de l’activité même du port. Les gens entrent et sortent donc il n’est guère aisé de connaître les têtes, c’est presque impossible en fait. En gros on trouve de tout. Des astronautes en transit qui s’arrêtent ici pour les filles et à boire et qui peuvent rapidement devenir violent. Il y à les colporteurs et autres qui sont tous armés et qui ont de plus en plus tendance a sortir des armes, ceux-là on peut les contrôler au fur et à mesure. Le vrai problème ce sont les équipages qui sont sous la protection de gros pontes étrangers au Titan. Ils appliquent leurs sanctions eux-même et automatiquement ; et se sont taillés des territoires de fait sur le port. Les plus gros sont les ecazans (des kryptons) qui se sont installés au pont 2, enfin ils en occupent un cinquième. Ils sont bien armés et savent se servir de leurs flingues. Il n’y à même pas une semaine un équipage de fauteurs de troubles tentait de nous filer entre les doigts et s’est aventuré là dedans. Ils se sont fait attraper en quelques instants dès que la casse a commencer à se faire voir. Ils nous ont remis tout le monde sauf le chef qui s’est fait rouer de coups en public avant de nous être remis. Les gars -une cinquantaine- envoyés ne sont pas intervenus vu la casse risquée. Le fait est qu’ils apportent une meilleure protection que la nôtre sans exiger la taxe -probablement autre chose par contre- donc tout le monde est content sauf nous. J’ai cru comprendre après plusieurs enquêtes qu’ils ont des types très riches parmi leurs appuis ainsi que quelques paramilitaires compétents.  
Il y à également d’autres groupes de pirates plus ou moins bien organisés qui seraient faciles a calmer si on avait les moyens de leur taper dessus dans l’espace aussi mais avec le SGC dehors ce n’est pas facile. Le problème est que l’insécurité générale a poussé les commerçants à se blinder et s’armer aussi et que ces gars-là ont la mémoire longue et donc ne seront pas toujours prêts à lâcher leurs flingues une fois la sécurité revenue donc se garderont des moyens de ne pas payer la taxe.

Nous sommes parvenus à plus ou moins calmer le jeu avec certains équipages mais les gros ennuis viennent des quelques carcars qui circulent nombreux en raison de guerres internes et de montée en puissance comme tu le sais déjà, certains viennent aussi de Solaria où ça chauffe vraiment pour eux. Sinon il reste quelques néo prussiens et assimilables qui se revendiquent de temps à autre de la protection du potentat local. Le dernier gros souci est les arkiliens. Certains sont alliés aux ecazans pour diverses raisons non liées au Titan et les indépendants semblent être familles ou clans plus ou moins bannis ou cherchant fortune en dehors d’Arkilia. Quelques uns ont des connexions dans les astroports d’Almagrad et sont capables d’opposer une forte résistance.

Des questions ou des suggestions ? Je crois qu’il va falloir un petit temps avant de pouvoir pacifier tout ça même en balançant des gens par le sas.

Karl hocha la tête en signe d'approbation. La situation était un bordel innommable, mais il estimait qu'elle était le fait de tout les ports de la galaxie. Les "gens de l'espace" étaient le genre de personnes à ne poser pied à terre que pour se défouler et se ravitailler. Et donc, le genre de personnes à suivre des pulsions qui étaient, de fait, faciles à prévoir, mais impossible à contrer. Ainsi, Karl garda le silence quelques secondes, le temps de réfléchir à la situation. Se grattant la barbe de la main droite, bras croisés, il finit par demander.

[K. Jängtien] Et nous, de notre coté ? Comment sommes-nous vus ? Quelle est notre position, sur quoi on peut compter ? Quels sont nos effectifs et comment sont-ils répartis ? Ah oui, et à part le pont trois, ça se passe comment ailleurs ? On peut envisager de déplacer du monde depuis ces ponts là, ou c'est vraiment bloquer de ce coté là ?

Il était en effet impossible de formuler une réponse cohérente à une situation pareille sans avoir bien identifié les Forces dont on pouvait disposer, et accessoirement l'état des "relations diplomatiques" du groupe avec toutes les forces en présence. On risquait trop rapidement de faire des suggestions idiotes et de foncer droit dans un mur dans ce genre de cas. Il allait falloir composer avec tout le monde et surtout ne pas jouer les cow-boys.

