Appel d'offre de la République de Gauma IV

Les petits plats, dans les grands, les petits pieds loin du nez. Aaron en personne s’était déplacé sur Gauma IV afin d’assister aux tests du Ballon Noir II. C’était au tour de l’UIB d’envoyer des appareils en test pour que les pilotes locaux puissent se faire un avis. On n’avait pas lésiné sur l’offre.

Non seulement le chef d’état était présent, bien que ce fut assez facile quand cet état était une entreprise, mais aussi divers représentants des divers secteurs d’activité de la Station, qui en parallèle aux tests proposeraient différentes compensations à un potentiel achat du chasseur Bulkarriote. L’UIB avait mis à gracieusement à disposition de la Force Aérienne de Gauma trois simulateurs de vol, et avait invité cette dernière à envoyer – si elle le souhaitait – quelques pilotes d’essais s’entraîner et apprendre à piloter sur le Ballon Noir.
De fait, en plus des démonstrations habituelles présentées par les vendeurs, l’UIB pu proposer un show de courte durée, emmené par des pilotes locaux. On comptait de fait montrer que la formation au pilotage n’était pas si complexe, et surtout, que l’UIB était totalement disponible pour cette vente.

Tard dans la soirée, après les tests, Aaron proposa à l’un de ses alter ego, le ministre local de l’industrie, de compenser un potentiel achat par l’obtention de lignes de montage pour les Scorpio, qui permettraient, peut être, de développer un peu plus le niveau de vie de la population.
Enfin, et à demi-mot le chef d’état fit remarquer que jamais la Station, contrairement à Jadis, ne ferait obstacle à l’agriculture locale. On n’allait pas, tout de même, s’ingérer dans les affaires d’un état souverain. De plus, quelques personnes en lien avec l’UIB, ou y résidant, pourraient être intéressées par des contacts avec des entrepreneurs ambitieux de Gauma. Mais ce n’était là que supposition, évidemment.

Aaron était le seul chef d’état, d’entreprise présent. Aussi ne boudait il pas son plaisir, et n’hésitait il jamais à prendre lui-même la parole lors des débats. Si les Ballons Noir II n’avaient pas vraiment de concurrence du fait de leur drone, leur prix, quasiment double des adversaires d’un soir pouvait sembler prohibitif. Il fallait batailler, chaque pied, chaque pouce de terrain était une guerre qui n’avait de larvée que le nom. Les fleurets n’étaient pas mouchetés, et les critiques pleuvaient. Aussi, lors d’une des nombreuses réunions, l’UIB fit valoir que les conteners plus importants du chasseur national permettaient l’intégration de toutes sortes de CAM, du moins, de toutes nationalités. A condition bien entendu, que le client finance l’intégration informatique des systèmes les plus exotiques. Puis vint le temps du dépassement technologique, les concurrents s’affrontaient sur le terrain politique, celui qui passionnait le plus Aaron, ses armes étaient déjà fourbies depuis longtemps.




– J’admire beaucoup la technologie Séranienne, leur flotte est bien constituée, bien pensée… J’admire aussi énormément leur art politique. Celui de s’attaquer à leurs « alliés » quand c’est nécessaire, de fomenter des coups d’états chez les pays amis. J’admire cet état de fait. Ils n’ont peur de rien. Pas même de l’éthique ou de l’honnêteté. Soyons franc, que peut désormais promettre Seranon ? La protection ? Que chi, le soutien ? De même. Non. Ils sont dans une logique d’état prépondérant de la Galaxie, et nous, comme vous, sommes bien petits face à leurs intérêts. Travailler avec Bulkarr sur la question des Ballon Noir, c’est assurer la survie de la station d’une certaine façon, nous ne pouvons-nous permettre d’être déloyaux envers nos clients. Aussi, il est évident que nous ne pouvons pas vous promettre les mêmes soutiens financiers qu’eux, les mêmes soutiens politiques. Mais nous, nous pouvons assurer que nos promesses nous engagent.
Quand nous vous disons que nos hôpitaux vous seront ouverts, cela est vrai, et jamais personne ne pourra nous accuser d’accueillir un dirigeant controversé par certains grands états ingèrent. Ces états n’ont pas droit de cité chez nous, ni eux, ni leurs plénipotentiaires.
Quand nous vous disons que nous ne chercherons pas à influencer vos affaires, c’est la même chose. Vous êtes maîtres de vos choix politiques, et quiconque sera votre allié, ne sera pas notre ennemi. Le Pacte de Seran Valen peut-il en dire autant ?
De même, vos Classe Hermès, nous pourrons vous offrir de les entretenir, voire d’upgrader leurs armements, avec par exemple les Tourelles les plus létales de la Galaxies, là non plus, pas de restrictions… Et plus de conditions.

