Appartement public de l'Empereur

-J'avoue que la démocratie reste trop obscure pour une Erikeanne comme moi. Cependant, M. Calvus me semble un bon choix, enfin d'après ce que le BSE sait sur lui, c'est-à-dire pas grand chose. Quant aux Pompei, vous n'avez jamais songé à mettre à jour leurs liens avec les Venatoristes. Le Peuple, las d'avoir peur, las d'être à la merci de terroristes, jugerait, ce qui ne mettrait pas en cause votre Auguste Personne et cela montrerait votre démocratisme. Laissez le pouvoir à votre Peuple de faire ce qu'une seule personne, si Auguste soit-elle, ne peut faire seule sans se perdre...

L'Empereur afficha un large sourire :

- Ne le prenez surtout pas mal, mais je crains que vous ne saisissiez pas l'essence de la démocratie. La démocratie n'est pas que la volonté de la masse. Ou alors c'est une démocratie brouillonne. Pour qu'une démocratie marche, il faut que chacun, ou du moins presque chacun, se sente respecté et protégé par elle, même ceux qui son en désaccord avec elle, sans quoi même ceux qui sont en accord avec elle, à un moment donné, craignent d'entrer en désaccord le lendemain et de se voir livrés à la vindicte du peuple. Donc, ils fuient la démocratie. Les liens entre les Pompeii et les Vénatoristes sont connus de tous. Le peuple veut déjà la peau des Pompeii. Non, je dois protéger les Pompeii, et ils sont sous escorte policière permanente, sans quoi ils ne survivraient pas longtemps. Notez que cela n'est pas sans présenter quelques avantages : d'une part en les protégeant je les surveille, d'autre part, quoi de plus humiliant pour eux que de devoir leur survie à celui qu'ils exècrent le plus ?

Enfin, j'ajoute qu'ils ne sont pas si dangereux qu'ils le croient et le font croire. L'armée ne les suit pas - l'armée m'adore, surtout les Prétoriens, qui sont les seules personnes autorisées à porter des armes létales dans la ville de Seran. Enfin, les seules avec les soldats erikeans, puisque votre père n'a, je crois, pas jugé bon de suivre cette loi seranienne multicentenaire. Bien sûr, ils financent les Ligues, mais j'ose croire que les autres financements desdites Ligues vont faiblir, et que le financement des quelques familles seraniennes vénatoristes ne sera plus guère très conséquent. Et leurs fonds ne sont pas infinis : ils faiblissent. A ce rythme, dans trois, quatre ans, les Pompeii qui sont les principaux mécènes du crime vénatoriste seront totalement ruinés, et n'auront plu guère de ressource que leurs titres. Voyez vous, les Pompeii sont finis, même s'ils ne le savent pas encore. Même si les services de renseignement de toute la galaxie l'ignorent encore. Quelqu'un qui est rompu au mode de pensée seranien le sait, et même leurs fidèles commencent à les quitter comme les rats fuient un navire qui a une voie d'eau. Je réitère : le seul danger intérieur, c'est Marcus Claudius Calvus. Même la Rébellion ne saurait durer.

-Votre obsession à l'égard de Monsieur Calvus est intéressant. Vous le craignez pourquoi exactement. Parce qu'il a déja eu des pensées révolutionnaires comme vous en avez eu? Vous avez peur qu'il se serve des voies légales pour établir une nouvelle dictature, comme le fit autrefois Enrico Moredino? Je dois avouer très sincèrement que je ne connais que peu l'homme qu'est Monsieur Calvus, mais j'apprécierais le connaître. Qui est ce Monsieur Calvus qui fait si peur à Sa Majesté Impériale et pourquoi le craint-elle encore plus que les foudres d'Erikea, que les pas cadencés de la Révolution Rouge qui foulent le sol erynien, que les bombes des Ligues Venatoristes ou que la lutte fratricide contre une Rébellion qui n'a plus sa raison d'être?