Selvacaro se carra un peu mieux dans son fauteuil et poursuivit.

-Nous disposons de deux cent cinquante hommes pour le port, et nous n’avons pas un porte flingue de trop ailleurs. J’ai cinquante hommes affectés en permanence au pont trois, le reste est réparti selon les besoins et je conserve une réserve de cinquante hommes au cas où. Ils ne sont qu’une dizaine à garder les locaux ici en plus de la réserve.

Les autres ponts vont plus ou moins bien, surtout celui-ci, personne n’ose vraiment y faire du grabuge à part parler plus fort que d’habitude à quelques reprises, bref pas de quoi s’affoler. Il faut dire qu’avec nos chasseurs dans le coin ya pas de monde à nous qui circule donc on peut compter sur une sacrée réserve de types armés. Le pont deux nous pose également quelques soucis, c’est là que les commerçants se sont le plus lourdement armé. Ils font des affaires avec les astronautes, gagnent beaucoup d’argent mais doivent se protéger et vu qu’ils ne nous font pas confiance il n’y à pas moyen de savoir combien ils gagnent environs. On a bien augmenté les taxes mais ils savent cacher leur blé et si on va trop loin ils pourraient bien s’allier entre eux et recruter les premiers mercenaires qui passent pour grossir les rangs. Ces boutiquiers sont méfiants et n’ont pas perdus leurs habitudes du temps du SGC qui se fichait royalement d’eux si ce n’était pour le commerce, pas de taxe à l’époque donc personne pour se plaindre. Nous ne pouvons pas nous permettre cette situation actuellement. Il faudrait être bien stupide pour ne pas profiter d’un tel climat -une révolte de boutiquiers - pour se tailler une part du port voir son intégralité. Les ecazans seraient bien placés pour en profiter ou alors un Syndicat sur le retour ou n’importe quel autre membre de la main.

Les bandes de fauteurs de trouble varient généralement de dix à soixante personnes. Les plus dangereux sont les gros groupes, non pas en raison de leur nombre mais parce qu’il s’agit de pirates plutôt que de contrebandiers ou de passeurs. Les premiers, s’ils ont fait mauvaise campagne auront plus tendance à monter un sale coup, avec les seconds éventuellement. Les équipages de contrebandiers peuvent parfois avoir un sale comportement mais les motifs sont autres que la rapine. Enfin tu connais ça, une négociation qui tourne mal, un type qui s’imagine que tu lui dois quelque chose ou tout simplement un imbécile. Le problème c’est que la clientèle est néo prussienne (bref des brutes), bavannoise ou plus généralement séranienne, arkilienne (légèrement croissante) et bien sûre carcare et alganne. Le problème c’est que le sur le Titan j’ai comme l’impression qu’ils ne connaissent pas la demi mesure et que quand on ne sort pas une lame gentille l’on passe vite, très vite au calibre à pleine puissance, au PM et parfois même à coups de grenades. Bref ça vaut pas mieux que dans certains coins du chantier spatial de Carcaran. Le pont le plus tranquille est le sept, il ne s’y passe presque rien, on assure de quoi justifier le paiement de la taxe, bref une dizaine d’hommes. Les autres ponts fonctionnent à flux tendu niveau troupe donc on peu éventuellement obtenir une trentaine d’hommes en ponctionnant de partout.

Je crois qu’on peut compter sur les ecazans si jamais nous savons leur parler, mais il y aura forcément quelque chose à céder avec eux. On pourrait aussi voir à recruter des types de l’extérieur pour renforcer, voir même des visiteurs contre des visiteurs mais cela risque de revenir cher, la guerre contre le syndicat coûte cher malheureusement.

