Appartement public de l'Empereur

Barack Eisenhower a écrit:: La Diktatrice eut un petit rire cristallin

- On devient poète, Majesté. J'aime bien...Moi aussi ça me déplairait de vous affronter. Ça me rendrait triste de vous voir humilié par une femme

L'Empereur rit avec la Diktatrice, d'un rire clair et franc.

Barack Eisenhower a écrit:: Puis, la jeune femme reprit sérieusement:

- Empereur, à votre place, j'oublierais tout de cette dernière conversation. Le BSE a des oreilles partout et il n'est fidèle qu'à un seul maître, le Diktat. Ah ! J'oubliais... Mon père vous fait dire que l'opéra de ce soir est très mauvais et il vous déconseille fortement d'y aller.

L'Empereur devint soudain beaucoup plus grave. L'allusion pouvait signifier plusieurs choses, mais pour que la Diktatrice le dise, et sur ce ton là, le plus probable était que le risque soit grave.

- Bien... Pour une fois, un Seranien va s'en remettre à un Erikean pour ce qui est du goût artistique. Si effectivement j'entends dire que l'Opéra était mauvais, vous aurez l'obligeance de transmettre l'expression de toute ma gratitude à votre père.

Puis une idée germa dans l'esprit de l'Empereur. Une idée qui peut-être était déjà semée avant, une idée peut-être stupide, mais l'Empereur ressentit le besoin d'éprouver la pertinence de cette idée en l'exprimant à voix haute.

- Savez-vous... Sur Seranon, il est de coutume pour deux personnes importantes politiquement ou économiquement et de rangs comparables - je pense que nous appartenons tous deux à cette catégorie de personnes - qui se rencontrent pour parler affaires, de faire précéder ou suivre leurs entretiens d'un opéra ou d'une pièce de théâtre. Bref, vous êtes la seule personne d'un rang semblable au mien sur cette planète, à part ma famille, et je crois que je serais particulièrement flatté si vous daigniez vous conformer à cet usage un jour qu'il vous plaira. Et je doute que quelque acteur de la scène seranienne se risque à gâcher de quelque manière que ce soit un spectacle auquel nous assisterions tous deux.

La Diktatrice vint pour prendre la parole quand son ordinateur de poignet se mit à vibrer. La Diktatrice s'excusa auprès de l'Empereur, tapa son code de sécurité afin de prouver qu'elle était en lieu sûr et ouvrit la liaison. Aussitôt, un hologramme d'un garde Cyborg dans son armure noire étincelante apparut.

-Diktatrice Eisenhower, ici Wolf-0-1 du Bureau du Diktat. Le Diktat tient à vous informer, vous et M. Thurinus .(La Diktatrice nota l'absence du titre de Thurinus, que Barack avait refusé qu'on lui donne tant qu'il n'aurait pas reconnu le nouveau régime seranien et elle en devint rouge de confusion) qu'il y a un changement à l'horaire. Le Diktat part en ce moment même pour Seranon afin de voir la progression sur la Ligne de Front et pour rencontrer Thurinus. Veuillez lui réserver l'accueil approprié selon les usages. Le bureau de M. Thurinus reçoit en ce moment un message analogue pour l'informer des décisions du Diktat.

Avant qu'Elisabeth ait pu signifier son accord ou quoi que ce soit, l'hologramme disparut. La jeune femme fit un pauvre sourire à Thurinus et prit la parole:

-Et bien, il semble que mon père souhaite vous forcer la main, mais surtout, me rappeler qu'il existe et me surveille. Je suis désolé que le Cyborg n'ait pas utilisé vos titres mais il est actuellement interdit de le prononcer sur Erikea tant que votre régime ne sera pas reconnu par le Diktat. Sinon, pour en revenir à votre invitation, je crois que nous devrions faire quelque chose ce soir. L'arrivée du Diktat va voir celle du BSE, du Cyborg Corps, du SRSE. Bref, quand le Diktat se déplace, c'est rarement seul.

Dans le même temps, un message apparut sur l'écran de l'Empereur

Citation :: Destinateur: Diktat des États-Unis d'Erikea
Destinataire: Empereur de Seranon et d'Eryn
Objet: Confidentiel
Sécurité: Secret Défense

À l'Empereur Thurinus
Veuillez prendre note que le Diktat est en route pour Seranon. Il souhaite vous rencontrer dans les plus brefs délais vu la situation pour le moins explosive sur la ligne de front. Il s'attend à être accueillis avec tous les honneurs dus à un homme de son rang et à une rencontre avec vous dans les plus brefs délais. Il souhaite également que la Diktatrice soit présente lors des rencontres de même que le Marescal du Groupe Seranorum ou son représentant. Également, il souhaite que vous prépariez SeranCity pour une conférence du Pacte de Valen qui aura lieu dans une semaine ou deux

Bureau du Diktat

L'Empereur sourit à la Diktatrice.