L'Empereur sourit :

- Notez bien que je ne l'ai pas placé au dessus d'Erikea dans l'ordre des dangers. J'ai dit qu'il était le seul danger intérieur. Parce que la Rebellion, les Communistes et les Venatoristes sont, en somme, des gens simples et assez prévisibles. Oui, ils mettent ma vie personnelle en danger et j'en suis conscient, mais à terme, pour peu que j'aie un successeur un tant soit peu compétent, tous s'épuiseront. Non, monsieur Claudius Calvus a ceci de particulier qu'il est, avec moi, le seul sur Seranon qui soit capable de gouverner Seranon aussi bien qu'elle le mérite. Et qu'il le sait. Il est le seul qui sache dissimuler ses intentions, si bien que je ne suis pas sûr qu'il ne fomente pas, en ce moment même, un coup d'Etat, mais la différence est que lui le réussirait. Il ne toucherait pas d'un poil aux institutions, mais il a une différence fondamentale par rapport à moi : il n'a pas de famille. Il n'espère pas de postérité, si bien que là où je construis pour l'avenir, je crains qu'il ne jouisse pour le présent. J'essaye de préparer Seranon à la médiocrité, de la doter d'institutions et d'une mentalité qui lui permettent, malgré un chef voire une classe politique de piètre qualité de réussir à se maintenir à son rang parmi les nations, si bien que chaque grand chef n'ait pas à reconstruire ce que ses prédécesseurs auront détruit, mais puisse rajouter une pierre à la tour de Babel.

Lui, je crains qu'il ne se contente de faire vivre une période faste à Seranon, mais qu'après lui, le déluge. Bien sûr, les gens garderont de lui le souvenir d'un grand chef, ne voyant pas ce qu'il aurait pu faire. Mais le pire est que, à l'heure actuelle, il reste ce qu'il y a de mieux, après moi, si l'on veut rester réaliste. Ma dernière grande œuvre, et j'espère qu'elle sera tardive, devra être ma succession, et elle devra être la plus grande de tous. Pour qu'un système politique s'installe, il faut au minimum passer deux chefs d'Etat. Le premier le fonde, le système s'adapte à lui. Le second s'il est mauvais ne s'adapte pas au système, et celui(ci sombre. S'il est médiocre, et que le système est bien conçu, il poursuit sur la lancée du premier, et s'adapte au système, de sorte que son successeur, même mauvais, a un exemple et sait s'adapter. Si le second est brillant, le système continue de s'adapter, mais alors la problématique est la même pour le troisième. Ainsi, idéalement et si l'on se contente de ce résumé, je dois chercher un successeur médiocre, ce en quoi Cnaeus suffit largement.

Mais mon problème est que je construis sans même avoir de fondations stable, pire, j'ai d'abord tout un édifice branlant à démonter sans casser la moindre pierre puisque ce sont les matériaux que je devrais utiliser pour reconstruire. Ma tâche est titanesque, et je n'y réussirai pas si je ne vis pas jusqu'à ma mort naturelle - qui devrait intervenir, dans la mesure où je suis Tieffelin et ai une excellente hygiène de vie, dans environ quatre-vingts ans. Donc, mon successeur, et peut-être même le sien, devront être brillants. Pas forcément le prochaine Empereur, comprenez moi bien, du moment qu'un Empereur médiocre a une éminence grise brillante, il semble brillant. Et, idéalement, j'aimerais commencer par bâtir ma société sur un terrain solide, c'est à dire sans guerre civile, en paix avec ses alliés, et avec des alliés susceptibles de l'aider sans forcément chercher de contrepartie immédiate. Et, toujours idéalement, en paix avec le reste de la Galaxie, ce qui sous-entend également que les autres puissances respectent Seranon et craignent de s'attaquer à ses intérêts.

En bref, je dois tout mener de front. Je me dis parfois que je préfèrerais être Rebelle, au moins je pourrais rêver encore.

Puis il plongea son regard dans celui de son interlocutrice :

- Toutefois je dois reconnaître que le poste d'Empereur présente quelques agréments qu'un général Rebelle n'aurait pas...

