On Récolte ce que l'on Sème [Province de Vinemii]

Le village est un bled de montagne, perdus dans les bois. Une douzaine de maisons cohabitent autour de la rue principale. Il n'y a aucune auberge en vue et la jungle semble commencer immédiatement après la fin des premiers pâturages. La haute montagne ... Le chauffeur pointe son pouce vers l'arrière du bus :

[Chauffeur] A titre tout à fait personnel, je dors dans ce bus. Pouvez vous mettre au fond si ça vous éclate.

Il suffisait en effet de fouiller le village du regard pour constater que les habitants, d'un naturel distant et suspicieux n'apportaient que peu de confiance aux voyageurs étrangers.

La caisse du bus ne comprend malheureusement qu'une centaine de crédits et quelques centimes, le Bus en lui-même huit marteaux brise-vitre à l'utilité douteuse. Quand au chauffeur, il ne porte dans ses poches que quelques crédits, en quantités malheureusement faible (20). Ainsi qu'une carte de crédit, signalons-le. Mais quasiment vide.

Les Mercenaires qui suivent Aëlingen se dispersent maintenant dans le village. Hélas, ils reçoivent généralement la réponse d'un type avec un fusil d'assaut Zul Mk I entre les mains, qui les pointe en joue depuis l'une des fenêtres du premier. Dans son bus, le patron entend même une rafale tonner, et l'un de ses mercenaires versé un flot ininterrompu d'insultes et de jurons à outrer un prêtre Himalien de Christiansia. Il redresse la tête et constate qu'il n'y a généralement pas de vrai réponse de la part des habitants, mais plutôt des "Dégagez" ou des "on veut pas vous voir". La réponse la plus fréquente étant "Ta gueule et laisses-nous dormir". Hélas on se retournant, Aëlingen constate que les paysans dorment rarement vraiment, mais ont plutôt sortit leurs flingues, et embusqués à leur fenêtres, les pointent sur le bus en bas de la Rue.

[Mercs.] On a réveillé tout le village, et ils ont pas l'air de vouloir se montrer coopératifs chef. En fait, on risque de se faire descendre par une vingtaine de péquenots en colère ...

Aëlingen est cependant absorbé dans une communication téléphonique avec un amis lointain de Serania. Ce dernier lui répond d'un ton froid.

[Ami du Tél] Tu sais quelle heure il est ? Je regardes ton truc, parce que tu me fais chier, et que t'arrêteras pas de me faire chier tant que je ne t'aurais pas répondu ... (Temps d'attente) J'ai une liste de près de 1500 noms sous le nez là. Tu veux pas être plus précis ?

Les Mercenaires échangèrent pendant plusieurs minutes quelques mots et finalement, l'un d'eux se leva pour présenter la situation à son supérieur. Sur un ton clair, et presque militaire, il exposa les choses en quelques mots :

[Merc] Vinemii, c'est le bordel patron. Avec l'effondrement de la Rébellion la ville est devenue le cœur de la Mafia Seranienne. Y'a plus de dix ou douze familles qui s'y planquent et se tapent dessus pour tirer la plus grosse part des subventions d'État à la reconstruction, les champs de Pavot ou de Coca clandestin en altitude et la Traite des Blanches ou le trafic d'arme issus des stocks de la Rébellion. Mettez-y un bon paquet de poulets qui courent et rodent un peu partout, armés dans tout les sens, deux légions de l'armée Seranienne, une proportion de promoteurs immobiliers qui dépasse de 230% la moyenne galactique et un ramassis de pauvres entassés dans des Favelas, et vous avez globalement la situation à Vinemii.

Après si on veut faire dans le détail, on peut cerner trois grosses têtes de la Mafia locale : les Familles Axii Nilhii, Vinii Barii et Sarii Canii. Ces trois gros clans ont pris pour modèle le cartel de Kamensk et espèrent bien faire de Vinemii la ville rivale à celle du Cartel. On peut du coup détailler rapidement leurs opérations, bien que ces derniers soit présent un peu sur tout les segments.

Les Axii Nilhii sont vraiment les plus gros bonnets qu'on aura à affronter. Ces types là ont des assises jusque dans les milieux politiques et économiques les plus influents de la Droite à Serania. Ils ont établis leur pouvoir sur les détournement de subventions aux investissements dans les infrastructures, le Domaine de l'immobilier et globalement ont mis la main sur les entreprises de retraitement des déchets de la ville, dont ils font payer le service. Enfin, ça, c'est pour la façade légale. D'un point de vue moins légal, ils sont les proprios légitimes d'une demi-douzaine de discothèques du centre-ville ou crèchent les bourges, et qui leur servent de points de ventes pour tout ce qui touche au commerce de stupéfiant (et du gros stupéfiant, on parle ici d'Héro et de Coke). Ils sont bien présent dans tout ce qui est proxénitisme et naturellement se sont fait quelques contacts auprès d'ancien généraux de la Rébellion qui leurs ont donné les coordonnées de nombreuses planques d'armes en échange de sommes coquettes. Donc vous vous doutez bien qu'ils dominent largement le marché de l'Armement, et qu'il est plus que probable qu'on fasse face à leurs revendeurs quand on voudra mettre la Main sur un chargeur. Pareil pour les armes elle-même.