- J'espère ne pas vous offenser en disant que votre père manque un peu de diplomatie ? Plus sérieusement, j'ose vous demander de lui conseiller un minimum de respect du protocole, quand il sera là, si nous voulons éviter un incident diplomatique. Je suis disposé à tenter d'apaiser le ressentiment anti-erikean sur Seranon, ce qui n'est pas facile dans la mesure où vous avez soutenu le dirigeant le plus incompétent de notre histoire, mais si en plus le Diktat ne respecte pas notre nation, rien ne sera possible.

Par ailleurs, je serais ravi de vous voir ce soir, mais je crains que sortir à l'Opéra ne soit guère indiqué, et le théâtre étant dans le même bâtiment, j'en doute également. Que proposeriez-vous ?

La Diktatrice prit un air amusé

-Moi, à votre place, je serais flattée. Si le Diktat en est réduit à vous dépouiller de vos titres, c'est parce que votre coup d'état l'a marqué. Et de toute façon, vous verrez que le Diktat n'est pas la brute que la majorité des mondes humains imagine. Il doit vivre avec l'image de brute que lui ont laissé ces prédecesseurs et cela le mine plus que vous le pensez. Mais, le Diktat respectera le protocole seranien ou du moins, les règles principales.

Elisabeth prit une pause et réfléchit sur l'horaire de la soirée avant de répondre simplement:

Pour notre soirée, et bien, nous pourrions diner et ensuite, vous pourriez me faire découvrir un peu la culture seranienne. Je la connais davantage que mes compatriotes mais je suis certaine que vous avez nombre de choses à m'apprendre

L'Empereur plongea son regard dans celui de la jeune femme, un léger sourire, au demeurant aimable, flottant sur ses lèvres :

- Mon expérience en effet m'apprend chaque jour un peu plus qu'il est des Erikeans qui sont tout sauf stupides et brutaux. Toujours est-il que je vous invite à dîner où vous voulez. Enfin, à tout prendre les cuisines impériales sont parmi les meilleures de l'Empire, nous pouvons rester ici au Palais. Nous discuterons de culture seranienne - dont j'ai effectivement constaté que vous maîtrisiez les bases - et des détails de l'organisation de la visite de votre père.

La Diktatrice soutint le regard de Thurinus sans sourciller

-Je suis ravie que vous vous en rendiez compte, Majesté. Et j'oserais dire que les Seraniens, s'ils sont à l'image de Sa Majesté, sont un peuple des plus intelligents, des plus forts et des plus courageux. En ce qui concerne l'organisation de la visite de mon père, il convient de déterminer si vous voulez une cérémonie de Seranon ou si vous souhaitez une cérémonie erikeanne...À moins que nous mettions sur pied une cérémonie personnalisée reflétant nos deux cultures...?

L'Empereur prit un long instant de réflexion, puis répondit en se levant pour arpenter la pièce.

- Eh bien... L'usage voudrait que le cérémonial soit seranien, puisque c'est nous qui accueillons la rencontre. Toutefois, je confesse encore mon ignorance quant aux usages erikeans, et j'ai peur que le Diktat n'en prenne ombrage, alors même que de notre point de vue, l'intégrer à un cérémonial seranien est lui témoigner notre respect.

-Le Diktat n'impose jamais un cérémonial particulier...Toutefois, je sais de source sûre une chose que vous devrez avoir en tête lors de la mise en place de la cérémonie, quelque chose dont je métais entretenu avec le Diktat peu de temps auparavant. Si le Chef d'État d'Erikea a décidé de venir ici plutôt que de vous convier finalement, c'est qu'il a l'intention de vous remettre le Trésor de Seranon. Lors de la prise de Seranon, vous n'êtes pas sans savoir que le Diktat a fait piller nombre de trésors pour Erikea. Et bien, figurez-vous qu'il entend vous en restituez la majeure partie afin de montrer sa bonne volonté. Aussi, il faudra donc permettre au Diktat de défiler avec les coffres du Trésor de Seranon. Sinon, le reste de la cérémonie sera conforme à vos coutumes et j'en transmetterai les formalités au Diktat dès qu'il sera en orbite