La Diktatrice eut un sourire de compassion

-On croirait entendre Enrico Moredino...Vous êtes dignes de sa carrure, Empereur Thurinus. Et je vous souhaite autant de succès que lui en a eu. C'est là qu'on reconnait les grands hommes. Seranon a de la chance de vous avoir comme Empereur. Mais, la Guerre Civile ne s'achèvera pas aujourd'hui. Et je comprends les tensions que vous affrontez. Mais je me suis égarée, je devais vous faire connaitre la société erikeanne. Vouliez-vous connaitre autre chose de mon peuple, Empereur?

L'Empereur chercha ses mots un court instant avant de demander :

- Quelles sont les loisirs des élites ? Je veux dire : je ne suis pas sûr que les masses en aient, et de toute façon elles varient peu d'un pays à l'autre...

-Les loisirs des élites? Les casinos. Les élites erikeannes, dans leur goût pour l'appât du gain, jouent énormément. Certains ont bâtis leur fortune sur le jeu. Également, les Erikeans de la haute société sont de fervents amateurs de l'Arena bien qu'ils ne puissent y prendre part. Cependant, avec le temps, presque chaque Erikean de l'Élite en est venue à posséder ses équipes de combattants. Cependant, la culture n'est pas particulièrement prisé par mon peuple. Les Erikeans voient cela comme une dépense inutile de temps. Malgré tout, la pratique de parades militaires et de cérémonies est chose courante pour les Élites souhaitant montrer leur pouvoir. Mais cela est mal vu à la fois par le Diktat - qui organise fréquemment ses propres parades, les plus grandioses pour ne rien vous cacher - et par le Haut Commandement qui considère que la gloire d'Erikea leur revient à eux plutôt qu'aux Princes Technocrates. Cela est typique de la division erikeanne où l'on voit deux tendances s'affronter, pour le grand plaisir du Diktat qui peut manoeuvrer à sa guise en divisant pour mieux régner. Il y a tout d'abord les Greenistes, partisans d'une décentralisation de la Diktature dans le but de former une Oligarchie. De l'autre part, il y a les militaires, partisans d'un renforcement du Diktat et la suppression des organes gouvernementaux du Conseil Technocratique et du Directoire. Mais globalement, les Erikeans ont peu de loisirs. La société est plutôt spartiate et accepte mal la pratique de loisirs puisque cela, selon la mentalité erikeanne, amène à l'oisiveté. Et quels sont les loisirs d'un noble seranien?

Un mince sourire flottait sur les lèvres de l'Empereur lorsqu'il répondit :

- En somme : l'inverse de ce que vous venez de décrire. Enfin, pas exactement l'inverse, mais ça s'en approche. D'abord des loisirs culturels : opéra, théâtre, cinéma d'auteur, lectures publiques. Mais les seraniens aiment aussi discuter entre eux : culture, philosophie et politique règnent en maîtres dans les discussions des nombreux salons qui se tiennent chaque soir à Seran et partout ailleurs sur la planète. Et bien sûr un grand nombre de nobles et de bourgeois se piquent d'être eux-mêmes des artistes, et non contents de parler de musique ou de théâtre, ils en écrivent. Pas forcément sans talent, d'ailleurs. Par ailleurs, Seranon a aussi une certaine tradition militaire, et les élites sont assez nombreuses à rejoindre l'armée comme gradés, et même si ce n'est pas un loisir, il est toujours bon pour la carrière en société d'avoir participé à quelque illustre bataille, ou bien à une toute petite escarmouche que l'on fait semblant de tenir pour un triomphe. Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai moi-même débuté de la sorte.

La discussion s'éternisa encore un certain temps, les deux interlocuteurs dînèrent et continuèrent à discuter plus avant dans la soirée, mais à la fin, l'Empereur ayant ramené la discussion sur les coutumes amoureuses, demanda :

- J'ai peur de m'avancer quelque peu, Ma Dame, mais je souhaiterais savoir quelque chose : si demain je vous demandais en mariage, aurais-je mes chances selon les critères seraniens ? Et erikeans ? Car voyez-vous, selon ces deux ensembles de critères, je dois confesser que vous auriez toutes les chances de recevoir cette demande de ma part.