Les Vinii Barii sont les plus gros revendeurs d'Opium des Favelas, et ils ont plusieurs chimistes pour raffiner tout ça, à tel point qu'ils sont les maitres dans la production de Morphine. La moitié des hôpitaux de la ville dépend d'eux pour l'approvisionnement dans ce domaine. Et vu que le premier truc que traitent les hôpitaux de Vinemii, c'est les blessures par balles, on peut résumer la question en disant que les Hôpitaux sont sous leur coupe. De même, on peut considérer que les flics sont avec eux, même si bon, le graissage de patte est chose courante à Vinemii. De même, ils se livrent à un racket quasi-permanent dans les favelas et font payer un impôt aux commerces en échange de leur "protection".

Après, les Sarii Canii, je n'ai rien à leur sujet, sinon que c'est vraiment la famille la plus discrète du coin, et qu'ils affichent vraiment, mais alors vraiment, de très gros revenus ...

Concernant les flics, ils se font graisser la patte par tout le monde. Pareil pour l'Armée, même si c'est un peu plus solide au niveau des officiers généraux, tout ce beau monde se tait. De toute façon personne n'a intérêt à ruer dans les brancards au risque de déclarer une guerre civile qui ferrait plus de mal au peuple qu'autre chose, donc la République envoie des flics de la Brigade anti-corruption ou des membres des Services Secrets pour agir en sous-main. Personne arrive à savoir comment ils s'y prennent, mais c'est pas propre. Ca c'est sûr. On a déjà noter quatre "disparitions" parmi les gros bonnets.

Aller se mêler de ce bordel, c'est valider son arrêt de mort ... Mais ça nous botte bien. A titre tout à fait personnel, je conseille de prendre le parti d'un camp ou d'un autre dans cette affaire ...

[Mercs] Hormis nos Zul Mk I, quelques grenades à frag et des Q30 chacun on a pas grand chose Boss.

Le chauffeur de Bus restait silencieux au fond de ce dernier. Il était éveillé depuis une quinzaine de minutes déjà, mais simulait le sommeil. Eh ! On assommait pas le capitaine Joao Kalferton comme ça. Il avait travaillé parmi les Hastati, dans la vingt et unième légion pendant la guerre. Il s'était battu contre les siens à Morea pour défendre l'honneur d'un pays qu'il aimait. Il était l'héritier d'une tradition militaire centenaire, qu'il n'avait pas vu depuis des siècles.

Le capitaine Kalferton avait ensuite versé dans la Rébellion, plus par opportunisme que par réel idéalisme. Il y avait du boulot la-bas, une solde correcte, de l'équipement et des armes de qualité. Il n'était pas Socialiste. Encore moins Communiste. Juste profondément Républicain, et il avait vu Rouge en voyant son pays s'enfoncer dans une dictature pilotée par un pantin. Un gouvernement Fantoche, qui avait abandonné le peuple pour se tourner vers un élitisme médieval rappelant vaguement Nouvelle Prusse. Il n'aurait d'ailleurs pas été étonné d'apprendre que Vénator était un mercenaire Néo-Prussien à la solde d'Erikea. Mais bon, sa théorie farfelue et revancharde ne tenait pas vraiment débout ...

Au fil de la guerre civile, Kalferton avait appris plus sur le terrain, s'était endurci et avait accumulé de l'expérience et des savoirs-faire militaires. Mais quand l'Empereur Thurinus avait décrété, après la Guerre, que les troupes rebelles serviraient de réserves, il avait préféré quitter l'armée et mettre ses connaissances au services de Société Militaires Privées qui s'étaient emparées des affaires dans la Région de Vinemii. Hélas, la société dans laquelle il avait mis le pied n'était autre qu'une boite contrôlée par le Clan Vinii Barii. Et pour rien au monde ce SOF n'aurait accepté d'être utilisé pour protégé leurs intérêts. Il découvrit cet état de fait lorsque son chef de section, qui travaillait comme porte-flingue du clan et escortait des convois de morphine à la nuit tombée se fit descendre dans un règlement de compte. A cette époque, les Vinii Barii construisaient leur monopole et s'amusait à détruire des clans plus faibles qu'eux. Certains faisaient de la résistance. Les Vinii Barii avaient alors décidé de placer ses SoFs sur l'escorte de ses convois de Morphine, au milieu d'un paquet de déséquilibrés, rendus malades par la guerre, Kalferton, dégouté par le sort réservé aux "Zones Libérées", avait raccroché son flingue et s'était engagé dans les services publics de Morea, comme chauffeur de Bus ...

Mais là, le type qui marchait dans sa direction lui disait quelque chose. Un visage croisé à plusieurs reprises dans sa vie, donc un Hastati ou un militaire. Lorsque ce dernier le reveilla, le métis émergea de ses dreads et simula un réveil difficile. Pour l'heure, mieux valait ne rien dire, et ne rien faire. Se contenter d'agir comme eux l'attendaient de lui, jusqu'à ce qu'il se trouve dans une meilleure posture.

[A. Dun Ignis] Dites moi, si je vous dis Vinemii vous pensez à quoi ?
[J. Kalferton] Bordel, mais vous avez complètement craqué vous ! Ca va pas de distribuer des coups de poing comme ça ? Vous voulez que je vous le rende peut-être ?

Il simula la frayeur (à merveille), et se déporta sur le coté face au regard assassin que lui lança son interlocuteur.

[J. Kalferton] Ok Ok ça va ! J'en dis que c'est un bordel monstre et que si c'est la que vous vous rendez faudra bien planquer votre quincaillerie. Y'a des barrages de poulets partout et à moins de bien leur graisser la pâte, ils laissent pas entrer les flingues en ville ...