Le visage de l'Empereur se crispa un peu : le message que ferait passer le Diktat serait on ne peut plus clair : la puissance que Seranon gagnerait au sein du Pacte de Valen, elle ne la devrait qu'au bon vouloir d'Erikea. Mais, même quand elle est trop salée, l'homme affamé ne crache pas dans la soupe, aussi l'Empereur força-t-il un peu son sourire et déclara :

- Vous transmettrez d'abord mes remerciements au Diktat pour ce geste de générosité, qui je l'espère sera le signe annonciateur de l'apaisement des tensions anti-erikeannes au sein de la société seranienne. Ceci étant dit, nous règlerons les affaires de protocole ultérieurement, je ne pense pas que ce soit à nous de nous en occuper personnellement...

Toujours debout, l'Empereur s'approcha légèrement de la Diktatrice :

- Si vous le permettez, j'aimerais vous offrir l'apéritif dans la salle de réception impériale.

La Diktatrice remarqua la légère crispation de Thurinus. Cependant, elle ne chercha pas à répliquer, se disant qu'elle se devait de laisser l'initiative à Thurinus. Elle accepta l'offre de l'Empereur à passer à l'apéritif et poursuivit en posant à brule-pourpoint

-Empereur, tout à l'heure, vous m'avez demander si un Empire constitutionnel pouvait cotoyer la plus impitoyable des dictatures que l'humanité ait connu mais vous n'avez pas répondu à votre question. Donc, je vous la pose, Empereur Thurinus de Seranon et d'Eryn: croyez-vous que l'Empire de Seranon et d'Eryn puisse vivre aux côtés des États-Unis d'Erikea, en alliés et en égaux? Si vous y croyez, je vais faire tout mon possible pour convaincre mon père le Diktat que cela est bénéfique à nos deux nations. Si vous n'y croyez pas, je vais faire tout mon possible pour vous convaincre puisque votre peuple mérite le retour au statut de puissance galactique qui lui fait défaut depuis 20 ans.

L'Empereur prit le temps de réfléchir, et l'on pouvait sentir que chaque mot de sa réponse était soigneusement pesé :

- Seranon est, plus que nulle autre, la patrie de la tolérance. Cela implique qu'elle supporte mal que quelque puissance lui interdise d'être ce qu'elle veut être, mais cela implique aussi qu'elle ne jugera pas une nation dont le régime politique est différent du sien. Ainsi, Seranon peut tout à fait faire son chemin avec Erikea, à la condition qu'Erikea la traite avec respect. Cela suppose, plus qu'une stricte égalité au sein du Pacte de Valen, qu'Erikea ne semble pas mépriser les seraniens, et... Pour tout vous dire, je crains qu'en rendant son trésor à Seranon, le Diktat fasse passer le message que l'avenir et la puissance de Seranon ne tiennent qu'au bon vouloir d'Erikea. Disons que la cérémonie devra se dérouler de manière soigneusement orchestrée, pour que d'une part Erikea ne semble pas s'excuser d'avoir pris ce qui ne lui revenait pas : elle a vaincu Seranon et de ce fait avait le droit de demander un tribut, mais également que ce n'est pas l'os que l'on donne à un chien. Que c'est un cadeau de paix, et si le Diktat daigne plus tard m'accueillir sur Erikea, je lui apporterai un cadeau semblable, sinon du point de vue de la valeur financière, du moins du point de vue symbolique. L'orgueil seranien a été blessé, et même si cela a au moins eu le mérite de rabaisser la fierté mal placée des tieffelins, cela amène de la part des seraniens une défiance et un ressentiments très importants vis-à-vis de votre peuple. Pour répondre en quelques mots à la question : Seranon peut vivre en alliée fidèle d'Erikea si Erikea vit en alliée fidèle de Seranon, mais la réconciliation ne pourra se faire en quelques heures, et de nombreux signes forts de respect mutuel devront être émis entre nos deux nations. Le rapprochement ne se fera pas en une messe, mais plutôt en une vie. Mais j'ai la ferme conviction que, au lieu de s'affronter, nos nations eussent dû collaborer, et qu'il n'est jamais trop tard pour tenter de réparer ses erreurs.

Mais, dites moi, parlez moi du Diktat. Je sais qu'il est votre père, mais qu'en est-il de sa personnalité ?