[HJ : en effet, j'aimerais bien libérer un peu mon PJ quand même Very Happy

]

La Diktatrice prit plaisir à la conversation mais la proposition de mariage la prit par surprise. Elle prit le temps de réfléchir.

-Il va sans dire que, du point de vue erikean comme du point de vue seranien, cela représenterait une victoire diplomatique sans commune mesure et confirmerait à nos adversaires politiques la volonté de faire du Pacte et de ces mondes une union où les dissensions internes ne menacent pas en permanence. Le Diktat serait sans doute ravie de me faire Impératrice mais il buterait sur un point...Je suis la Diktatrice: pour les Erikeans, si je me fais couronner seulement par les Seraniens, il peut s'agir d'une offense puisque marquant votre supériorité sur le numéro deux d'Erikea. Aussi, si j'accepte l'idée de me fiancer, vous devrez être nommé Diktateur d'Erikea. Ainsi, l'Empereur sera nommé par Erikea et la Diktatrice, par Seranon. Cela sera la seule condition des États-Unis d'Erikea. Cependant, du point de vue seranien, je dois avouer que j'ignore les critères en vogtue dans votre société

hj: je te comprends...moi je dois libérer Élizabeth pour organiser le CEES à cause de la reddition rebelle, pour organiser l'arrivée du Diktat, bref, Elizabeth a du pain sur la planche devant elle

L'Empereur marqua son approbation, et se leva :

- Je comprends tout à fait. Mais, puisque nous ne sommes pas encore fiancés, permettez que je vous raccompagne chastement jusqu'à vos appartements. J'espère que j'aurai le plaisir de vous voir lorsque le Diktat rendra visite à Seranon.

-J'ai été très contente de vous rencontrer, Empereur Thurinus. Moi aussi j'espère vous rencontrer à nouveau, peut-être en tant que fiancée. Mais, pour l'instant, je dois rentrée sur Erikea. Mon père m'a libérée de mes engagements envers votre peuple. Je dois retourner dès lors auprès du mien.

Lorsque la Diktatrice sortit du bureau en compagnie de l'Empereur, quatre Gardes Cyborg encadrèrent l'Empereur et la Diktatrice. Les Prétoriens, pour ne pas être en reste, prirent la même formation. Protégés par leur garde respective, Elizabeth se fit escortée par Thurinus jusqu'au hangar du Palais Impérial où un Transport Ragnarok, modifié pour le Transport de Diplomates, l'attendait. Là, elle salua l'Empereur selon les normes seraniennes avant d'embarquer dans le Tranport. Puis, avant que les lourdes portes blindées se referment, la Diktatrice lança un sourire éclatant à l'Empereur en lui disant:

-Prenez soin de vous, Empereur. J'espère vous revoir sous peu...

Puis, les portes se refermèrent et la Diktatrice retourna enfin chez elle. Bientôt, elle gouvernerait dans l'ombre du Diktat son père.

Quelques jours plus tard, l'Empereur fit publier le document suivant :

Citation :: Lettre patente du 10 juillet 2752

Son Impériale, Générale et Auguste Majesté l'Empereur-Général des Seraniens et des Eryniens, Caius Octavius Thurinus, Tête du corps des Préfets, Préfet du Prétoire, Premier parmi les Nobles, à tous ceux qui présente verront, salut,

Pour les remercier des multiples services rendus durant la guerre civile seranienne, leur fidélité et le concours sans réserve qu'ils ont apporté à la résolution de la crise dans laquelle se trouvait l'Empire, Sa Majesté Générale et Impériale décrète :

- que Son Excellence le Diktat Barack Eisenhower a le titre de Grand-Duc d'Empire, assorti du prédicat de Grâce
- que Son Excellence l'Assesseur à la Défense, le Grand-Duc Petrus Feodoronus Derinus, voit son titre assorti du prédicat de Grâce
- que Son Excellence la Diktatrice Elizabeth Greens Eisenhower a le titre de Marquise d'Empire
- que le Marescal Lucius Verrus a titre de Duc d'Empire
[...]
- que Monsieur Marcus Claudius Calvus a titre de Chevalier d'Empire
[... une liste importante suit...]

