L’aéroport de Vinemii central était moche. C’était la première chose que Caius Mulvius constata lorsqu’il quitta l’aéronef civil qui l’avait amené depuis Sérania. L’ensemble, gris et hyper fonctionnel, ressemblait à une base militaire. En réalité il s’agissait bien d’une base militaire rendue aux autorités civiles mais l’avocat d’affaire n’en avait cure. C’était moche, point à la ligne.
L’homme approchant de la cinquantaine régla aisément les modalités administratives et récupéra ses bagages. Il n’y avait pas encore d’hôtel de qualité en ce lieu et c’était regrettable. Encore plus regrettable encore le fait qu’il n’ait pu tout faire à distance. Il fallait bien voir certaines choses de ses propres yeux. Mulvius loua une voiture, un tout terrain, afin de ne pas trop subir les affres des infrastructures routières en mauvais état.
Mulvius confirma sa réservation de motel et inspecta sa chambre. Elle était plus ou moins en bon état et les nuitées lui revenaient un pont d’or pour pas grand chose. Enfin, l’on ferait avec. Si le projet se concrétisait, il conviendrait de disposer d’un pied à terre ici sinon l’on n’arriverait à rien.
Ses affaires déposées et mises sous clef, Mulvius se rendit à la préfecture de l’endroit, chargée, en coopération avec les études notariales de l’endroit, de faciliter la politique de réaménagement du territoire. L’opération Verdi s’était rapidement fait connaître comme étant un début de succès et il fallait procéder au plus vite si l’on voulait s’emparer de ce qui avait de la valeur. Mulvius s’était déjà rendu à l’endroit visé par la Holding qu’il représentait. Il toisait littéralement la ville et son prolongement, occupé, ne demanderait pas beaucoup pour être acquis lui aussi, surtout si les familles pouvaient bénéficier d’une priorité pour le logement. Mais les terrains publics d’abord, les avoir serait déjà la base de ce qui devait suivre. L’endroit - un ex sous bois sur les hauteurs de la ville transformé en décharge à toute et n’importe quoi - n’avait a proprement parlé par de propriétaire depuis la fin de la grande guerre. Saisi par les rebelles pour servir de point d’observation, l’Etat s’en était emparé par prescription décennale et avait bénéficié des présomptions légales de décès vis-à-vis des disparus. La Grande Guerre avait fait plusieurs centaines de millions de morts et les canons lasers ne laissaient pas toujours de quoi identifié un défunt, aussi de nombreuses successions étaient encore prononcées sur Seranon, du fait de disparition de familles entières. Grande guerre puis guerre civile n’avait rien arrangé et de nombreux documents avaient disparus et l’on avait du reconstituer à partir de rien.
Bref l’acquisition d’un terrain public et surtout, l’option qu’il s’agissait de poster dessus était primordiale avant de pouvoir entamer les études préliminaires permettant de présenter un projet qui permettrait d’obtenir une subvention publique de réaménagement du territoire et de relogement des populations. En plus de se faire bien voir en participant au volet économique de l’opération Verdi, enfin ça le client l’espérait, se dit Mulvius. Car ce n’était pas garantit. Le terrain avait l’avantage de se trouver à proximité d’un petit îlot en cours de création. Grand de six cents mètres par deux cents, le terrain n’était que squatté par quelques stalkers (armés naturellement) que Mulvius espérait pouvoir aisément faire déguerpir, la nouvelle préfète ne semblant pas être du genre à aimer les longues négociations en matière de rétablissement de l’ordre public.
Mulvius se présenta donc à la préfecture, où un fonctionnaire ayant en charge la gestion des terrains public le reçut, en petite pompe - il n’en demandait guère non plus. Caius ne tarda pas à aller droit au but, se présenta, présenta la Holding qu’il représentait, renseigna de sur ses activités et sur les projets immobiliers qui avaient déjà été soutenus et initiés par elle, démontra qu’elle était en mesure d’offrir de solides garanties à n’importe quel organisme baincaire. Enfin il arriva à la parcelle qui l’intéressait et précisa que s’il ne pouvait l’acheter immédiatement (s’il le pouvait le prix l’intéresserait fort et de lui dépendrait également l’acquisition...), il désirait poser une option dessus.