-Le Diktat Eisenhower n'est pas mon père. Mon père, Dick Greens, est le prédecesseur de Barack Eisenhower au titre de Diktat des États-Unis d'Erikea. Cependant, son règne a été marqué par la corruption, l'Armée souhaitant prendre le pouvoir pour fonder une junte militaire alors que le Conseil Technocratique voulait se débarasser du Diktat pour remplacer le régime par un régime oligarchique. Pour satisfaire leurs ambitions, ils ont voulu utiliser un jeune officier de marine, Barack Eisenhower. Pour le faire monté Diktat, ils ont fourni de fausses informations qui ont conduit à la Débâcle d'Eryn où la Flotte seranienne a mis en pièce la Flotte erikeanne. C'est là que mon père naturel est mort et que mon père adoptif est devenu plus une machine qu'un homme...à son grand désespoir d'ailleurs. Suite à cela, il est monté Diktat et a compris le danger que représentaient les assassins de Greens. Pour assurer son pouvoir, il a écarté systématiquement toute opposition grâce à la Suprême Inquistion Greens qui a lancé la plus grande purge qu'ait connu l'élite erikeanne depuis l'occupation terrienne. Dans le même temps, il a mis à genoux les armées du Pacte de Seran, accroissant encore son prestige. Si je vous conte cela, Empereur Thurinus, c'est pour vous montrer à quel point le Diktat mon père tient plus de la machine que de l'Homme. Il est froid, calculateur, et ne cède jamais à ses émotions. C'est un nationaliste convaincu qui croit qu'Erikea est la première puissance de l'Espace Connu. Cependant, il admet volontiers une chose: il admet que la Guerre d'Erikea a été une terrible erreur dans laquelle Erikea n'aurait pas dû s'embarquer. Parce qu'aujourd'hui, le Diktat doit revoir toute la politique étrangère d'Erikea et sans vouloir offenser le Diktat mon père, ce n'est pas un réformateur dans l'âme. Il est un réactionnaire convaincu qui croit en ce que Moredino croyait, à savoir que la puissance d'une nation doit être confiée à un seul homme pour le bien de la nation. Et ce qui est bizarre, c'est que malgré cette mentalité, le Diktat me garde comme sucesseur même s'il sait pertinemment que je n'approuve pas toujours ses projets. Je crois que je suis la seule personne qu'aime le Diktat. Il m'a choisi pour des raisons politiques, mais je crois que sa perception a changé. Et je l'aime aussi, croyez-moi. Mais pour le bien du Pacte de Valen, il devrait songer à...(La Diktatrice s'arrêta un court instant. Dire ce qu'elle s'apprêtait à dire pouvait passer pour de la trahison mais elle devait aller au fond de sa pensée. De toute façon, cela permettrait à Élisabeth de connaître la position de l'Empereur vis-à-vis du Diktat...Donc,elle reprit en disant un seul mot) démissionner.

Ce terme fut dit d'un ton lugubre, car pour les Erikeans, le Diktat ne se libérait de sa charge que lorsqu'il mourrait(aucun n'étant mort de vieillesse à l'exception des Moredino père et fils)

-Enfin, bref, vous avez sûrement déja eu contact avec lui du temps de Venator. Après tout, le Chef des Prétoriens devait bien être présent lors des discussions que mon père entretenait avec Venator. Quelle perception en avez vous eu du Diktat...Et soyez honnête je vous en prie. Vous ne serez pas arrêter parce que vous détester le Diktat. Sinon, l'élite erikeanne serait depuis longtemps derrière les cachots, termina-t-elle en souriant

Même s'il ne le montrait presque pas, l'Empereur était très étonné par la liberté de ton de la Diktatrice vis-à-vis de son père adoptif. Aussi se permit-il de répondre en toute franchise :

- Vous avez vous-même assez bien connu Vénator pour savoir qu'il était d'un naturel très méfiant. Il ne m'aimait pas, et ne m'a laissé monter dans la hiérarchie que parce que la base de l'armée me supportait. Mais il savait les divergences de vue qui nous séparaient, si bien que je fus, la plupart du temps, tenu à l'écart de sa personne, cantonné dans des rôles d'administration et de surveillance de membres de la famille impériale, mais je n'ai que très rarement eu l'occasion d'assister à des rencontres diplomatiques, et dans tous les cas, jamais aux tractations confidentielles à l'intérieur de ces appartements. Si bien que, du Diktat, je n'ai eu à peu près que des aperçus sur les pistes d'atterrissage des astroports. Ce que j'en avais retenu était une impression de froideur, mais également de grande intelligence. Quant à le voir démissionner... Cela ne me parait pas son genre, mais vous le connaissez mieux que moi. Comprenez aussi qu'il soit toujours délicat de prendre cette décision : je me demande moi-même parfois si je ne devrais pas, dans l'intérêt de Seranon, démissionner : certes j'ai les compétences diplomatiques et militaires requises pour le poste, mais mon approche économique manque de solides connaissances. Mais une succession n'est jamais facile, encore moins quand elle n'est pas naturelle, et il peut craindre de déstabiliser son régime en agissant de la sorte. Lui au moins a la chance d'avoir quelqu'un qui puisse lui succéder, remarquez. Ce n'est pas mon cas, sinon Marcus Claudius Calvus, mais changer encore une fois de dynastie ne me semble pas très... A propos.