Si les intéressés acceptent leurs titres et prédicats, ils sont invités à le faire savoir au Palais Impérial qui leur fera en retour parvenir leurs brevets attestant desdits titres et prédicats.

Caius Octavius Thurinus, Empereur-Général des Seraniens et des Eryniens, Premier des Nobles

Fait à Seran le 10 juillet 2752

Une brève missive du Bureau du Diktat vinrent confirmer que la Diktatrice et lui acceptaient les titres avec tout l'honneur qui s'imposait

La veille du début de la Conférence de Seran, l'Empereur avait convoqué Marcus Claudius Calvus dans son bureau. Celui ci fut accueilli avec calme et simplicité, et lorsque les deux hommes furent assis, l'Empereur entama la conversation :

- Eh bien, Sire, maintenant que vous êtes l'un des plus hauts aristocrates de l'Empire, je pense que nous pouvons nous passer de la plus grosse part des mondanités. A moins que nous ne devions en rajouter ? Toujours est-il que j'ai là vos ordres de mission officiels, ceux qui seront communiqués au Parlement.

L'Empereur tendit un dossier contenant une foule de détails techniques sur les diverses unités composant la part de l'armée mise à la disposition de Marcus, des données sur Tiléa, aussi bien du point de vue politique, culturel, que simplement géographique. En première page se trouvait une lettre manuscrite de l'Empereur qui résumait la mission de Marcus :

Citation :: De : Seranorum Erynorumque Sui Caesarei et Imperatorii et Augusti Majestatis Caesaris-Imperatoris Caii Octavii Thurini, Principis Praefectorae, Praefecti Praetorio, Primi inter Nobiles
Ad : Suam Regiam Gratiam Marcum Claudium Calvum, Tileae Proconsularem Subregulum
Materia : Provinciae jussi subregales

Sire,

vos ordres de missions sont les suivants, soumis bien entendu aux impératifs contingents :

- mener à bien une étude sur l'espèce insectoïde hostile qui peuple Tiléa et si possible l'exterminer s'il s'avère qu'elle n'est pas dotée d'entendement, sinon tenter de la soumettre à l'Empire, et la combattre si elle s'y refuse ;
- pacifier la planète et l'espace national, notamment en purgeant la population de ses meneurs pirates, les membres d'équipage devant recevoir de votre part une certaine clémence laissée à votre libre discrétion ;
- assurer le maintien de l'ordre dans la région en faisant si besoin pressions sur les petits états environnants (veillez en priorité à la cessation de toute activité de piraterie de grande envergure) ;
- encourager le développement économique et démographique de la Région provinciale autonome par tous les moyens qui vous sembleront appropriés ;
- ancrer Seranon à Tiléa notamment par des programmes d'éducation civique auprès de la population ;

pour cela
- l'Empire vous accorde une dotation financière ponctuelle de 5 milliards de crédits et d'une aide régulière substantielle qui sera définie selon vos besoins ;
- Je créée et affecte sur Tilea le Groupe d'armée Tileae que vous dirigerez en Mon nom comme Mon représentant au sein de la Région provinciale autonome. Sa composition est indiquée dans le dossier ci-joint.

Daignez agréer, Sire, l'assurance de ma très haute et très profonde considération,

Caius Octavius Thurinus.

Lorsque Marcus eut lu la lettre et parcouru le dossier, l'Empereur ajouta :

- D'autres ordres, qui ne concernent guère le Parlement puisqu'il s'agira de l'action que vous devrez mener comme mon représentant personnel, vous serons communiqués ultérieurement et plus discrètement. Naturellement, vous ne nierez pas l'évidence si on les sait : cela ne ferait qu'agraver les choses. Néanmoins, faites en sorte qu'ils soient ignorés du plus grand nombre possible.

Marcus lu la première page et le reste en diagonal, l'idée générale était assez évidente.