La charge était dure et vindicative, mais on ne remportait pas de marchés en ménageant les concurrents, ni en mentant par ailleurs, car cela offrait de la prise aux attaques adverses. Tout le monde avait en mémoire les multiples trahisons Seranienne, et on était probablement conscient qu’un état ayant pignon sur rue, avait aussi des responsabilités alourdies vis-à-vis des grands états. Gauma IV n’était qu’un pion pour les Latins, mais était tout un jeu pour l’UIB.

– Venons en à la Freightech… Admirable organisation n’est il pas ? Admirable organisation respectueuse du client, comme nous, ce sont des entrepreneurs. Mais quelle prise a-t-on contre ces macro nationales, ces montres multi céphalées, quelle crédibilité peut-on donner à cette tête, quand on sait que demain elle peut être autre voir bannie ?
Bref, les défauts primordiaux que je vois, par rapport à notre appareil, nonobstant le soutien qui est semblable, venant d’eux, venant de nous, c’est que sa seule qualité est la vitesse… La vitesse. A quoi sert-il de voler à deux milles kilomètres heure quand les obus de nos CAM vont trois ou quatre fois plus vite ? Nos conduites de tir réagissent à la vitesse de la lumière, leur capacité d’esquive aussi ? J’en doute. Bien que plus rapide, je doute qu’un Reaper arrive à engager un Ballon Noir avant d’être lui-même détruit. La qualité de nos capteurs est supérieure, et même… Quelle est la crédibilité d’un vaisseau aussi fragile ? Il ne pardonne rien, rien, l’entretien est calamiteux. Certes cet appareil est bien meilleur marché que le nôtre, mais j’aimerais que l’on me procure les coûts d’entretiens, bizarrement, je n’en ai pas entendu parler dans les diverses campagnes pro-Reaper.
Pour Finir, et malgré tout le respect que j’ai pour les ingénieurs de Freightech, qui sont extrêmement capables, je reproche à cet appareil sa fragilité légendaire et structurelle. La moindre explosion à proximité, et vous perdez l’essentiel des systèmes informatiques qui ne sont pas, ou peu blindés, du fait du moindre coût de l’appareil. Je ne parlerai pas de la structure même de l’appareil, à l’opposée exacte du Ballon Noir, qui se déchire à la moindre pénétration, du fait de contraintes portées à leur extrême limite. Ceci permet, effectivement, de diminuer la masse et l’encombrement des engins. Mais nous faisons des appareils de guerre, pas des bibelots.






Bien entendu, ces discussions n’avaient lieu que dans le privé. En public, on vantait son appareil, on ignorait simplement la concurrence, mais ceci pouvait donner lieu à des « gap », l’acheteur potentiel ne sachant pas exactement comment lire les diverses unités, comment les convertir, étant donné qu’elles semblaient toutes donner, à juste titre, la supériorité au poulain de chaque présentateur. Les dernières charges eurent lieu sur le Reaper, qu’on appela « Volksjaeger », en hommage à un pseudo chasseur-du-peuple, qui était tellement complexe à piloter, et tellement fragile, malgré sa qualité et son prix relativement bas, sur le coût et la complexité de la formation, ainsi que sur son peu de présence parmi les milieux pirates, qui comme on le savait réclamaient du pur et dur, du solide et de l’efficient, jamais de superficiel. Si c’était un argument complexe à sortir en milieu élevé, c’était imparable quand on parlait à des opérationnels. Le Ballon Noir II était l’évolution ultime du légendaire Ballon Noir, et il n’hésiterait pas à faire oublier son aïeul par sa qualité. D’ailleurs, on était tellement sûr de lui, qu’on proposa, pour chaque chasseur acheté, d’offrir la marge sur une Tourelle Scorpio. Ceci permettant, en creux, d’en équiper la plupart des classe Hermès de Gauma. Et puis, ces drones ne permettaient t’ils pas d’en faire un bombardier d’élite en plus d’un intercepteur hors pair ?