Bref, sauf votre respect, attendez d'être au sommet, tout au sommet, et vous comprendrez les immenses pressions qui s'exercent sur votre père adoptif, qui contrairement à vous, ne peut agir que de son propre chef, ce qui veut dire qu'il est conscient qu'il sera seul responsable de ses échecs.

La Diktatrice eut une moue réprobatrice en entendant le nom de Venator

-Venator...la plus grande erreur que mon père le Ditkat ait jamais commise...Ce vieillard sénile comprenait encore moins les Seraniens que je les comprends...Même mon père le détestait. Il dit que cet imbécile a causé encore plus de problèmes à Erikea que l'Union qui prétend au titre de puissance galactique. Saviez-vous que son seul et unique but était de recréer le modèle d'État erikean? S'il avait réussit, et remercier votre Dieu qu'il ait échouer, vous auriez monté au trône d'une planète entière en révolte...Mais je regrette que vous n'ayez eu que des aperçus du Diktat...il vous aurait été utile de le connaître un tant soit peu pour votre première rencontre. Surtout que lui vous connaît. Venator vous avait fait identifier menace numéro deux, après la Rébellion évidemment. Aussi, le Diktat s'est-il renseigné sur vous. Même que vous l'avez déja rencontré une fois...le Diktat, à cause de son armure, peut très bien passé pour un Cyborg Hell-60. Aussi, il utilisait cet état de fait pour venir discrètement sur Seranon étudier Venator et son entourage en s'intégrant dans ma garde personnelle. Et il s'assurait à chaque fois de parler au responsable de la sécurité, le Préfet du Prétoire, en se présentant comme Colonel Shark-01. Cela a sûrement dû vous frapper puisque de un, les Cyborgs ne s'adresse jamais à personne hormis le Diktat et la Diktatrice. De deux, aucun Cyborg ne porte de grade hormis le Diktat qui est Colonel du Cyborgs Corps. D'où la nomenclature Diktat-Colonel Eisenhower. Les Cyborgs partagent un esprit proche de celui d'une ruche. Eisenhower est la tête, eux sont les bras. Sinon, pour répondre à votre question, le Diktat ne démisionnera pas pour la simple et bonne raison qu'aucun de ses prédecesseurs ne l'a fait et qu'il risque de nuire à l'établissement de mon pouvoir sur Erikea, donc d'affaiblir cette dernière. Les seuls ayant régné en même temps sont les Moredino et depuis ce temps, l'élite est trop déchirée par ces conflits pour pouvoir espérer en revenir au règne d'or des Moredino. Mais ne faites pas l'erreur de croire que ces conflits sont politiques, Empereur. Les Erikeans, je vous l'ai dit, ne sont pas politiciens, ils sont de riches financiers, commerçants et industriels. Donc, ce sont des conflits économiques qui déchirent Erikea. L'élite erikeanne, de peur de se voir réduire au silence par le Diktat, vote dans le même sens que l'Erikean Diktat Industries, à quelques exceptions prêts. Et le Diktat le leur rend en leur laissant leurs entreprises...Et si vous voulez mon avis, je ne veux pas être au sommet d'Erikea, seule à la tête du Pacte de Valen. Ce que je veux, c'est être au sommet d'Erikea mais de disposer d'alliés puissants pour diriger le Pacte...des alliés comme vous, Empereur Thurinus.

L'Empereur se remémora quelques épisodes où, effectivement, un cyborg lui avait parlé. Caius, alors Préfet du Prétoire, n'avait pas fait montre d'une grande amabilité, mais après tout là n'était pas sa tâche à l'époque.