-Soyez assuré, Sire, de ma discrétion quant à ces ordres. Je partirai pour Tiléa dès que les différents détails concernant ma précédente affectation auront été réglés.

L'Empire de Seranon sera la lumière au milieu des ténèbres.

Marcus s'inclina, se plia aux formalités d'usage et sorti, autant ne pas en rajouter comme disait si bien Sa Majesté, et les vraies consignes arriveraient plus tard...

Dans le cadre du séjour prolongé de la Reine de Skeïb suite à la Conférence de Seran, l'Empereur invita celle-ci et le Ministre des Affaires étrangères de Skeïb à discuter avec lui, la Ministre Anthonia Merger, et le Prince-Servant au titre de conseiller diplomatique personnel de l'Empereur. Quand chacun fut présent, l'Empereur prit la parole :

- Madame, Monsieur, je vous remercie d'avoir répondu favorablement à mon invitation. En effet nous avions évoqué lors de la Conférence la possibilité de mettre en place un partenariat plus poussé entre nos nations. Loin de faire fi des rancunes passées, j'entends ici les réparer. Je pense que nos deux nations ont tout pour s'entendre, et sur bien des domaines. Aussi, j'entends vous proposer une coopération très ambitieuse : commerciale, économique, stratégique et militaire, mais sans ignorer la culture, ni même l'éducation.

Pour les accords commerciaux, je suis très intéressé par les produits alimentaires skeïbiens, et je ne doute pas que Seranon produise quelque chose qui puisse intéresser votre nation. En ce qui concerne les accords stratégiques et culturels, je ne me suis permis d'élaborer aucun espoir sans avoir votre assentiment de principe.

Son Altesse s'assit quand l'Empereur l'invita à le faire. A ses côtés, le Secrétaire aux Relations Extérieures suivit son exemple. Malgré le caractère officiel de la réunion, la jeune aristocrate avait décidé de porter une tenue plus "décontractée" que ne voulait le protocole skeïbien en cette circonstance. Elle avait donc décidé de porter une robe classique (Selon les standards skeïbiens) laissant dévoilée une partie de son épaule droite. Elle ne portait aucun des attributs royaux, comme la couronne du Faucon ou le saphir "Oeil d'Azur". Elle décida de conserver uniquement la chevalière ornée des armoiries de la Maison Royale.

S'installant confortablement dans le fauteuil de l'appartement, la jeune aristocrate écouta attentivement les propos de l'homme politique seranien. Quand il termina, cette dernière prit la parole et elle ajouta à suite des propos:

"C'est nous qui devrions vous remerciez, Votre Altesse Impériale, d'avoir proposer une telle réunion entre nos différents gouvernements. J'espère, personnellement, que cela permettra d'améliorer nos relations, malgré des différents tant sur le plan politique, moral ou culturel. Mais je ne peux m'avancer sur certains des points que vous nous avez avancer. Je suis pas le représentant légal de la République Royale. Mais je pense que Monsieur Drda sera peut-être la meilleure personne à servir d'intermédiaire. Je ne peux y participer qu'étant observateur ou spécialiste dans certains domaines."

"Néanmoins, Mon Gouvernement accepte que la Reine puisse prendre une part importante dans les négociations avec l'Empire. Ajouta le membre du gouvernement skeïbien. C'est une volonté du Président Solganov. Et cette démarche est soutenue par une partie de la Chambre basse, comme de la Chambre haute du Parlement. Concernant les différents domaines qe vous avez cité, la République est près à ouvrir ses frontières pour les biens seraniens. Même si l'est déjà depuis quelques années. Nous serions prêt d'ailleur à augmenter les quantités des denrées alimentaires que nous exportons vers Seranon... Concernant le volet militaire, je n'ai pas l'ensemble des détails car cela est toujours en négociation avec nos parlementaires. Mais notre Gouvernement a l'intention d'acheter plusieurs de vos navires, en plus de demander la conception d'un navire propre à nos besoins. D'ailleurs il est prévu de demander une formation accélérée aux différents équipages de ces navires par les forces armées seraniennes.... Pour le moment c'est tout ce que nous voyions.... Est-ce que le Gouvernement seranien voit une autre piste à explorer?