Globalement nous sommes très moyennement bien vus, en tout cas bien moins que dans “l’arrière pays” ou les racketteurs et bandits de bas étage font moins la loi. Nous tentons d’apporter de la sécurité donc ça peut aller, la came rapporte à pas mal, surtout les proprios de fumeries et de salles de shoot (eux par contre pourraient se ranger de notre côté). Par contre du côté des marchands de chaire c’est une autre affaire, sont pas contents du tout les bougres. La transition avec le syndicat n’est pas terminée et donc ils n’ont pas encore assez de clients et la violence du port met leurs cargaisons en danger. Je pense qu’ils resteront neutres pendant quelques mois encore, les querelles “spatiales” ne les intéressent que fort peu tant qu’ils n’en sont pas trop victimes.

Je pense qu’il serait possible de calmer les plus excités en prenant un ou deux équipages de pirates à partie à la première incartade et de faire une punition exemplaire, mais il faudrait s’y prendre à cent, ce qui n’est pas possible. Le concours d’externes est selon moi nécessaire mais il va falloir leur donner du fric avant et après, or le fric est nécessaire pour la guerre dehors. Nos soldats occupés à se battre contre le Syndicat ne seront pas disponibles avant six mois sauf contretemps et il est fort probable qu’il y en aura, le SGC a vite fait de rameuter des alliés et les cousins ne s’en sortent pas aussi bien que nous.

Evidemment dans le port on peut difficilement passer à de très gros calibres, ya tout un tas de sales conduites d'hexanox et autres qui trainent sans parler des vaisseaux, si un explose nous perdons un hangar pour des semaines et donc une quantité très importante d'argents. L'avantage c'est que des pirates n'useront pas de gros canons non plus, ils tiennent à leur peau.

Karl se recula dans son fauteuil le temps de lire ses notes. Il repassa au crible les différentes informations qu'il avait sous la main. Il semblait évident que la situation n'était pas brillante, mais qu'il fallait cependant une intervention rapide et bien planifiée pour redonner un contrôle total de la situation aux Gomenzos, faute de quoi, ils se ferrait mettre dehors par les différentes factions représentées, transformant le port en un vrai bordel qui gênerait tout le monde au final. Il fallait donc en premier lieux se construire des Forces qui permettrait aux véritables maitres des lieux de reprendre le contrôle de la situation. Et avec cinquante hommes sous leurs ordres, ce n'était pas glorieux. Karl commença donc à expliquer son plan :

[K. Jängtien] Bon, si on récapitule rapidement la situation, on est vraiment dans la Merde. Mais ce n'est pas insoluble, loin de là. Je ne suis pas d'avis de faire un exemple. Si ça foire, on aura encore plus de problème, et on ne pourra de toute façon pas faire d'exemples sur les équipages de certains groupes plus puissants que nous, qui resterons à même de foutre un bordel royal sans qu'on ai les moyens de leur faire face. Et à ce moment là, ça serrait surtout un aveux de faiblesse plutôt qu'autre chose.

Je pense qu'il faut au contraire se concentrer sur le rétablissement de l'ordre Pont par Pont, et commencer par concentrer des effectifs sur le Pont deux. De ce que j'ai compris, c'est là qu'il y a le plus gros pactole à se faire. Il faudrait donc augmenter les services en rotation et les patrouilles en y affectant une trentaine d'hommes supplémentaires je dirais. A partir de là, les marchands devrait ré-assurer le paiement de la taxe en voyant qu'on assure l'ordre. Si on laisse ceux qui ne paient pas se demmerder seuls face aux problèmes, mais qu'on fait notre boulot avec ceux qui paient, ça devrait contribuer à les faire réfléchir. Même s'ils ont un flingue chez eux, ils devraient être content de voir la cavalerie débarquer huit par huit armés jusqu'aux dents.

A partir du moment ou l'ordre serra revenu sur ce pont, on devrait pouvoir le ramener sur les autres grâce à ces nouvelles liquidités qui permettront de recruter des nouveaux Paras, ou des SoF ...

Selvacaro écouta Karl, intéressé. Une fois que le mercenaire eut terminé, le gestionnaire du port s’adossa à son siège et réfléchit un instant. Après tout si cela ratait ce n’était pas son idée et il trouverait toujours un moyen de se dédouaner auprès des la hiérarchie.  

-Nous pouvons aisément disposer d’une trentaine d’hommes en affectant la réserve au pont deux. C’est un bon choix, j’approuve.

Tu commences d’ici demain ? Cela correspond à la prochaine rotation. D'autres questions ?

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