- Effectivement, Vénator était une erreur. Je crains que les Erikeans ne soit aussi incapables de choisir un chef aux Seraniens que je le serais moi même à distinguer que de telle ou telle personne est apte à diriger Erikea. C'est cette incompréhension mutuelle qu'il faudra faire tomber, si nous voulons construire une alliance durable entre nos états, il faut une amitié et une confiance, donc une compréhension, profondes entre nos peuples.

Mais je comprends déjà certaines choses : vous faites de la politique pour augmenter vos profits financiers et économiques, là où nous faisons des profits pour nous lancer en politique. C'est intéressant de voir la hiérarchie des normes en la matière. Seranon est politique : donner tous pouvoirs à un homme ou à un groupe d'hommes en ce domaine revient à en priver les autres, et de ce fait provoque leur profond mécontentement.

La Diktatrice prit un air sérieux

-Vous avez raison en ce qui a trait à la barrière qui sépare nos deux peuples. Erikea ne pourra jamais être démocratique comme Seranon. Elle l'a déja été, mais les Erikeans se sont vite rendus compte que cela les menait au désastre. Banton est alors arrivé et à imposer son pouvoir mais c'était un militaire sans véritable talent pour diriger Erikea. Ensuite, l'opposition erikeano-terrane a obligé les Erikeans a renoncé définitivement à leurs droits politiques pour la survie de l'État et à remettre le pouvoir aux Moredino. Peu à peu, Erikea s'est enfoncé dans le totalitarisme et le capitalisme sauvage. Dans les circonstances, on aurait pu croire que la population se serait révolté, mais le peuple a été éduqué afin de prévenir tout vélléités de rébellion. De sorte, les révolutions et coups d'état viennent toujours du haut, de l'entourage du Diktat. Votre peuple devrait être content de vivre sous votre régime, Empereur Thurinus. Ici, l'individu a une voix, indépendante des autres...sur Erikea, tous parlent d'une même voix et c'est celle du Diktat. Ici, le dirigeant écoute son peuple...sur Erikea, c'est le peuple qui écoute son Diktat. Mais, pour en revenir à cette barrière, je veux vous aider à connaître Erikea. Y a-t-il des choses que vous voulez savoir sur ma planète

L'Empereur sourit, amusé de la question qu'il allait poser :

- Au risque de passer pour un vieux romantique : comment les Erikeans se marient-ils ? Par amour ? Par convention ? Par sélection génétique opérée par l'Etat ? L'approche de l'union des êtres est souvent un manière intéressante d'éclairer une société.

Les mariages sont rarement amoureux sur Erikea. Cependant, l'État n'opère pas de sélection génétique particulière. Les parents arrangent souvent le mariage de leurs enfants. Certains recherchent la pureté du sang erikean. Ainsi, Eisenhower est lié par les liens du sang, à 8 ou 10 familles ayant fourni un Diktat à Erikea. Mais cela ne veut strictement rien dire et il arrive de moins en moins souvent que les parents se mêlent du mariage de leurs enfants. En terme de cérémonial, le protocole est simple puisqu'il consiste à faire approuver son mariage par un supérieur. Et c'est à cause de cette procédure que mon père est célibataire...comme le Diktat est le supérieur de tous, il ne peut faire signer son acte de mariage...Sinon, comment se marient les Seraniens?

L'Empereur sourit : la réponse de la jeune femme ne le surprenait pas.

- Bien, pour comprendre les Seraniens, il faut saisir l'étonnant mélange dont ils sont issus : une culture résolument européenne, très protestante, tournée telle Janus à la fois vers l'avenir et le passé. Le marige en est un exemple parfait : la réunion d'un certain traditionalisme, voire d'un historicisme élevé à un plan quasi-religieux, et en même temps une certaine modernité, et une grande liberalité. La cérémonie en elle même se fait souvent en trois temps : d'abord le passage devant un fonctionnaire qui rend le mariage effectif du point de vue civil, puis une cérémonie religieuse, le plus souvent protestante ou en tous les cas chrétienne, et en dernier lieu une cérémonie familiale, inspirée du cérémonial romain.

Si le mariage de raison se pratique dans les hautes sphères, il reste relativement rare, et le plus souvent on laisse les époux se choisir mutuellement, même s'il est bien rare de voir des personnes de classes sociales radicalement différentes tomber amoureuses l'une de l'autre, en raison avant tout des différences de centre d'intérêt et de culture qui peuvent exister. Du reste, le divorce est relativement courant et accepté puisque même les Églises calviniste, episcopalienne et luthérienne l'acceptent dans certaines mesures.