L'Empereur prit le temps de réfléchir. Il consulta son frère et sa Ministre du regard, puis s'exprima :

- Bien... Je me propose également de vous vendre un peu des métaux rares seraniens qui peuvent vous manquer. En matière militaire et stratégique, les propositions que vous faites sont tout à fait réalistes, mais donneront bien entendu lieu à une compensation. La contrepartie que je vous propose me semble là aussi tout à fait raisonnable : la possibilité de stocker des réserves de carburants sur le sol de skeïb, et l'autorisation de stationner dans votre orbite une flotte équivalent à, disons, deux flottes seraniennes, et une station spatiale armée pouvant abriter environ une demi-armée seranienne. J'ajoute que cela vous serait utile en cas de troubles sur Mazaharpet puisque l'Empire serait facilement amené à prendre partie pour votre gouvernement.

J'ajoute qu'il faudrait veiller à ne pas négliger la coopération culturelle, qui si elle est celle qui mettra le plus de temps à porter ses fruits, me semble tout aussi capitale que les autres, sinon plus. Dans ce domaine, je proposerais un système d'échanges scolaires : soit dans le secondaire, soit dans le supérieur, nous pourrions faciliter et encourager la mobilité des étudiants. Sans parler encore de programmes communs, nous pourrions envisager l'établissement d'un socle minimum de connaissanes à enseigner dans chaque pays sur la culture de l'autre.

Son Altesse resta silencieuse, quand le Secrétaires aux Relations Extérieures reprit la parole:

"Sur la question d'un stationnement d'éléments de la flotte seranienne... Vous devrez en discuter avec les autres partenaires du Système Mazahar... Nous ne pouvons, à nous seul, autoriser le déploiement d'une telle force. Même en vertu des accords du nouveau Pacte... La question sur la répartition de l'espace mazaharpiote est encore un problème d'actualité! Je ne peux que vous conseillez d'en parler avec le gouvernement erikean et les différents gouvernements du système. Nous pourrions peut-être autoriser le stationnement d'unités sur notre territoire. Mais là encore, les réactions pourraient être vives, notamment de Valia!

Concernant des échanges culturels, je pense que cela pourrait être plus qu'envisageable! Voir même la mise en place de programme commun. Je pense que Monsieur..."

"Néanmoins, Votre Altesse impériale doit comprendre que certains cours skeïbiens sont très archaïques." Coupa Son Altesse Royale. "Notre système éducatif a toujours privilégié la formation d'hommes et de femmes servant la République et ses institutions. Ainsi les cours d'éducations civiques et physiques sont privilégiés. Il faut ajouter les matières scientifiques appliqués et certaines matières littéraires, comme l'Histoire ou le skeïbien. L'accès à d'autres formes de cours ne peut se faire qu'à partir du cycle universitaire, voir avant par l'accès de certaines diplômes ou classes préparatoires. Mais je pense que votre idée serait un excellent moyen d'ouverture pour les skeïbiens, comme pour les seraniens. Après certaines modalités devront être régler par les ministères ou secrétariats concernés. Mais je pense que la Famille Royale pourra participer activement à ces échanges, notamment par la donation de bourses aux étudiants skeïbiens, voir seraniens!"

L'Empereur se permit un sourire :

- Etant donné que j'ai récemment accédé au rang de numéro 3 du régime erikean, je pense que l'accord de ce gouvernement ne devrait guère poser trop de problèmes.