Puis, après avoir réfléchi quelques instants :

- Pardonnez si ma connaissance de la Constitution erikeanne est imparfaite, mais si ma mémoire est bonne, le Diktat tient son pouvoir du peuple représenté par l'armée. Certes, c'est très illusoire et purement symbolique, mais de ce fait, le Diktat dispose, un peu comme moi d'un "double corps" : l'un, physique, celui de l'individu : Monsieur Barack Eisenhower ou de Son Impériale et Générale Majesté Caius Octavius Thurinus, et l'autre, spirituel : le Diktat en tant que fonction, ou l'Empereur en tant que fonction. A ce titre, le Diktat en tant que fonction ne pourrait-il pas marier le Diktat en tant qu'individu ?

La Diktatrice répondit d'une manière détournée:

-Vous connaissez le dilemne sur la nature du Christ de la religion chrétienne, à savoir s'il était à la fois mortel et divin ou seulement divin. Et bien, le Diktat sur Erikea, n'a qu'une nature, celle de Diktat. Dès le moment où la personne endosse le titre, elle cesse d'être un individu pour devenir Diktat. Partout dans la galaxie, le simple nom Diktat suscite une émotion, positive ou négative, sur toutes les lèvres qui le prononcent et dans toutes les oreilles qui l'entendent. En est-il de même de Banton, des Moredino, de Greens ou d'Eisenhower...Non, Empereur Thurinus, le Diktat spirituel ne pourrait marier le Diktat individu puisque l'un et l'autre sont unis au sein d'une même personne. Le corps du Diktat meurt...l'esprit du Diktat lui survit.

Et vous, Empereur Thurinus...qu'est-ce qui vous empêche de vous marier? Car un Empereur ne devrait-il pas avoir une Impératrice pour régner à ses côtés? Ne sortez pas l'âge, le charisme ou la charge du pouvoir car je vous connais assez pour savoir que tel n'est pas le cas...

L'Empereur sourit à la Diktatrice :

- Deux raisons à cela : avant mon accession au trône, je n'ai pas rencontré de femme qui vaille la peine de plus qu'une liaison, après celui-ci, je dois faire prendre garde de la personne à laquelle j'unis mon sang : il faut qu'elle soit capable de m'aider à régner, et qu'à cela elle ajoute si possible un intérêt politique. Je pourrais me marier avec une fille de famille seranienne plus à droite que je ne le suis, pour les rallier à moi, ou bien chercher dans les familles régnantes étrangères. Mais pour tout vous dire, il manque à beaucoup de ces femmes la capacité à occuper de hautes fonctions : elles ne savent rien faire que de la broderie et des minauderies, ce qui m'insupporte trop pour que je me résigne à partager ma vie avec elle.

-Il est intéressant de constater qu'un souverain aussi ouvert d'esprit que vous peut avoir une idée aussi négative des femmes. Seriez-vous en train de me signifier qu'une femme ne devrait pas gouverner, Empereur Thurinus? Si c'est le cas, eh bien ça serait la première fois où je verrais la société erikeanne plus ouverte que la vôtre, Empereur...Car sur Erikea, plus de 50% des postes à responsabilités sont occupés par des femmes. En fait, le Directoire de mon père compte 128 femmes sur 200 membres, ce qui vous l'avouerez, est tout de même étonnant pour un régime aussi conservateur que la Diktature erikeanne

L'Empereur éclata de rire :

- Excusez moi, je me suis mal exprimé ! Non, je ne pense pas qu'une femme soit forcément inapte à gouverner, ce que je dis, c'est que la plupart des femmes de haute naissance seraniennes le sont, elles. Ce n'est pas un trait féminin, mais les hautes familles, pour beaucoup d'entre elles, ne forment pas leurs filles à la politique, et elles sont pour la plupart cantonnées à la broderie et aux cancans. Ce n'est pas de leur faute, mais elles n'en sont pas moins insupportables. Non, rappelez vous tout de même que, après moi, les deux premiers nobles seraniens, et c'est moi qui ai fait en sorte que ce soit le cas, sont ma soeur et ma mère. Et je ne sous-estimerai jamais Catherine Lejeune, par exemple, et même si je ne la connais pas, je doute qu'ils aient fait de la jeune Appolonia une potiche, même si je la soupçonne d'être capable d'imiter la potiche. Bref, je pense cependant que vous pouvez trouver une société erikeanne plus ouverte que la société seranienne sur ce point, car malgré ma propre ouverture, il y a une certaine misogynie au sommet de la société seranienne. Toutefois, au Sénat, je crois que le nombre de Sénatrice atteint 40% du nombre de sièges, ou quelque chose avoisinant. C'est à cause de cette misogynie que je n'ai pas nommé ma soeur Reine-Servante : elle ne serait pas acceptée. Pourtant, mon frère n'a pas la carrure. Donc il me faut un héritier.

Mais comme je suis susceptible de disparaitre brutalement, il me faut un héritier dont la mère soit capable d'assurer la régence.

-Je vous reconnais bien davantage avec cette ouverture d'esprit, Altesse. Puis-je vous poser une question? Pourquoi gardez-vous la famille Pompei près de vous, sachant que ce sont des Venatoristes convaincus qui n'attendent qu'une chose de vous, soit prendre le pouvoir à votre place?

[ALEXANDRE/MARCUS, DANS UNE OPTIQUE DE NON-METAGAMING, IL SERAIT PREFERABLE QUE TU NE LISES PAS CE MESSAGE, DONT UNE PARTIE TE CONCERNE... ENFIN AU PIRE TU SERAS AU COURANT UN PETIT MOIS AVANT QUE TON PERSO NE LE SOIT, MAIS TU SAURAS AUSSI TOUTES LES IMPLICATIONS QUE J'Y VOIS Razz

]

La question méritait d'être posée, aussi Thurinus dut-il y répondre, et il le fit en toute franchise :

- Je ne suis pas sûr que ma réponse satisfasse la manière de penser erikeanne, mais elle aura le mérite d'être franche : parce que je suis un démocrate. Leur opinion a tout autant que la mienne le droit d'exister. Et Seranon est un état de droit, et ceux qui sont encore en liberté aujourd'hui n'ont commis aucun crime, on ne juge pas les gens en raison de leur famille. Si je les fais exécuter, ou même emprisonner ou exiler, croyez le ou non, ce sont la Rébellion et les Vénatoristes qui en profiteront : les premiers en brandissant cette preuve de mon antidémocratisme, les seconds en en faisant des martyrs à la Cause. Vivants, ils me servent à savoir à quel point leur opinion est dérisoire dans le jeu de la politique nationale, et surtout je peux répondre à leurs arguments. Observez ma réponse au dernier Manifeste de la Rébellion. Je n'ai pas eu à trop pousser mon intellect pour le pondre, mais simplement je devais savoir de quoi les Rebelles m'accusaient pour m'en défendre, et ainsi gagner la seule guerre dont certaines victoires sont plus ou moins définitives : celle des idées. C'est vrai pour les Communistes, les Rebelles républicains et les Fascistes : tant que je les combattrai par les armes seules, il en ressurgira toujours, sous une forme ou sous une autre. Ce qu'il me faut, c'est tuer leur idéologie révolutionnaire.

Non, dans le cadre seranien, votre question eût été bien plus pertinente concernant Marcus Claudius Calvus, qui eût fait le coup d'état que j'ai accompli si je ne l'avais pris de vitesse, et ça ne s'est joué qu'à quelques jours de décalage. Il était prêt en même temps que moi, peut-être même avant, mais j'ai eu l'occasion plus tôt que lui. Il pourrait encore, aujourd'hui. Avec plus de difficulté, mais il pourrait. Enfin, du moins, il pourrait tenter, avec des chances de succès voisinant une sur deux. Mais je vais vous faire une confidence : j'ai besoin de lui. Non pour gouverner ou régner, dans ces deux cas il me handicape. Mais pour me remplacer si je meurs trop tôt. Seranon ne saurait en aucun cas tomber aux mains de mon frère, et comme je vous le disais, ma soeur ne serait pas acceptée. A cet effet, mais il ne le sait pas encore, je crains de devoir enfreindre les règles du mariage seranien et en arranger un entre ma soeur et cet homme deux fois vieux comme elle, et à vrai dire moins bien conservé que moi. Du reste, s'il entre dans la famille, sa légitimité sera renforcée, certes, mais en revanche il ne pourra guère se permettre un putsch, puisque ce serait pure et simple trahison. Mais il doit d'abord devenir Consul, afin que l'on ne m'accuse pas de placer ma famille. Et je vais sembler m'opposer à lui et favoriser Monsieur Boole, et m'opposer publiquement au mariage, pour que l'on soit persuadé qu'il se fait en dépit de ma volonté. Là est la difficulté de la démocratie : il faut parfois dire A quand on souhaite B. Mais alors, la politique forme à la diplomatie, c'est un avantage.

» Appartement de Son Altesse Royale Alicja Jastrzebiec-Marzemski