Désormais, le Diktat a tout intérêt à laisser croitre la puissance seranienne, car son petit-fils règnera sur ce pays, et la stabilité du régime seranien sera en partie tributaire de la réussite de sa politique générale. Croyez moi, ça ne posera aucun problème. Et si Erikea me rejoint, je doute que Valia se risque à s'opposer à nous, et dans ce cas nous prendrons... Toutes les mesures qui s'imposeront. Pour ce qui est de la coopération culturelle, je n'entends pas révolutionner le système d'éducation skeïbien, ni celui de Seranon. Simplement, je pense important que les seraniens aient quelques notions quant à la culture et la langue de Skeïb, et réciproquement. Ce n'est pas un phénomène d'acculturation que je vise, simplement d'échange culturel, et plus cet échange a lieu tôt dans la vie d'un individu, plus il est fructueux. Pour ce quiest des bourses, je propose personnellement à Son Altesse que nous créions un fond commun alimenté à parts égales par la Maison Impériale et par la Famille Royale de Skeïb, ce qui évitera qu'un étudiant cherchant à faire un voyage dans un sens ou dans l'autre se pose de multiples questions quant à savoir de quel pays il doit espérer les subsides. Si nous sommes d'accord sur ces points, je pense que nous pouvons laisser aux secrétariats et ministères la joie de mettre en place les modalités.

"En effet, Votre Altesse Impériale! J'adhère à votre proposition de bourses communes. Quant à la gestion de cette bourse, je pense que nous devrons la confier à un organisme regroupant nos deux institutions! Après pour les modalités d'échanges et de mise en communs des cours, je pense que le Secrétariat skeïbien à l'Education se fera une joie d'établir un programme assez rapidement pour l'adresser à vos services!

"Oui, Votre Altesse Royale, Reprit le politicien. Je pense que nous pouvons mettre rapidement en place un échange pour les prochains mois! D'ailleurs, notre Gouvernement voudrait s'entretenir aussi pour l'acquisition de navires marchands. Nous avons l'intention de créer une flotte de marchandes pour avoir une base de personnel spatial, en plus de forces armées. Est-ce que les chantiers seraniens peuvent nous fournir une vingtaine de navires de tonnages importants, en plus de quelques navires trans-orbitaux pour les déplacements atmosphérique-espace!"

L'Empereur se permit un sourire :

- Dans la mesure où Seranon est à la quatrième place galactique en matière de capacités de production spatiales, derrière les Trois Grands, je pense donc que nous pourrons satisfaire vos besoins, d'autant qu'en ce moment l'Empire ne l'exploite même pas pour lui même. Je pense que nous pouvons nous permettre un tir groupé, et inclure la livraison desdits navires dans le traité qui commence à se dessiner entre nos nations. Je propose que nous laissions à une commission mixte le soin d'en rédiger une première ébauche d'après les axes définis ici, autour de laquelle nous pourrons ensuite négocier.

- Vous avez raison, Votre Altesse Impériale! Nous donnerons les différents détails concernant les navires quand nous auront défini une ligne budgétaire précise. Après, je pense que mon Gouvernement n'a plus de demandes ou de propositions à faire...
-Alors je pense que nous en avons terminé, n'est-ce pas, Votre Altesse Impériale? Ajouta la jeune aristocrate, en jetant un regard malicieux, à l'intention de l'aristocrate seranien

Le seranien acquiesça :

- Je partage votre analyse. Ceci étant dit, je vous avais je crois promis une visite de Seran. Malheureusement, je suis en ce moment assez pris par mes fonctions, mais Son Altesse le Prince-Servant m'informait récemment qu'il était tout disposé à me suppléer avec plaisir dans cette tâche. Aussi, bien que j'eusse pris grand plaisir à vous accompagner, et que je le ferai si vous insistiez, je vous propose d'accepter l'aimable invitation de mon frère si cela ne vous incommode pas en lieu et place de la mienne, et si vous le permettez, Son Altesse le Prince souhaiterait effectuer ce tour de la ville de suite.

- Cela sera avec joie! Je me ferais un plaisir de laisser le Prince-Servant me guider à travers les rues de la capitale! Monsieur le Secretaire, je vous laisse gérer les différents retours auprès de Monsieur Solgonov et de votre Gouvernement. Si vous pouviez signaler à la Maison Royale que je serais indisponible, le temps de visiter la capitale, cela m'éviterais d'avoir à expliquer les raisons aux membres du Herb!
- Bien sûr, Votre Altesse! Vous pouvez compter sur moi. Affirma le politicien.
- Merci beaucoup! Ajouta l'aristocrate, en souriant.

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